Google | Twitter | Facebook | RSS | Lettre d'information | Fnac | Kobo | Immatériel | iTunes | Amazon

La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Francis Scott Fitzgerald

Francis Scott Fitzgerald

Romancier et nouvelliste américain, Francis Scott Fitzgerald est né à Saint-Paul (Minnesota, Etats-Unis) le 24 septembre 1896.

À mesure que l'on redécouvre avec nostalgie le charme scintillant des années '20, il semble que sa réputation ne cesse de grandir, sans qu'on sache toujours bien séparer, dans l'image qu'on se fait de sa carrière, la vérité de l'écrivain de la légende du couple qu'il forma avec Zelda.

Cette carrière ne débute guère, pour nous, qu'au moment où il commence à écrire, c'est-à-dire à Princeton, où Francis Scott Fitzgerald entre en 1913, et où il connaît la triple frustration de n'être ni riche, ni athlétique, ni brillant étudiant en vérité. Il quitte l'université une première fois en 1915, puis définitivement en 1917, sans avoir obtenu son diplôme. C'est à Camp Sheridan (Alabama), lieu de sa deuxième garnison, qu'il rencontre Zelda Sayre, âgée de dix-huit ans.

Le 18 février 1919, il est renvoyé dans ses foyers sans avoir été au front et, après un court séjour dans une agence de publicité, de retour à Saint-Paul, il se met sérieusement à réviser un premier roman,au titre parfaitement choisi, The Romantic Egoist, lequel deviendra This Side of Paradise (De ce côté du Paradis, et non L'Envers du Paradis), qui paraît chez Scribner's le 26 mars 1920. Huit jours plus tard, le 3 avril, alors que le livre fait sensation et que son rêve de gloire s'accomplit, Francis Scott Fitzgerald épouse Zelda Sayre à la cathédrale de New York.

Alors commence la carrière bien connue, peut-être trop connue, brillante, exhibitionniste, fragile et fondamentalement instable: les premières nouvelles publiées dans le Saturday Evening Post (le magazine qui payait le mieux à l'époque) et dans Scribner's, puis recueillies dans Friponnes et Philosophes et dans Les Enfants du Jazz (1920); premier séjour en Europe de mai à juillet 1921; retour à Saint-Paul, où naît une fille, Frances, le 26 octobre 1921; un second roman, Les Heureux et les Damnés (1922), très autobiographique; une pièce de théâtre, Le Légume (1923), qui échoue lamentablement à New York, où les Fitzgerald se sont installés.

De 1924 à 1926, deuxième séjour en Europe: Côte d'Azur, Italie et surtout Paris, où il fait la connaissance d'Ernest Hemingway -- voir le portrait rien moins que tendre que celui-ci trace de Fitzgerald dans Paris est une fête. Mais c'est surtout, le 10 avril 1925, la publication de Gatsby le Magnifique, incontestablement le chef-d'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald comme Citizen Kane est celui d'Orson Welles, mais qui n'a guère de succès immédiat, malgré les louanges de T. S. Eliot et d'Edmund Wilson. Désormais, F. S. Fitzgerald est prisonnier d'un malentendu qui n'est, comme d'habitude, qu'un "trop bien entendu": derrière le brillant de la vitrine, il perçoit l'ombre et le vide, mais le public, lui, ne veut pas entendre parler de cette "terre gaste".

La fuite en avant, essentiellement provoquée par un perpétuel besoin d'argent, continue avec le retour aux Etats-Unis (1926) et le premier séjour à Hollywood (1927). Mais Zelda veut danser, aussi Paris reverra-t-il le couple pendant l'été 1928, puis, pour un second long séjour, de mars 1929 à septembre 1931. Entre-temps Zelda est entrée dans le tunnel de la folie qui, de clinique en clinique, la mènera au tragique incendie du 10 mars 1948 en caroline du Nord, où elle trouvera la mort.

C'est donc d'abord la Suisse, et le début du travail de Scott sur ce qui sera son deuxième grand roman, Tendre est la nuit (1934), puis le retour définitif aux Etats-Unis en septembre 1931, et un deuxième contrat à Hollywood, où Francis Scott Fitzgerald pas plus que d'autres écrivains, dont William Faulkner, ne sera jamais un grand scénariste.

Après la publication, et l'échec, de Tendre est la nuit, c'est la "fêlure", la maladie, l'alcoolisme, l'instabilité accrue, et l'écriture de moins en moins facile. On dit que Sheilah Graham, qu'il rencontre à Hollywood en 1937, aurait pu le sauver, mais il est déjà trop tard. Il travaille à son dernier roman, Le Dernier Nabab (1941), lorsqu'une crise cardiaque le terrasse à Hollywood le 21 décembre 1940.

Apprécier Francis Scott Fitzgerald à sa "juste valeur" n'est pas chose facile, surtout si l'on cherche à la fois la justesse et la justice. Car il y va tout simplement de ce qu'on attend de la littérature; et d'abord de qui ou de quoi parle-t-on ? Malgré la critique désormais surabondante, ne continue-t-on pas, comme le dit Sergio Perosa, à "transformer la légende en réputation littéraire" ? Mieux vaut sans doute, comme le fait ce critique en s'appuyant l'idée de T. S. Eliot -- qui vit dans Gatsby "le premier pas qu'ait fait le roman américain depusi Henry James" -- selon laquelle aucun artiste n'a seul toute sa signification, le placer sur la carte de la littérature américaine.

Francis Scott Fitzgerald apparaît alors, incontestablement, comme l'un de ceux qui ont tenté d'embrasser l'expérience américaine, ni plus ni moins que cela. Comme l'écrit Perosa, "il enregistre l'échec et la frustration tout en réaffirmant constamment la pureté du rêve de ses personnages. Le niveau représentatif de ce qu'il écrit n'est donc pas limité au siècle du jazz: on y trouve l'horreur et la gloire de l'expérience américaine en général". C'est, en effet, face au grand thème du "rêve américain" que F. S. Fitzgerald paraît le plus grand. En ce sens, ses ancêtres spirituels sont Nathaniel Hawthorne et Herman Melville, mais, plus sûrement encore, Henry James.

Quant à ses contemporains de la génération née juste avant le siècle, il dépasse sans conteste Erskine Caldwell et John Steinbeck, qui n'ont pas grand chose de commun avec lui. Il s'élève sans mal à la hauteur d'Ernest Hemingway: en effet, même s'il a moins innové sur le plan formel, se contentant d'adapter et d'affiner un art somme toute assez traditionnel -- puisque à travers Henry James et Joseph Conrad on peut le faire remonter à la "grande tradition" éthico-sociale du roman anglais -- il a connu (faut-il dire, dans son cas, il a subi) une véritable "mutation". Hemingway, au contraire, après ses premières oeuvres, les meilleures, s'est trop contenté de s'imiter lui-même. Reste William Faulkner: c'est sans doute le seul romancier du XXe siècle américain qui, par les dimensions de son oeuvre et par l'universalité des thèmes qui la nourrissent, dépasse largement Fitzgerald.

Il reste que celui-ci a engendré, chez ses admirateurs inconditionnels, une sorte de culte qui est en lui-même un fait de l'histoire littéraire du XXe siècle. Faut-il, malicieusement, pour finir, proposer à leur réflexion ce mot, plein de justesse mais aussi d'injustice, de Leslie Fielder qui, en 1960, voyait dans l'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald un "portrait de l'artiste en jeune fille" ?

Copyright © Michel Gresset / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

Abonnement à la Lettre d'info

Google | Twitter | Facebook | RSS | | Fnac | Immatériel | Kobo | iTunes | Amazon
Copyright © Noël Blandin / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013
Siren: 330595539 - Cppap: 74768 - Issn: 1952-4307 - Inpi: 93483830
Catalogue des éditions de la République des Lettres
Brève histoire de la République des Lettres
A propos de la République des Lettres