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La République des Lettres
Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Philosophie

Biographie : qui est Simone de Beauvoir ?

Par Christine Gutman, dernière édition le samedi 13 août 2011.

Simone de Beauvoir est née à Paris en 1908. Son père, Georges de Beauvoir est avocat et comédien amateur passionné d'art dramatique; sa mère, issue de la petite bourgeoisie provinciale, est une fervente catholique. Aînée d'une famille de deux enfants, elle reçoit l'éducation morale et religieuse traditionnelle de ce milieu conservateur qu'elle relatera plus tard dans Mémoires d'une jeune fille rangée: "Je suis née à quatre heures du matin, le 09 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. Sur les photos de famille prises l'été suivant, on voit de jeunes dames en robes longues, aux chapeaux empanachés de plumes d'autruche, des messieurs coiffés de canotiers et de panamas qui sourient à un bébé: ce sont mes parents, mon grand-père, des oncles, des tantes, et c'est moi. Mon père avait trente ans, ma mère vingt-et-un, et j'étais leur premier enfant. Je tourne une page de l'album; maman tient dans ses bras un bébé qui n'est pas moi; je porte une jupe plissée, un béret, j'ai deux ans et demi, et ma soeur vient de naître. J'en fus paraît-il, jalouse, mais pendant peu de temps. Aussi loin que je me souvienne, j'étais fière d'être l'aînée: la première. Déguisée en chaperon rouge, portant dans mon panier galette et pot de beurre, je me sentais plus intéressante qu'un nourrisson cloué dans son berceau. J'avais une petite soeur: ce poupon ne m'avait pas."
À cinq ans Simone de Beauvoir entre au Cours Désir, un établissement d'enseignement catholique où sont scolarisés les jeunes filles de bonne famille. Elle est une élève brillante qui se distingue très tôt par ses capacités intellectuelles. À la fin de la première guerre mondiale, sa famille, jusque là financièrement aisée, se retrouve ruinée et contrainte de réduire son train de vie. Poussée par des parents persuadés que seules les études peuvent sortir leurs enfants de cette condition médiocre, Simone de Beauvoir se jette dans les études. À l'âge de 14 ans, elle perd la Foi et se déclare athée, tout en se découvrant parallèlement une passion pour la littérature. En 1926, elle s'inscrit à la Sorbonne d'où elle sortira bardée de diplômes en littérature, grec, latin, mathématiques, et agrégée de philosophie. Pendant la préparation de l'agrégation, Simone de Beauvoir a rencontré plusieurs jeunes intellectuels normaliens, dont Paul Nizan et surtout Jean-Paul Sartre, de trois ans son aîné, avec qui elle noue une profonde relation affective et intellectuelle qui durera jusqu'à la mort. Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Paul Nizan sont reçus en même temps, en 1929, à l'agrégation de philosophie.
Nommée professeur de philosophie, "le Castor" -- surnom donnée pendant ses études par rapprochement avec le mot anglais "beaver": castor -- part enseigner dans divers lycées, d'abord à Marseille puis à Rouen. Jean-Paul Sartre, muté lui dans d'autres villes, la demande en mariage mais elle refuse. Elle expliquera plus tard dans L'âge de raison qu'elle a ressentie cette demande comme faite un peu à contre-coeur, uniquement formulée pour satisfaire son besoin d'être proche de lui. Pendant ses années d'enseignement, Simone de Beauvoir a des relations homosexuelles avec deux de ses élèves, Olga Kosakiewitcz et Bianca Lamblin, tout en entretenant des rapports intermittents et parfois houleux avec Jean-Paul Sartre et un élève de ce dernier, Jacques-Laurent Bost, qui épousera plus tard Olga, elle-même un temps maitresse de Sartre.
En 1938, Simone de Beauvoir soumet aux éditions Gallimard puis aux éditions Grasset un recueil de nouvelles intitulé Primauté du spirituel. Le manuscrit est refusé par les deux maisons d'édition (il ne sera publié qu'en 1979 sous le titre Quand prime le spirituel). Au début de la seconde guerre mondiale, elle enseigne au Lycée Henri IV de Paris, tandis que Jean-Paul Sartre est mobilisé puis fait prisonnier. Elle le retrouve en 1941 et le couple s'engage alors au sein d'un réseau d'intellectuels communistes résistants composé notamment de Maurice Merleau-Ponty, Jacques-Laurent Bost, François Cuzin, Jean Pouillon, Jean Kanapa, Dominique et Jean-Toussaint Desanti et divers membres du groupe Socialisme & Liberté. Le manuscrit de L'Invitée, roman rédigé en 1938 qui raconte une relation amoureuse à trois en partie inspirée par ses rapports avec Jean-Paul Sartre et Olga Kosakiewitcz, est accepté chez Gallimard et publié avec succès en 1943. Dénoncée par une de ses élèves lesbiennes, elle est exclue de l'Éducation nationale pour détournement de mineure. Elle écrit un premier essai, Pyrrhus et Cinnéas, publié en août 1944 ainsi qu'une pièce de théâtre, Les bouches inutiles. Simone de Beauvoir rencontre dès lors de nombreux écrivains et artistes tels entre autres Albert Camus, Georges Bataille, Jacques Lacan, Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Nathalie Sarraute, Violette Leduc,... Elle tient une chronique musicale à la radio mais décide de se consacrer désormais entièrement à son oeuvre. En 1945 elle participe avec Jean-Paul Sartre, Raymond Aron, Albert Ollivier, Maurice Merleau-Ponty, Jean Paulhan et Michel Leiris à la fondation de la revue littéraire, politique et philosophique Les Temps modernes.
De 1945 à 1950, Simone de Beauvoir voyage beaucoup (Italie, Suisse, Algérie, Tunisie, Suède, Etats-Unis, etc) et publie plusieurs livres où s'expriment son engagement communiste ainsi que déjà ses grands thèmes de prédilection: l'athéisme, l'existentialisme, le féminisme,... Sortent en librairie Le Sang des autres (roman, 1945), Tous les hommes sont mortels (roman, 1946), Pour une morale de l'ambiguïté (Essai, 1946), L'existentialisme et la sagesse des nations (Essai, 1948), L'Amérique au jour le jour (1948, suite à un séjour de 5 mois aux Etats-Unis où elle entamera une relation passionnée avec l'écrivain Nelson Algren), et surtout Le Deuxième sexe (1949).
Dans cet essai novateur en deux volumes (Les faits et les mythes et L'Expérience vécue), devenu depuis un classique de la littérature féministe, Simone de Beauvoir y analyse la condition faite aux femmes depuis toujours. Sa critique de la cellule familiale bourgeoise, sa dénonciation du mariage et de la maternité comme facteurs d'oppression, ainsi que ses propos sur la sexualité et l'avortement -- à l'époque considéré comme un homicide -- font scandale lors de la parution du livre. L'auteure, dont on divulgue dans la presse moralisante la bisexualité et la vie anticonformiste, appelle les femmes à gagner leur indépendance et à se libérer des rôles sociaux, amoureux et sexuels qu'on les oblige à endosser. Pour elle, "On ne naît pas femme, on le devient" car "c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin". Objet d'innombrables débats et critiques, mis un temps à l'Index par le Vatican, Le Deuxième sexe marquera ensuite très fortement la vie de plusieurs générations de femmes de la seconde moitié du XXe siècle. Il consacrera son auteure dans le monde entier et inspirera la plupart des grandes figures de proue du combat féministe, notamment les anglo-saxonnes Betty Friedan, Kate Millett et Germaine Greer.
En 1954, Simone de Beauvoir obtient le prix Goncourt pour son roman à clefs, Les Mandarins, qui dévoile la vie et les questionnements d'un groupe d'intellectuels de gauche au début de l'après-guerre ainsi que sa liaison avec Nelson Algren. Figure avec Jean-Paul Sartre du Saint-Germain des Prés existentialiste des années '50, elle continue de voyager, notamment dans les pays communistes (Chine, URSS, Cuba, Yougoslavie,...) où elle rencontre des personnalités politiques tels que Mao Zedong, Fidel Castro ou encore Ernesto Che Guevara. Après Privilèges (1955), elle publie en 1957 La longue marche, un essai enthousiaste sur la Chine. Les années suivantes seront consacrées à une oeuvre plus directement autobiographique composée de Mémoires d'une jeune fille rangée (1908-1929) (1958), La Force de l'âge (Mémoires 1929-1944) (1960), La Force des choses (Mémoires 1944-1962) (1963), Une mort très douce (1964, bref récit sur la mort de sa mère) et Tout compte fait (Mémoires 1962-1972) (1972). Entre-temps, en 1966, elle est revenu à la fiction avec Les belles images, suivi en 1968 d'un recueil de trois récits intitulé La Femme rompue.
Pendant les années '60 et '70, elle s'engage dans la lutte pour la décolonisation, milite contre la politique française en Algérie, s'oppose à la guerre du Vietnam, soutient les révolutionnaires de Mai 68 et participe activement au mouvement des femmes. En 1969, elle participe avec Sartre à la création du quotidien gauchiste Libération et accepte en 1970 de prendre la direction du journal L'Idiot International, fondé par l'écrivain Jean-Edern Hallier. Elle publie aussi cette année-là un essai précurseur remarqué, La Vieillesse, où elle dénonce la condition des personnes âgées. Signataire du Manifeste des 343 salopes, elle est aux côtés de Gisèle Halimi et d'Elisabeth Badinter dans le combat pour le droit à l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG, obtenue de haute lutte par la ministre de la santé Simone Veil en 1975).
En 1980, la mort de Sartre marque un dernier tournant dans la vie et l'oeuvre de Simone de Beauvoir. Elle publie en 1981 La Cérémonie des adieux, bouleversant récit où elle décrit avec force détails crus les dernières années de son compagnon. La même année elle publie également un livre d'Entretiens avec Jean-Paul Sartre, où elle dénonce la manipulation de l'oeuvre du penseur athée par son secrétaire Benny Lévy, ancien maoïste devenu par la suite très religieux fondateur judaïsant de l'École doctorale de Jérusalem.
Simone de Beauvoir décède le 14 avril 1986 à Paris, à l'âge de 78 ans. Sa fille, Sylvie Le Bon de Beauvoir, a publié dans les années '90 divers écrits de sa mère adoptive, dont notamment le Journal de guerre et la correspondance avec Jean-Paul Sartre, Jacques-Laurent Bost et Nelson Algren.

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