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La République des Lettres

Gustave Flaubert

Gustave Flaubert

Biographie : qui est Gustave Flaubert ?

Par René Dumesnil, dernière édition le jeudi 11 août 2011.

Écrivain français, Gustave Flaubert est né à Rouen le 21 décembre 1821.
On a dit de Flaubert qu'il fut un trait d'union entre deux époques, ou encore un confluent où vinrent s'unir les courants romantique et réaliste. Ses oeuvres, en effet, par leur lyrisme, doivent quelque chose aux poètes de La Muse française et du Cénacle qu'il admira si fort en sa jeunesse; mais, plus encore, elles prolongent, sans limite d'aucune sorte, le roman tels que le conçurent Stendhal, mort en 1842, et Balzac, disparu en 1850, bien avant que Flaubert ait imprimé son premier livre.
Fils d'un Champenois et d'une Normande, Gustave Flaubert joint en lui les traits des deux races; au physique il est un pur Viking: il en a la taille haute, le regard, l'opiniâtreté et l'esprit d'indépendance. Mais il doit à son père, professeur de clinique et chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen, après avoir été un des plus brillants élèves de Dupuytren, sa méthode d'analyse scrupuleuse, sa précision scientifique. Il rechercha, en clinicien, la vérité sous les faux-semblants; il la décrira avec une objectivité qui lui sera reprochée comme si elle était une marque d'insensibilité, alors qu'il conservera toute la vie un coeur d'ingénu.
Il a grandi dans un hôpital, joué, enfant, dans un petit jardin, sous les fenêtres d'un amphithéâtre d'anatomie. Il a connu la souffrance et la mort dès ses premières années. Mais la mélancolie d'un tel lieu était tempérée par la douceur d'un foyer familial très uni, où l'on aimait rire. De ces contrastes sont venus sans doute et sa tendance à la tristesse et son besoin de grosse gaieté, son goût des farces, et cette invention d'un personnage fictif, "Le Garçon", auquel ses camarades et lui -- lui surtout, et jusqu'à la fin de sa vie -- prêtent les propos cyniques les plus extravagants, les mieux faits pour effaroucher les bourgeois qu'il prend en horreur.
À côté de cela, Gustave Flaubert a grand besoin de tendresse, et le montre dans ses lettres à sa mère, à sa soeur de trois ans plus jeune que lui. Il allait la perdre le 20 mars 1846, trois mois après la mort de son père. Ces deuils répétés, la présence au foyer d'une enfant dont la venue avait coûté la vie à la jeune mère, une maladie nerveuse épileptiforme, mais qui vraisemblablement ne fut pas, comme on l'a dit, l'épilepsie vraie, assombrirent encore son destin, inclinèrent davantage son esprit vers le pessimisme. Sa santé l'obligea à interrompre ses études de droit, ce qui fut plutôt un soulagement, car il ne concevait pas, étant encore sur les bancs du lycée, qu'il pût être autre chose qu'un écrivain.
La famille de Mme Flaubert était du pays d'Auge. Le docteur Fleuriot, installé à Pont-l'Evêque, avait épousé une demoiselle Cambremer de Croixmare, dont il eut une fille, la mère du romancier. Ses biens ramenaient chaque été les Flaubert à Trouville, où les parents champenois venaient les rejoindre. Trouville n'était encore qu'un village de pêcheurs; mais la beauté du site attirait nombre d'artistes, et ce fut là que le jeune collégien fit, au vrai, son éducation sentimentale. Une idylle ébauchée avec une amie de sa soeur, une fille de l'amiral anglais Collier, servit de prélude au grand roman d'amour, à la grande passion de Gustave Flaubert pour Mme Schlésinger, rencontrée à Trouville en 1836. Cette passion est à l'origine d'un des chefs-d'oeuvre de la littérature française: L'Éducation sentimentale.
Il est remarquable que, dès sa jeunesse, Flaubert ait été attiré par les sujets qu'il devait développer plus tard dans la pleine maturité: on trouve dans les écrits de l'enfant et de l'adolescent (certains ont été imprimés dans le petit journal Le Colibri qu'il rédigeait seul, en troisième, au lycée) l'embryon de ce qui allait devenir La Tentation de Saint-Antoine. En 1835: Voyage en enfer, en 1837: Rêve d'enfer, en 1839: Smarh. De même trois versions de L'Éducation sentimentale précèdent le roman de 1869: en 1836 les Mémoires d'un fou, puis à vingt ans, alors qu'il était étudiant à Paris, Novembre, enfin en 1843, une première Éducation sentimentale, qui n'a de commun que le titre avec le texte définitif.
Mais les frères Goncourt ont dit avec raison que certaines pages de Novembre étaient un chef-d'oeuvre, ce qui n'empêchera pas le jeune auteur d'attendre encore treize années avant de rien livrer au public. Lorsque, obéissant à la mode littéraire, il écrit, en 1837, Une leçon d'histoire naturelle: genre commis, et l'imprime dans Le Colibri, cette "physiologie" balzacienne préfigure ce que nous retrouverons dans Madame Bovary et dans Bouvard et Pécuchet, évidemment avec plus d'éclat.
Gustave Flaubert s'était lié sur les bancs de l'école de droit avec un autre étudiant, comme lui fils de médecin, Maxime Du Camp. Malgré quelques orages, leur amitié fut durable, bien que refroidie par la hâte de Du Camp à se pousser dans le monde, et l'indifférence de Flaubert, qui, aux objurgations de son ami, répondit: "Être connu n'est pas ma principale affaire. Je vise à mieux: à me plaire, et c'est plus difficile [...] Le succès me paraît être un résultat et non pas le but [...] J'ai en tête une manière d'écrire et gentillesse de langage à quoi je veux atteindre. Quand je croirai avoir vieilli l'abricot, je ne refuse pas de le vendre, ni qu'on batte des mains s'il est bon. D'ici là, je ne veux pas flouer le public, voilà tout... Nous ne suivons plus la même route; nous ne naviguons plus dans la même nacelle. Que Dieu nous conduise où chacun demande ! Moi, je ne cherche pas le port, mais la haute mer. Si j'y fais naufrage, je te dispense du deuil !" Cela fut écrit en juin 1856, avant même que fût achevé le roman qui le tenait occupé depuis 1851, Madame Bovary.
Il avait, en compagnie de Du Camp, parcouru à pied la Touraine, la Bretagne et la Normandie, en longeant les côtes, de la Loire à la Seine, au printemps de 1847. En avril 1848, il eut le chagrin de perdre un de ses intimes, Alfred Le Poittevin, dont la soeur fut la mère de Guy de Maupassant. Comme pour se consoler en traitant un sujet longuement mûri avec lui, il s'était mis à rédiger La Tentation de Saint-Antoine, après avoir mis au net les notes rapportées de son voyage en Bretagne; celles-ci devaient former un volume, Par les champs et par les grèves, dont les chapitres impairs sont de Gustave Flaubert, les pairs de Maxime Du Camp.
La Tentation de Saint Antoine tint Flaubert jusqu'en septembre 1849. Les médecins lui prescrivaient, son état nerveux s'aggravant, un séjour dans les pays chauds; il avait décidé de partir avec Du Camp pour l'Orient, mais il voulait auparavant achever sa tâche et lire le manuscrit à Du Camp et à Louis Bouilhet, son grand ami, son "alter ego". Ceux-ci, la lecture achevée, donnèrent à Flaubert le conseil de jeter le manuscrit au feu et de n'y plus songer. Il importait, ajoutèrent-ils, qu'il "mît sa muse au pain sec, pour la guérir de son lyrisme" et, à cet effet, d'écrire l'histoire de l'officier de santé Delamare, ancien élève du père Flaubert. Sentence que nous jugerions aujourd'hui inique car, si elle avait été obéie, la littérature française aurait perdu un chef-d'oeuvre; mais il fut bon que Flaubert mit dans un tiroir au lieu de le brûler le manuscrit de la première Tentation, sans doute fut-il heureux aussi qu'il l'abandonnât provisoirement pour écrire, sur le conseil de ses amis, Madame Bovary.
Il se mit en route pour l'Orient le 29 octobre 1849, parcourut avec Du Camp l'Égypte et remonta le Nil jusqu'à la deuxième cataracte, visita l'Asie Mineure, la Turquie, la Grèce, et revint par l'Italie. Il y fit provision de souvenirs qui trouvèrent leur emploi dans Salammbô, dans Hérodias, et dans les versions ultérieures de La Tentation de Saint-Antoine.
Avant ce départ, deux évènements importants survinrent dans sa vie: il avait retrouvé, en 1842, pendant son séjour à Paris, Elisa Schlésinger, femme de l'éditeur de musique. Fut-elle sa maîtresse ? cela est peu probable, bien qu'elle l'ait aimé: cette grande passion demeura sans doute insatisfaite, comme dans le livre immortel qui nous en a donné une version sans nous en livrer le secret.
L'autre évènement biographique est de même importance, bien que tout différent: dans l'atelier du sculpteur Pradier, ami de sa famille, Gustave avait rencontré, en 1846, la poétesse Louise Colet. Elle était fort belle, mais bas-bleu s'il en fut jamais, et toujours en quête de quelque prix littéraire. Il lui plut. Pendant une dizaine d'années, ils furent amants. Liaison traversée de bien des disputes, de ruptures momentanées, de replâtrages. Les voyages de Flaubert, et surtout son travail acharné firent de cette vie tout le contraire d'une fraîche idylle, souvent même un enfer. Mais lui à Croisset, elle à Paris, comme ils se retrouvaient à Mantes, à mi-chemin, tout alla quand même jusqu'à ce qu'une bourrasque plus forte emportât tout, le jour où la Muse se mit en tête de venir à Croisset, dans l'espoir sans doute de convaincre Mme Flaubert de décider son fils à l'épouser.
Retiré à Croisset, près de sa mère, n'ayant guère de distractions que les soins donnés à l'éducation de sa nièce et quelques voyages à Paris, Flaubert vécut en solitaire. Quelques passades, mais surtout un commerce épistolaire assidu avec des amis et amies de choix, lui suffirent. Ses oeuvres, peu nombreuses, ne comportent que trois grands romans, trois contes brefs, un "mystère" (La Tentation de Saint-Antoine), si l'on s'en tient à ce qui fut publié de son vivant. Il faut y ajouter une pièce de théâtre, Le Candidat, qui subit un échec au Vaudeville le 11 mars 1874, une féérie, Le Château des coeurs, écrite avec Bouilhet et d'Osmoy, et qui ne fut pas représentée, un roman posthume, Bouvard et Pécuchet, inachevé, et surtout cette Correspondance qui forme aujourd'hui treize gros volumes, et qui est peut-être le paradoxal chef-d'oeuvre d'un écrivain dont le credo artistique tenait en ce seul article: le premier venu est plus intéressant que le nommé Gustave Flaubert -- ce qui voulait dire que l'écrivain doit demeurer absent de son oeuvre, comme Dieu reste invisible dans la création.
Sa biographie, après son retour d'Orient, se confond avec l'histoire de ses livres. Madame Bovary, en 1856, avait commencé de paraître dans La Revue de Paris, fondée par Du Camp au retour du voyage en Orient, et, à cause de son libéralisme, mal vue du pouvoir. On prit prétexte de quelques scènes du roman pour engager des poursuites contre la revue et l'écrivain. Une habile plaidoirie de Maître Sénart provoqua l'acquittement, le 7 février 1857, malgré le réquisitoire d'une sévérité inique du substitut Pinard. En avril, le volume paraissait chez Michel Lévy, et le procès maladroit servit grandement à le lancer. La presse fut d'ailleurs louangeuse, particulièrement avec Sainte-Beuve, dans Le Moniteur du 4 mai, et Baudelaire (L'Artiste), mais bien entendu les journaux de droite dénoncèrent l'immoralité de l'auteur et déplorèrent son acquittement.
Qu'avait-il fait cependant ? Goncourt rapporte ce mot de Mgr Dupanloup: "Madame Bovary ? un chef-doeuvre, monsieur. Oui, un chef-d'oeuvre pour ceux qui ont confessé en province." Une oeuvre morale, en tout cas, car l'histoire d'Emma Bovary n'offre rien qui puisse être regardé comme une apologie du vice. Victime de ses rêves, de ce triste penchant à toujours vouloir ce que la vie ne peut raisonnablement lui donner, dédaignant ce qu'elle tient, poursuivant de chimériques espoirs, Emma souffre de la médiocrité provinciale. Mariée à un officier de santé, elle étouffe dans le village où son mari exerce la médecine. Un hobereau du voisinage n'a pas de mal à en faire sa maîtresse, puis se lasse vite d'elle. Déçue, elle manque mourir de chagrin, prend sa revanche avec un clerc de notaire, signe des traites pour se faire belle, et, acculée à la ruine, entraînant son pauvre niais de mari dans les pires embarras, elle se fait donner de l'arsenic par le garçon du pharmacien Homais, et s'empoisonne.
On ne peut résumer un livre où chaque détail a sa valeur, où tout est ordonné avec un art de composition admirable, où chaque caractère est d'une vérité qui en fait un "type" demeuré vivant, et dont le nom est passé dans la langue. Quand on demandait à Flaubert quel avait été le modèle de Mme Bovary, il répondait: "C'est moi !" Et cela est exact. Il a pu dire aussi: "Ma pauvre Bovary, à cette heure, souffre et pleure dans vingt villages de France !" Elle restera vraie tant qu'il y aura des êtres pour rêver et pour souffrir.
Mal consolé de cette histoire du procès, il chercha refuge dans un sujet qui l'entraînait bien loin dans le passé et dans l'espace et il "entreprit de ressusciter Carthage". Polybe lui fournit les données historiques, avec la guerre des Mercenaires. Patiemment, il entreprit d'immenses lectures pour donner un fondement acceptable à l'histoire de Salammbô, fille d'Hamilcar Barca. Il alla sur les lieux voir les paysages historiques. Le nom de l'héroïne est un de ceux que les Phéniciens donnaient à Vénus. Quant le roman parut, l'archéologue Froehner en critiqua la vraisemblance historique. Citant ses sources, Flaubert le confondit, et il se trouve aujourd'hui que les récentes découvertes, loin de ruiner ses hypothèses, les confirment en général, comme c'est la cas pour les enfants immolés à Moloch. Le récit suit l'histoire: Carthage n'ayant point tenu les promesses faites aux Mercenaires engagés par la République, ceux-ci se soulèvent et, sous le commandement du Lybien Mâtho, du Grec Spendius et du Numide Narr 'Havas, assiègent Carthage. Mâtho, ayant apperçu Salammbô, fille du suffète Hamilcar, conçoit pour elle une passion qui le brûle. Il pénètre par surprise dans le temple de Tânit, protectrice de la ville, dérobe le voile sacré de la déesse. Le sort des armes semble alors favoriser les Barbares. Schahabarim, le grand prêtre, ordonne à Salammbô d'aller, seule, dans le camp des Mercenaires, et, comme Judith, de tuer le général ennemi et de reprendre le Zaïmph. Elle obéit, s'abandonne au Lybien, reprend le voile, mais profite du sommeil de Mâtho pour s'enfuir, sans le tuer. Les Mercenaires sont vaincus par Hannibal, qui les accule dans le défilé de la Hache, où ils périssent de faim et de misère. Mâtho est supplicié, et Salammbô meurt à la vue du martyre du Barbare qui avait fait trembler Carthage et, dans ses bras, s'était fait doux comme un enfant... Le succès fut aussi grand que celui de Madame Bovary lorsque le livre parut en novembre 1862: il avait coûté près de six ans passés dans les "affres du style".
Aussitôt, Gustave Flaubert fit le plan de L'Éducation sentimentale. Il voulait faire revivre le temps de sa jeunesse, les espoirs et les déceptions de la génération qui fit la révolution de 1848. Le cadre historique est reconstitué avec tant de minutieuse exactitude, tant d'art, que Georges Sorel a pu dire: "Un historien désireux de connaître l'époque qui précéda le coup d'État ne peut négliger L'Éducation sentimentale." Mais c'est aussi l'autobiographie de Gustave Flaubert, sa passion pour Mme Schlésinger, et tout est vrai, compte tenu des transpositions indispensables qui, de l'éditeur de musique Schlésinger font un marchand de tableaux, éditeur d'oeuvre d'art, et réunissent en un même personnage Frédéric, Flaubert lui-même (pour tout ce qui concerne son amour pour Marie Arnoux) et Du Camp, pour l'épisode de Mme Dambreuse, qui fut dans la réalité Mme Delessert. La suture est si bien faite qu'elle reste invisible. Publiée en novembre 1869, L'Éducation sentimentale n'eut qu'un médiocre succès. Mais un peu plus tard, Théodore de Banville allait constater que "tout le roman contemporain en était sorti". Elle fut en effet la bible des naturalistes.
La guerre interrompit la composition de La Tentation de Saint-Antoine, qui ne put paraître qu'en 1874. Avec ce livre, l'écrivain dotait la littérature française d'un ouvrage sans analogue, et dont la portée rappelle celle de Faust. En 1875, Commanville, mari de sa nièce, est ruiné et menacé de faillite. Avec un dévouement extrême, Flaubert se dépouille pour le sauver. En vain, il n'y parviendra pas, et sera d'ailleurs payé d'ingratitude. Ses amis l'aident: George Sand lui offre d'acheter Croisset et de l'y laisser sa vie durant. Il croit pouvoir se passer de cette aide. Et George Sand meurt six mois plus tard. Il a mis en chantier un autre grand roman qui doit être le récit des déceptions éprouvées par deux anciens commis, qu'un héritage affranchit du labeur quotidien, et qui, installés à la campagne, se mettent en tête d'entreprendre ce qu'ils sont mal préparés à mener à bien, échouent piteusement dans leurs essais d'agronomie, puis d'archéologie, de médecine, puis de littérature, et, écoeurés, se remettent, de guerre lasse, à "copier comme autrefois" pour passer la vie. On a dit que Bouvard et Pécuchet faisait le procès de la science, et c'est une grossière erreur: c'est le procès du manque de méthode que fait Flaubert, la critique de ceux qui croient savoir et n'ont même pas appris à apprendre. Leçon très haute et par cela même destinée à n'être que difficilement comprise, et d'autant moins que le livre est inachevé, et que nous ignorons ce que devaient copier les deux bonshommes, dont le choix constituait évidemment la preuve de leur enrichissement spirituel, car -- Flaubert le dit -- ils avaient appris dans toutes leurs expériences à souffrir, comme lui-même, de la bêtise universelle, au point de ne plus la tolérer.
Pour obéir au voeu de George Sand, qui lui reprochait de toujours "travailler dans la désolation", sans jamais écrire rien de consolant, il entreprit Un coeur simple. Ces souvenirs d'enfance à Trouville, à Pont-l'Evêque, groupés autour de sa servante Félicité, joints à La Légende de Saint Julien l'Hospitalier et à Hérodias forment les Trois Contes inspirés, le premier d'un vitrail, le second d'un tympan de portail de la cathédrale de Rouen, entraînant le lecteur en plein Moyen Âge de la Légende dorée, et puis en Judée, à l'orient de la mer Morte, dans la citadelle de Machaerous. Hérode Antipas, Tétrarque de Galilée, pour obéir à Salomé qui, ayant dansé devant lui, lui avait plu, ordonna au bourreau de trancher la tête de Jean-Baptiste et de l'apporter à la jeune fille sur un plateau. Trois récits de couleur si variée que tout l'art de Flaubert se trouve résumé dans cette opposition des paysages et des nuances psychologiques.
Les dernières lettres publiées dans sa Correspondance nous montrent Gustave Flaubert "las jusqu'aux moelles", terrassé par le chagrin et le travail. La mort vint le prendre le 8 mai 1880, avant qu'il eût achevé Bouvard et Pécuchet. Il avait eu avant de mourir la consolation d'assister au triomphe de son disciple Guy de Maupassant dont Boule de suif, publiée dans Les Soirées de Médan, était saluée comme un chef-d'oeuvre.
Flaubert, traité par les jeunes amis d'Émile Zola et d'Alphonse Daudet comme leur maître à tous, entouré par eux d'une affection déférente, pouvait trouver en ces marques d'admiration si spontanée le présage de la place réservée à son oeuvre dans l'histoire des lettres françaises. L'abondance des travaux récemment consacrés à Flaubert, particulièrement sur son style et ses manuscrits, confirme son rôle capital dans l'évolution du genre romanesque jusqu'au milieu du XXe siècle.

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Copyright © La République des Lettres, jeudi 11 août 2011