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La République des Lettres

Baltasar Gracian

Baltasar Gracian

Biographie : qui est Baltasar Gracian ?

Par Jean Bruno, dernière édition le lundi 18 avril 2011.

Religieux, écrivain et moraliste espagnol du Siècle d'Or, Baltasar Gracian est né le 8 janvier 1601 à Belmonte de Calatayud (Espagne, province d'Aragon).
Fils d'un magistrat, il fait ses études au collège des Jésuites de Calatayud puis à l'université de Huesca. Il entre dans la Compagnie de Jésus le 11 mai 1619, à Tarragone, où se trouvait le noviciat de la province. Nous avons peu de renseignements sur les évènements de sa vie entre cette date et le 25 juillet 1635, jour de sa profession solennelle et de ses voeux définitifs. Un document nous apprend que Baltasar Gracian se trouvait en 1628 au collège de Calatayud, peut-être au titre de professeur. Il réside ensuite au collège de Huesca où il a l'occasion d'entrer en relation avec des milieux très cultivés.
Doué d'une voix profonde, d'une éloquence à la fois savante et claire -- cette dernière qualité était assez rare à l'époque -- Gracian, à partir de 1637, se consacre exclusivement à la prédication. Il effectue deux séjours à Madrid, en 1640 et 1641, vit à la Cour, devient l'ami du poète Hurtado de Mendoza, secrétaire de Philippe IV, a l'occasion de remettre un exemplaire de son Héros (1630) au souverain lui-même, mais quitte cependant la capitale déçu et irrité.
Après avoir assisté en qualité d'aumônier au siège de Lérida (1646), où il a une conduite courageuse, il revient à Huesca et y achève en 1647 le manuscrit de son Manuel de l'Homme de Cour. C'est quatre ans plus tard, avec la publication de la première partie de L'Homme détrompé, que commencent les difficultés de l'auteur avec la Compagnie de Jésus.
L'Homme détrompé avait été publié, comme d'ailleurs les autres ouvrages de Baltasar Gracian -- Le Sage (1655), Traité des pointes et du bel esprit (1642-48) -- sous le nom du frère de l'auteur: Lorenzo Gracian. Mais le subterfuge ne trompe pas ses confrères. L'auteur est dénoncé aux supérieurs de la Compagnie de Jésus et frappé d'une sanction disciplinaire. Fier, impétueux et surtout beaucoup plus homme de lettres que religieux, Baltasar Gracian continue à désobéir. Il publie la seconde (1653) et la troisième partie (1657) de L'Homme détrompé. Le deuxième volume ne suscite qu'une nouvelle admonestation des Jésuites, mais le troisième vaut à Gracian un véritable exil à Tarazona (province de Saragosse), quelques mois avant sa mort qui survient le 6 décembre 1658.
Aujourd'hui, les ouvrages de Baltasar Gracian paraissent beaucoup moins scandaleux que fatigants par leur affectation et leur verbosité baroque: c'est la rançon du "conceptisme", de cet abus des doubles sens et des jeux de mots, esthétique littéraire dont l'auteur s'était fait l'adepte à la suite de Luis de Gongora, et dont il a communiqué la théorie dans son Traité des pointes et du bel esprit, qui resta le code de la vie littéraire espagnole jusqu'à la fin du XVIIe siècle et eût une grande influence dans la plupart des pays d'Europe.
L'oeuvre de Baltasar Gracian fourmille cependant de traits psychologiques pleins de vérité et de piquant. Au XIXe siècle, Athur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche et, plus récemment, le situationniste Guy Debord, se sont en particulier emballés pour L'Homme de Cour, intitulé originellement Oracle manuel et Art de la prudence. Cet ouvrage, qui rassemble quelque trois cents maximes, est une reflexion sur la condition humaine et mondaine, un essai portant en même temps sur l'art de la courtisanerie et sur "l'art de se gouverner" soi-même.
Les éditions Ivrea ont republié récemment plusieurs de ses essais dans des traductions originales en français du XVIIe siècle, dont notamment L'Homme de cour (traduit par Amelot de la Houssaie en 1684), L'Homme universel et Le Héros (traduits par Joseph de Courbeville). Les éditions du Seuil ont également réédité en 2008, dans une nouvelle traduction de Benito Pelegrin, son roman, Le Criticon, ainsi ques ses Traités politiques, esthétiques, éthiques.

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Copyright © La République des Lettres, mercredi 11 mai 2011