Festival BD d'Angoulême
Ouverture du 33e Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême (FIBD).
Le FIBD d'Angoulême, principal rendez-vous des amateurs du 9ème art, tient portes ouvertes du 26 au 29 janvier. Placé sous le signe de la Finlande, il met cette année en lumière la riche production, encore peu connue en France, du pays de Matti Hagelberg, Katja Tukiainen, Ville Ranta ou Marko Turunen, parmi une quinzaine d'auteurs finlandais officiellement invités d'honneur.
Plus international que jamais le Festival attend comme chaque année ses quelque 200.000 visiteurs et accueille, outre les finlandais, environ un millier d'autres auteurs de BD venus du monde entier. Pour la première fois cette année, la charte stipule même que l'un des trois lauréats du Prix BD "Jeunes Talents" doit obligatoirement être ressortissant de l'un des pays de l'Union européenne autre que la France. Les fans croiseront dans les allées les dessinateurs africains, allemands, américains ou japonais -- venus en nombre avec leurs mangas à succès -- mais surtout bien entendu les grandes signatures classiques françaises ou belges du moment : Moebius, Pétillon, Bilal, Loisel, Fred, etc, auteurs renommés mais talonnés de près par la nouvelle génération de fanzineux et alternatifs de tous poils.
Productions multimédia, dessin animé et musique afficheront fortement leur présence au sein de cette manifestation 2006. De grandes expositions plus traditionnelles sont également programmées ainsi que des débats, concerts, projections de films, animations et autres remises de prises qui rythmeront ces quatre jours de rencontre autour des centaines de stands regroupés sous de grands chapiteaux vers l'Hôtel de Ville d'Angoulême. Citons parmi d'autres rendez-vous l'expo Georges Wolinski (lauréat du Grand prix de la Ville d'Angoulême 2005 et actuel président du Jury), ainsi que celle consacrée à Jules Verne, L'espace Zapping BD qui reçoit les jeunes créateurs, l'espace des BD japonaises et coréennes, le concert de dessins et les nombreuses rencontres-débats à l'Espace Franquin avec des dizaines d'auteurs du monde entier: Cabu, Mike Peters, Ben Katchor, Willem, Mike Mignola, Jimmy Beaulieu, Andi Watson, Ralf König,... Dix prix seront par ailleurs attribués, allant du Prix du Meilleur album au Prix du Fanzine en passant par ceux du Meilleur dessin, Meilleur scénario, Premier album, de la Série, du Patrimoine BD, de la Jeunesse, Jeune talent, et enfin de la BD alternative. Le prix Goscinny, qui récompense le meilleur scénariste, a déjà été décerné à l'Italien Gipi pour son album Notes pour une histoire de guerre publié chez Actes Sud Junior. Le public vient également de donner sa récompense, Le Prix public du Meilleur album, à Etienne Davodeau pour Les Mauvaises Gens, publié chez Delcourt.
Le monde de l'édition BD sera également de la fête, certaines grandes maisons telles Dupuis ou du Lombard (qui célèbre ses 60 ans) se réconciliant pour l'occasion avec le Festival après de longues années de bouderie et de boycott. Un Marché International des Droits et de l'Image (MIDI) lui est même réservé pour échanger les droits de traduction et de diffusion. Il faut dire que le secteur de la bande dessinée est l'un des plus florissants et dynamiques de l'édition française, se situant juste derrière les livres de jeunesse mais très loin devant la littérature. La France est le deuxième marché mondial du genre après le Japon et on considère qu'un jeune français sur deux lit des régulièrement des BD. Les ventes en librairie ne cessent d'augmenter depuis plusieurs années, portées par des dizaines d'albums (Astérix, Titeuf, Spirou, Les Schtroumpfs, Tintin, XIII, Lucky Luke, Largo Winch,...) qui se sont vendus chacun à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, voire à plusieurs millions comme c'est le cas par exemple pour le dernier Astérix d'Uderzo. Après une dizaine d'années en progression constante, la production BD franco-belge a encore bondi de plus 25% en 2005, s'élevant au total à plus de 3.500 titres dont 2.700 nouveautés, 34 millions d'albums vendus et 250 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit 6,5% du CA global de l'édition. De nombreuses maisons d'édition généralistes comme entre autres Gallimard, Actes-Sud ou Hoëbecke, ont créé des filiales ou des collections spéciales BD, s'essayant à concurrencer au même titre que des milliers de petits éditeurs plus ou moins professionnels, les quelques groupes dominants. Ces derniers -- Média Participations, Delcourt, Soleil et Glénat notamment -- , se partagent entre eux la plupart des grandes marques connues de l'édition BD telles Dargaud, Dupuis, Casterman, etc. Fait marquant, c'est toutefois le secteur des mangas qui en 2005 a tiré le plus les chiffres de vente vers le haut, représentant à lui seul la presque totalité des augmentations par rapport à 2004. 25 éditeurs -- Kana, Glénat, Pika,.. -- et environ 1.500 bdéistes actifs dessinent, produisent, traduisent et diffusent maintenant des BD de style asiatique. Une nouvelle BD sur trois publiée en France est désormais un manga (BD japonaise) ou un manhwa (BD coréenne).
Copyright © N. B. / La République des Lettres, jeudi 26 janvier 2006
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