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La République des Lettres

Paul Bowles

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Biographie : Qui est Paul Bowles ?

Par Jean Bruno / La République des Lettres, dernière mise à jour le vendredi 01 février 2008.

Écrivain, musicien, dandy et voyageur cosmopolite, Paul Bowles a connu un succès fulgurant avec Un thé au Sahara, roman paru en 1950 qui a fait de lui l'un des gourous de la littérature. Installé à Tanger (Maroc) depuis 1947, il s'est identifié à la culture cosmopolite de ce port méditerranéen, à la fois arabe, américaine et européenne, marquée par une ambiance de trafic et de moeurs libres où il a puisé l'essentiel de son inspiration. Auteur de quatre romans et soixante nouvelles, il a initié la vague d'engouement orientaliste des années 50 qui draina vers Tanger, dans les effluves du kif, les plumes de renom de la Beat Generation: William Burroughs, Allen Ginsberg, et même Jack Kerouac. Le club Bowles, était, à cette époque, l'un des plus fermés de la littérature américaine.
Né le 30 décembre 1910 à New York, Paul Bowles traverse le siècle avec son temps et semble n'en rien manquer, ni personne: pour Orson Welles, il compose des musiques de scène. Sting et son groupe de rock, Police, s'inspirent dans les années '80 d'un Thé au Sahara pour leur album Synchronicity. A la fin des années '20, le jeune Newyorkais part pour Paris où il rencontre Gertrude Stein, la Madone du Montparnasse des exilés américains, qui lui déclare que ses poèmes ne valent rien. Paul Bowles retourne alors aux Etats-Unis, cesse d'écrire, devient compositeur. Jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, la musique sera son gagne-pain. Il travaille avec les plus grands pour le cinéma et la scène: Joseph Losey, Luchino Visconti, Salvador Dali, compose trois opéras dont deux inspirés du poète espagnol Federico Garcia Lorca et met en musique de très nombreux textes des écrivains marquants de sa génération comme, entre autres: Tennessee Williams, Gertrude Stein, Saint-John Perse, James Joyce ou encore Paul Valéry.
En 1947, Paul Bowles s'installe à Tanger qu'il s'efforce de découvrir et de comprendre de l'intérieur. Il veut fixer la tradition orale marocaine, collecte les contes et les musiques berbères. De cette confrontation naît l'essentiel de son oeuvre: Le Scorpion, Réveillon à Tanger, L'amour pour quelques cheveux avec Mohammed Mrabet, Une vie pleine de trous avec Driss Ben Ahmed Charhadi, ou encore Aires du temps, un roman sur l'ancienne Tanger, La Jungle rouge, son unique roman noir, et Mémoires d'un nomade (1970). Son chef d'oeuvre, Un thé au sahara, est tout à la fois un voyage dans le désert et à l'intérieur d'un couple qui se déchire. Bernardo Bertolucci en fera un film.
Avec de la violence et de la noirceur sur fond d'onirisme, Paul Bowles est avant tout un conteur. Il narre des histoires cruelles et dérangeantes sous la tranquillité de mots, nourries de contes glanés au Mexique, au Maghreb, en Thaïlande. En pessimiste ironique, il écrit sur des univers à deux doigts de la rupture, de l'effondrement. Sur les palaces, les déserts, les ports, les routes, les continents, et aussi la tribu des vide-goussets de Tanger.
Paul Bowles, vieil ermite qui disait vers la fin de sa vie que le désert est l'endroit où il a été le plus heureux car "il n'y avait rien que le vide et pour moi c'est cela la beauté, le vide", est mort à Tanger le 18 novembre 1999.