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José Saramago

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José Saramago Prix Nobel de littérature 1998.

José de Sousa Saramago, qui va avoir 76 ans en novembre, s'est imposé en quelques années comme l'un des auteurs majeurs du Portugal, grâce à ses grands romans polyphoniques qui revisitent l'histoire portugaise, avec une ironie subtile, proche du ricanement voltairien. Son oeuvre, puissamment imaginative, forte d'une vingtaine de titres dont certains traduits en plus de vingt langues, l'écrivain l'a fait connaître tardivement. Après un premier roman Terra de pecado (Terre du péché) paru en 1947, l'écrivain attendra 1966 pour publier son deuxième livre, un recueil de poèmes (Os Poemas possiveis), puis les années 80 pour connaître la célébrité.
Né en 1922 dans le petit village d'Azinhaga (centre du Portugal), ce fils de paysans sans terre émigrés à Lisbonne, abandonne le lycée pour des raisons financières pour suivre une formation de mécanicien-serrurier. Il s'essaye à divers métiers dans l'administration publique, travaille douze ans dans des maisons d'édition, puis dans des journaux, notamment en tant que rédacteur en chef adjoint à Diario de Noticias, un emploi qu'il doit quitter à la suite des événements politiques de novembre 1975. "Bienheureux licenciement. Il m'a permis de me consacrer totalement à ce que j'aime le plus: écrire", a l'habitude de dire le seul écrivain portugais qui réussit à vivre uniquement de ses droits d'auteur.
De 1975 à 1980, Saramago gagne sa vie comme traducteur, pour se consacrer aprés ses premiers succès littéraires entièrement à son métier d'écrivain. Pendant quinze ans, considérés comme sa période de mûrissement, il publie poèmes, chroniques, pièce de théâtre et nouvelles, ainsi qu'un long roman Manual de Pintura y Caligrafia (1977). La parution en 1980 de Levantado do chao, un récit épique sur la révolte des gens pauvres de l'Alentejo (est du Portugal), ouvre une seconde période dans son oeuvre. Couronné du Prix de la ville de Lisbonne, il marque le début de la carrière d'écrivain célèbre de Saramago, qui s'impose alors avec trois titres, publiés en six ans.Memorial do convento (1982), prix Pen club du Portugal et premier roman traduit en français (Le Dieu manchot, 1987), est une fable baroque et anachronique, un roman d'amour blasphématoire et humoristique, qui se déroule dans le Portugal du 18ème siécle. L'Année de la mort de Ricardo Reis (1984) est un voyage dans le Portugal des années 30 à travers la vie de l'un des hétéronymes de Fernando Pessoa. Le Radeau de pierre (1986) imagine la péninsule ibérique détachée de l'Europe et voguant entre Afrique et Amérique.
Génie ludique, style original et torrentiel, où le flot de la phrase est libéré par une ponctuation réduite, richesse sonore de la langue, mode narratif qui crée une relation intime avec le lecteur, expliquent le renom du romancier. Celui-ci a ensuite publié un roman historique, Histoire du siège de Lisbonne (1989), puis L'Evangile selon Jésus-Christ (1992), un roman touffu et iconoclaste qui provoqua un tollé à sa sortie, et enfin Essai su la cécité (1995), une métaphore sur l'aveuglement contagieux qui frappe une société dominée par l'absurde.
José Saramango, qui se dit "incroyant mais pas athée", et qui a adhéré en 1969 au parti communiste portugais, en adoptant pourtant toujours une attitude critique, a reçu en 1995 le "Prix Camoes", le plus important prix littéraire décerné au Portugal. Depuis 1992, il vit presque en ermite à Lanzarote, la plus septentrionale des îles de l'archipel des Canaries. Il s'y est installé aprés son mariage avec son épouse actuelle Pilar, une journaliste espagnole qu'il a connue alors qu'elle était correspondante au Portugal. La production littéraire de José Saramago s'élève à une trentaine d'ouvrages et comprend non seulement de la prose, mais aussi de la poésie, des essais et des piéces de théâtre. Dans son dernier roman, Tous les noms (Todos os nomes), publié en 1997, il parle d'un petit fonctionnaire employé à un service de l'état-civil aux dimensions quasi-métaphysiques. Obsédé par l'un des noms, il suit cette piste jusqu'à sa fin tragique.

Copyright © N. B. / La République des Lettres, samedi 10 octobre 1998

 

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Paris, mercredi 19 novembre 2008