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La République des Lettres

Aragon

Aragon : Garde-le bien pour mes archives.

Par Noël Blandin / La République des Lettres, dernière mise à jour le samedi 01 novembre 1997.

Louis Aragon avait donné, en 1931, à André Breton, rencontré en 1917, un dossier de documents et manuscrits autographes, accompagné d'un billet, "Garde-le bien pour mes archives". Breton, après sa rupture avec Aragon en 1932, s'en était séparé. Une partie de l'ensemble conservé actuellement à la Bibliothèque Nationale, est reproduit en fac-similé par les éditions Stock, en deux volumes, sous emboîtage bleu. Trois petits cahiers d'écolier, remplis d'une écriture fine, pratiquement sans ratures, fidèlement et soigneusement reproduits, contiennent ces inédits, textes et collages avec titres et fragments de journaux. De 1924, ces textes sont caractéristiques de la période surréaliste d'Aragon et de l'écriture automatique, technique que les surréalistes pratiquaient avec passion au début du mouvement. Sur la couverture d'un cahier, un connétable en armure détourné par Aragon. La tête du preux chevalier est remplacée par celle de François Mauriac. Dans un autre, cet aphorisme typique de cette écriture dictée de l'inconscient: "Plus je vais, plus je me perds dans l'édredon de plumes des consolations". Parmi d'autres documents reproduits: le fameux billet adressé à Breton en 1918, "j'ai manqué le train pour... tant mieux, tu m'aimes paraît-il (...), garde-le bien pour mes archives", un document militaire qui signale pour tuteur Louis Andrieux qui était en réalité le père d'Aragon. Au questionnaire de Marcel Proust, interrogé sur son idée du bonheur, le jeune médecin-auxiliaire répond "Les fraises, c'est-à-dire les morsures". Ses écrivains préférés ? "Les écrivains publics". Son poète préféré ? "Ma pudeur".