Raymond Radiguet   |   Raymond Radiguet
La République des Lettres

Raymond Radiguet

Raymond Radiguet

Biographie : Qui est Raymond Radiguet ?

Par Bernard Noel / La République des Lettres, dernière mise à jour le lundi 06 janvier 1989.

Raymond Radiguet est né à Saint-Maur (Seine) le 18 juin 1903.
Il passe son enfance en banlieue et entre, en 1909, à l'école communale de Saint-Maur, où il fait de rapides progrès qui lui permettent d'obtenir une bourse et d'être reçu au lycée Charlemagne, à Paris.
Une véritable rage de lecture lui fait bientôt délaisser ses études et manquer ses cours pour se plonger dans les oeuvres des écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle; il a en particulier une passion pour La Princesse de Clèves; plus tard il dévore Stendhal et Marcel Proust, puis Rimbaud, Mallarmé et Lautréamont.
Inquiet pour son avenir, son père essaie de lui donner des leçons de grec et de latin, mais il doit y renoncer; la littérature seule intéresse Raymond Radiguet, qui commence à composer de courts poèmes dont l'un paraît, le 6 mai 1918, dans Le Canard enchaîné.
Radiguet a quinze ans et vit son premier amour, celui qu'il devait décrire dans Le Diable au corps. André Salmon, qui avait lu ses premiers poèmes, l'encourage. Il décide d'abandonner ses études et de vivre en faisant du journalisme. Il écrit de petits reportages, des échos et des enquêtes pour L'Eveil et L'Heure, est durant six mois secrétaire de rédaction au Rire.
Ces divers travaux lui permettent d'entrer en contact avec les cercles littéraires parisiens et de s'y faire des amis. Il est mal reçu par Apollinaire, mais Max Jacob devine immédiatement son talent, et l'envoie à Jean Cocteau qui le fait travailler et lui permet de collaborer à Sic et à Littérature.
Dès 1920, Raymond Radiguet donne un opéra-comique avec Erik Satie et Jean Cocteau, Paul et Virginie, un recueil de poèmes, Les Joues en feu, et une pièce en deux actes, Les Pélicans, représentée au théâtre Michel.
C'est durant ses vacances, passées cette année-là à Arcachon, qu'il entreprend Le Diable au corps et se donne une discipline intérieure qui lui permet de mener son oeuvre à bien malgré son extravagante vie de bohême. Bernard Grasset, enthousiasmé par son roman, lui signe un contrat lui assurant une mensualité de quinze cents francs qui le libère de ses soucis matériels.
Lancé par une campagne publicitaire sans précédent dans l'histoire des lettres, le livre paraît en 1923 et apporte la gloire à Raymond Radiguet. Nombre de critiques sont indisposés par la publicité faite autour de cet "auteur de dix-sept ans", mais la plupart se rendent devant les qualités du roman, qui connait un immense succès malgré les protestations des ligues d'anciens combattants et des associations bien pensantes.
Dès juin 1922, Radiguet commence Le Bal du Comte d'Orgel; il le termine durant l'été 1923, à Piquey, où Cocteau l'avait amené en vacances. C'est à cette même époque que, renonçant à sa vie de bohême, il se met à "faire de l'ordre" dans sa vie extérieure et rassemble tous ses poèmes. Il lui faut désormais se hâter, comme s'il avait la sensation que le temps lui était compté.
Un soir d'hiver, alors qu'il se promène avec des amis, une faiblesse subite le saisit. Il est transporté d'urgence dans une clinique où l'on fait tout pour le sauver, mais la fièvre typhoïde l'emporte en quelques jours. Il décède à Paris le 12 décembre 1923, à l'âge de vingt ans.
Les deux romans de Radiguet et ses poèmes, réunis sous le titre Les Joues en feu, titre qu'il avait donné à sa première plaquette, n'ont cessé depuis d'être réédités. On le compare à Rimbaud, on en a déjà fait un classique, et son oeuvre, il est vrai, s'inscrit parfaitement dans ce courant du roman français né avec La Princesse de Clèves: une histoire parfaitement contée, un style sobre, du goût et de la mesure.