Arthur Cravan

Arthur Cravan

Arthur Cravan -- pseudonyme de de Fabian Avenarius Lloyd -- est né le 22 mai 1887 à Lausanne (Suisse).

Son enfance est marquée par la figure d'Oscar Wilde dont il est le neveu par sa mère, Clara Hutchinson, mariée à un Suisse.

Après avoir fréquenté plusieurs collèges où il s'intéresse surtout à la boxe, qui sera avec la littérature sa grande passion, il abandonne ses études et mène une vie aventureuse. Durant cette période, il prend le pseudonyme d'Arthur Cravan en combinant le prénom de Rimbaud à un nom de village et signe ainsi quelques poèmes verlainiens.

De 1909 à 1914, il se fixe à Paris où il devient le légendaire "poète et boxeur", champion de France des mi-lourds en 1910 et créateur en 1912 de la revue Maintenant qu'il rédige seul sous des pseudonymes divers et vend lui-même dans les rues (quatre numéros parus à Paris, d'avril 1912 à mars-avril 1914; un numéro paru à Barcelone en mars-avril 1915).

Dès le premier numéro, Arthur Cravan évoque Oscar Wilde dont il s'estime le fils naturel, mais cette fidélité au passé va de pair avec la provocation. Son compte-rendu du Salon des Indépendants est un catalogue d'injures sur chacun des peintres, des plaisanteries grossières accablent Marie Laurencin et c'est une parodie poétique qui termine le dernier numéro.

Enfin, Arthur Cravan multiplie les scandales comme ces conférences où il tire des coups de pistolet, annonce qu'il va se dévêtir et tient sur l'art des propos blasphématoires. Lorsque la guerre éclate, il est dans les Balkans. Il se réfugie alors à Barcelone où se constitue une petite colonie de déserteurs et c'est là qu'il rencontre en 1916 le champion Jack Johnson dans un match de boxe annoncé à grand renfort de publicité. Écrasé par l'Américain, ridiculisé par de présomptueuses déclarations, en proie à des problèmes d'argent, il part en 1917 pour les Etats-Unis où il écrit son plus beau texte, Notes, que révèlera André Breton (VVV, numéro 1, New York, juin 1942 et numéro 2-3, mars 1943). Dans ce poème en vers libres, Arthur Cravan hurle son dégoût de l'art et des artistes et exalte la jeunesse, la force physique et le monde moderne en multipliant des images hardies qui se succèdent en cascades.

Peu après, le manque de ressources l'oblige à fuir au Mexique, où il est rejoint par Mina Loy, peintre et écrivain, sa maîtresse depuis un an. À Mexico il l'épouse, mais pressé par les problèmes matériels il repart vers le Nord pour trouver quelque argent. C'est là qu'on perd sa trace, et cette disparition mystérieuse à la fin de 1918 ou au début de 1919, dans le golfe du Mexique peut-être, est pour beaucoup dans l'élaboration du mythe.

Arthur Cravan reste dans l'histoire littéraire un écrivain discuté. Tandis que Christian Prigent voit en lui un "pétard mouillé" et un "mirliton merdrique", il est pour José Pierre une sorte d'annonciateur. Proche du Futurisme malgré ses sarcasmes contre Marinetti, il préfigure le Dadaïsme par son goût de la provocation et surtout le Surréalisme par l'utilisation qu'il fait de l'image.

Malgré des réserves quant à son anti-intellectualisme dans son Anthologie de l'humour noir (Éditions Le Sagittaire, 1950), André Breton aidera à lui donner sa juste place en estimant dans l'Almanach surréaliste du demi-siècle (Éditions La Nef, mars 1950) que ses pages respirent le climat du "génie à l'état brut".

Copyright © Jacques Poirier / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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