Herbert Marcuse

Herbert Marcuse

Herbert Marcuse, fils d'un commerçant prospère d'origine juive, est né à Berlin (Allemagne) le 19 juillet 1898.

Si le nom de Marcuse est associé aux mouvements de contestation qui ont vu le jour aux Etats-Unis et en Europe dans les années '60, sa carrière et son oeuvre ont d'abord épousé un parcours qui a pour cadre le mouvement des idées en Allemagne après la première guerre mondiale.

Après ses études secondaires à Berlin, et une fois démobilisé, il entame des études de littérature et de philosophie à l'université de Fribourg en Brisgau où Martin Heidegger dirige sa thèse de doctorat. Publié sous le titre L'Ontologie de Hegel et le fondement d'une théorie de l'historicité, cet ouvrage s'attache à saisir les moments de différenciation dans le développement historique de l'être à la lumière du concept de vie. Mais l'influence de Heidegger n'a qu'un temps. En 1932, après sa thèse, Herbert Marcuse quitte Fribourg pour Francfort, où il collabore à l'Institut pour la Recherche en Sciences Sociales fondé par Max Horkheimer et Theodor W. Adorno. Il y participe notamment à la rédaction de Autorité et Famille, publié sous pseudonyme en 1936.

Ses travaux sur Friedrich Hegel s'orientent alors davantage vers une réflexion sociale et politique dont son livre publié en 1941, Raison et révolution: Hegel et la naissance de la théorie sociale, donne la mesure. Pour Marcuse, la négativité du philosophe représente sur le plan théorique l'écart qui sépare le fait avéré, l'existant, des exigences de la rationalité. Cette puissance du négatif rapproche Hegel et Marx, pour tracer une méthodologie de la connaissance historique. Sur cette question, se greffe la contribution de la psychanalyse, considérée comme la connaissance des conditions de possibilité du bonheur. Marxisme et psychanalyse permettent l'identification de la raison et du bonheur par la mise à jour de l'exploitation et de la répression des instincts. Dès ce moment-là, avec le nazisme, puis la guerre, cet aspect de sa pensée ne cessera de s'affirmer davantage.

En 1934, Herbert Marcuse émigre aux Etats-Unis. Il enseigne successivement à Columbia, à Harvard, à Boston et enfin à l'université de San Diego où il demeurera jusqu'à sa mort. Les ouvrages qui datent de cette époque font apparaître une évolution qui le conduit à des problèmes auxquels il doit une notoriété relativement tardive, et où s'exprime le mieux l'originalité de sa pensée.

En 1958, il publie Le Marxisme soviétique, confrontation critique de la théorie marxiste et du système soviétique. La même année, sort également Éros et Civilisation, où il conteste le Freudisme comme théorie de l'intégration psychologique individuelle dans la société. Quelques années plus tard, en 1966, après la publication de Critique de la tolérance, son pessimisme s'affirme nettement dans L'Homme unidimensionnel, une analyse de la société industrielle contemporaine qui écrase et réprime la spécificité de l'individu malgré une organisation sociale en apparence tolérante. Toutefois, s'il décrit certes l'univers clos de la société industrielle avec ses forces de subversion neutralisées, d'autres processus s'y révèlent aussi en sommeil, que la période de la guerre du Vietnam se charge d'éveiller aux Etats-Unis.

Des divers ouvrages de son oeuvre, Éros et Civilisation et L'Homme unidimensionnel sont certainement ceux qui comptent le plus au regard de l'image que l'on a gardée d'Herbert Marcuse. En même temps, c'est dans ces deux livres que les problèmes abordés et sa façon de les aborder entrent le plus clairement en rapport avec son intérêt pour les nouvelles formes de contestation des années '60. Ils feront de lui un des inspirateurs, et sous certains aspects un des théoriciens, de la nouvelle gauche aux Etats-Unis puis en Europe.

Il y renouvelle l'interprétation marxiste des structures sociales répressives à la lumière d'une relecture de Sigmund Freud. Mais il y découvre aussi toute l'importance de l'imagination et des forces d'utopie qui, à l'oeuvre dans l'art, par exemple, semblent renfermer la promesse d'un accomplissement du principe du plaisir. Les derniers livres de Marcuse s'y intéressent plus précisément, en accordant de plus en plus à une dimension esthétique de l'existence le potentiel utopique d'une vie renouvelée.

La fin de l'Utopie (1967), Vers la libération (1969), Contre-révolution et Révolte (1972), et La Dimension esthétique (1977), en constituent les dernières tentatives de questionnement, à la fois inquiètes et confiantes.

Herbert Marcuse meurt à Starnberg, près de munich, le 29 juillet 1979, à l'âge de 81 ans.

Copyright © Christine Gutman / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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