La sortie d'un film de Michael Moore est toujours un événement en soi. Après Bowling for Columbine et la problématique des armes à feu (oscar du meilleur documentaire en 2003), Fahrenheit 9/11 et sa diatribe anti-Bush, couronné d'une palme d'or à Cannes en 2004, Capitalism: A Love Story ne déroge pas à la règle Moore. Toujours aussi provocateur, la bête noire des PDG véreux et des politiciens corrompus s'attaque cette fois à la crise financière et au capitalisme forcené. Des fondements d'une idéologie -- culte de la consommation, liberté d'entreprendre -- aux expulsions de citoyens américains modestes croulant sous les dettes, le réalisateur tire à boulets rouges sur un système à deux vitesses. Wall Street, centre névralgique de cette dérégulation, se métamorphose en casino géant.
Fidèle à sa méthode, le réalisateur parfois controversé pour ses raccourcis entremêle images d'archives drôlatiques, montage (une fiction du Christ prônant les valeurs du capitalisme), entretiens chocs et coups d'éclat. Entre autres exemples étonnants -- des pilotes de ligne sous-payés contraints de cumuler un deuxième emploi pour rembourser leurs crédits -- et magouille politique au plus haut niveau, Michael Moore frappe là ou ça fait mal. Présenté à la 66e Mostra de Venise en septembre dernier, son film a reçu un accueil plus que chaleureux.
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Michael Moore, Capitalism: A Love Story.