La République des Lettres



Jack Kerouac

Jack Kerouac

Gerald Nicosia : Memory babe, biographie de Jack Kerouac.

Près de 30 ans après sa mort, Jack Kerouac fait l'actualité avec la parution en français d'une nouvelle biographie. "Aprés 26 transfusions sanguines, Jean-Louis Kerouac (ndr: son nom de baptême) mourut à l'hôpital Saint-Anthony de varices oesophagiennes hémorragiques, la mort classique des ivrognes. C'était l'anniversaire de Dizzie Gillespy". Ainsi s'achève le livre monumental que Gerald Nicosia a consacré à Kerouac, mort en 1969 en Floride à l'âge de 47 ans. Les traducteurs de l'ouvrage, paru en 1983 aux Etats-Unis, ont gardé le titre original Memory babe (Môme mémoire), surnom donné par ses copains au jeune Kerouac pour sa mémoire infaillible. Nicosia a interrogé des centaines de proches de Kerouac pour retracer, avec précision, l'itinéraire exalté et destructeur du pape du mouvement beatnik, dont le chef d'oeuvre, Sur la route, publié en 1957, pourrait être la Bible. Toutefois, Kerouac s'était peu à peu détaché de son livre-phare et du rôle de gourou d'une génération contestataire qu'on voulait lui faire tenir. Grâce à ce livre, écrit en trois semaines et qui continue d'être lu par des milliers de jeunes, "il est encore possible de foutre le camp d'un petit patelin et d'aller voir à quoi ressemble le monde", a résumé l'auteur de romans noirs Barry Gifford.
Né en 1922 à Lowell (Massachusetts) dans une famille d'origine bretonne, Jack Kerouac a d'abord parlé le français dans une famille canadienne émigrée en Nouvelle-Angleterre avant de se mettre à l'anglais. Il tente une carrière de footballeur professionnel, fréquente l'université. Quand la guerre éclate, il est réformé. "On diagnostiqua une personnalité schizoïde à tendance angélique", raconte Nicosia. Commencent alors d'incessants voyages, une vie au bord du gouffre, faite de petits métiers, de drogue et d'alcool, de mariages et de divorces. Il crée à son insu sa future légende de "clochard céleste" (titre d'un de ses livres), qui feront de lui un yankee raté mais un grand écrivain. Il invente "la prose spontanée" ou "la littérature de l'instant", un style unique "proche de l'incantation et de l'exorcisme". Ce catholique a consacré les dernières années de sa courte vie à Gabrielle, sa mère, surnommée Mèmère, qui le tyrannisait.

Copyright © N. B. / La République des Lettres, dimanche 15 février 1998


> Journal > Jack Kerouac > Gerald Nicosia : Memory babe, biographie de Jack Kerouac. > Jack Kerouac en librairie.

FNAC : Boutique Cadeaux de Noël