William Burroughs   |   Beat Generation
La République des Lettres

William Burroughs

William Burroughs

Biographie : Qui est William Burroughs ?

Par Philippe Mikriammos / La République des Lettres, dernière mise à jour le lundi 01 août 1994.

William Seward Burroughs est né le 5 février 1914 à Saint Louis (Missouri, Etats-Unis). Petit-Fils du premier William Seward Burroughs, inventeur de la machine comptable enregistreuse et fondateur de ce qui est devenu la puissante "Burroughs Corporation", William Burroughs mènera assez longtemps la vie plutôt facile d'un fils de bonne famille: Bachelor of Arts à Harvard (1936), études médicales sans suite à Vienne (Autriche), petits métiers du temps de guerre réflétant plus une indécision personnelle que le besoin de gagner sa vie coûte que coûte, bref séjour dans l'armée (réformé en 1942).
Jusqu'au jour de 1944 où, fréquentant certains bas-fonds new-yorkais où la bohême se frotte à la petite pègre, Burroughs fait la rencontre de ce qui sera déterminant dans sa vie et son écriture: la drogue. On peut, sans avoir à grossir le trait, dire que la drogue sera à l'origine d'une longue errance géographique (Texas, La Nouvelle Orléans, Mexico, Amérique du Sud, Tanger, Paris et Londres entre 1945 et 1974), du meurtre accidentel de sa femme Joan, que Burroughs tue d'un malencontreux coup de pistolet en 1951 à Mexico, et d'une douzaine d'années d'intoxication croissante, culminant de 1954 à 1956 à Tanger, où Burroughs a vécu sous le signe de la seringue et des jeunes garçons.
Sauvé, clamera toujours William Burroughs, par un produit nommé l'apomorphine, celui qu'à Tanger on avait surnommé "El hombre invisible" tirera de cette douloureuse expérience son chef-d'oeuvre, Le Festin nu (1959). Dès lors, Burroughs se consacrera exclusivement à l'écriture. Ses livres suivants seront extrêmement expérimentaux, ayant été écrits selon certaines techniques comme le "cut-up", qui consiste à découper des textes et à les réécrire après avoir mélangé les morceaux, procédé mis au point par le peintre Brion Gysin (1916-1986), que Burroughs a connu à Tanger et auquel une grande amitié le liera: La Machine molle (1961), Le Ticket qui explosa (1962), Nova Express (1964). Burroughs modèrera ensuite cette tendance expérimentale dans des livres d'accès progressivement moins difficile: Les Garçons sauvages (1971), Havre des Saints (1973).
À partir de 1975, le culte confidentiel qui entourait l'écrivain (que beaucoup croyaient d'ailleurs mort et enterré) se change en vedettariat transatlantique, la France et les Etats-Unis rivalisant pour porter au pinacle cet ex-maudit -- et il y a là un exemple unique de rivalité entre les deux pays à propos d'un écrivain américain, Hemingway, Faulkner ou Gertrude Stein eux-mêmes n'ayant pas fait l'objet de pareilles tentatives d'appropriation. Ici: colloque de Tanger à Genève (septembre 1975), lecture virant à la bagarre générale (Centre Pompidou à Paris, juin 1977), mondanité bien parisienne (soirée au Palace, octobre 1982), remise de la médaille de Chevalier des Arts et Lettres (avril 1984), inauguration du Salon du livre aux côtés du ministre de la Culture (mars 1990); là-bas, "Nova Convention" (New York, décembre 1978), accession au statut d'idole de la jeunesse à la page prisant le rock (on ne compte plus les chanteurs et groupes de rock revendiquant l'influence de Burroughs) et un certain art d'avant-garde (collaboration avec Laurie Anderson et Robert Wilson, dont il écrit le livret de l'opéra The Black river); enfin, adaptation au cinéma du Festin nu par David Cronenberg (1991).
S'étant finalement installé à Lawrence (Kansas, Etats-Unis), il a commencé à peindre et a écrit une trilogie composée de Cités de la nuit écarlate (1981), Parages de voies mortes (1983) et Les Terres occidentales (1987).