Christine Boutin   |   Christine Boutin
La République des Lettres

Christine Boutin

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Biographie : Qui est Christine Boutin ?

Par Noël Blandin / La République des Lettres, dernière mise à jour le mardi 23 juin 2009.

Christine Boutin -- de son nom de jeune fille Christine Martin -- est née le 6 février 1944 à Levroux (Indre). Son père, Xavier Martin, est journaliste. Sa mère décède en 1949. Elle suit ses études au Lycée Balzac de Tours puis à l'Université de Paris où elle obtient en 1964 une maîtrise de Droit public.
Christine Boutin est d'abord employée comme chargée de communication au bureau des relations extérieures du CNRS (1964-1969) avant de devenir Adjointe du Secrétaire général du Crédit Agricole (1973-1979) puis journaliste au mensuel Dossier familial (publication de la Caisse Nationale du Crédit Agricole) (1979-1986). En 1967, elle épouse son cousin germain, Louis Boutin, informaticien, avec qui elle aura trois enfants (Loïc, Armelle et Pierre-Yves).
Christine Boutin débute sa carrière politique en 1977 comme Conseillère municipale d'Auffargis, petit village des Yvelines où elle sera élue maire de 1980 à 1983. Elle exerce ensuite les fonctions d'adjointe au Maire de Rambouillet et de Conseillère au Conseil général des Yvelines jusqu'en 2001. Parallèlement, elle s'engage dans un combat politique contre la majorité socialiste et le président François Mitterrand élu en 1981. Elle adhère en 1982 à l'UDF de Michel Poniatowski et Valéry Giscard d'Estaing. Elle obtient l'investiture du parti et est élue Députée de la Xème circonscription des Yvelines en 1986. Son mandat de députée -- sous étiquette UDF puis UMP à partir de 2002 -- sera dès lors régulièrement renouvelé lors de toutes les consultations électorales suivantes jusqu'à aujourd'hui encore, de même que son siège au Conseil général des Yvelines où elle a été nommée Vice-présidente en mars 2008. À l'Assemblée Nationale, elle participe entre autres à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, à la Commission sur la bioéthique et aux groupes d'amitié avec les Etats-Unis, la Croatie et le Vatican. Elle préside les groupes d'étude sur les prisons et les SDF et devient membre titulaire de la délégation française à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
Christine Boutin se fait connaître du grand public au cours des années '90 avec son combat pour certaines valeurs traditionnelles et religieuses. Fervente catholique pratiquante et défenseure militante de la famille elle soutient activement les mouvements et/ou associations catholiques anti-avortement. De 1988 à 1993, elle est membre du Conseil supérieur de l'adoption où elle s'oppose fermement à l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. En 1993, elle co-fonde l'Alliance pour les Droits de la Vie (ADV), une association de lutte anti-avortement, anti-pilule du lendemain et anti-préservatif, considérée comme proche de l'Opus Dei. En 1994, elle participe à l'élaboration de la loi bioéthique. En 1995, elle est nommée Consulteur (sorte d'expert consulté) auprès du Conseil pontifical pour la famille, créé au Vatican par Jean-Paul II. En 1998, elle est nommée Vice-présidente du Centre national d'information sur la drogue (CNID). La même année elle devient la principale opposante au Pacte Civil de Solidarité (PACS). Lors du débat parlementaire de 1998-1999 consacré à ce projet de loi, elle mobilise les médias, n'hésite pas à brandir la Bible (le réglement de l'Assemblée Nationale selon elle) et à prononcer ses discours en larmes dans l'hémicycle. Nouvelle égérie de la Droite catholique -- des associations "Pro-vie" aux mouvements intégristes en passant par les ligues de vertu ou anti-pornographiques (Laissez-les vivre, La Trêve de Dieu, 30 ans ça suffit, SOS Tout Petits, Choisir la Vie, Civitas, Saint-Nicolas-du-Chardonnet, Renaissance Catholique, Jeunesse Catholique de France, etc) -- elle conduit elle-même la manifestation anti-Pacs qui rassemble plus de 100.000 personnes à Paris en janvier 1999. Son engagement militant pour les "droits de la vie" la conduit également à prendre position contre le mariage homosexuel et contre l'euthanasie, mais aussi contre la peine de mort et, plus tard, sur diverses questions de société où elle montrera une plus grande ouverture, en particulier au niveau social. C'est entre autres le cas sur les prisons (son rapport d'enquête parlementaire demandant une amélioration d'urgence des conditions de détention), le lien social (son projet de dividende universel, en 2003, qui préconise un revenu minimum d'existence pour tout le monde), les nouvelles technologies (son soutien au projet de "licence globale" lors du débat sur la Loi DADVSI) ou encore le logement d'urgence (Son projet de loi de 2005 instituant le Droit au logement opposable).
En décembre 2001, Christine Boutin est exclue de l'UDF car elle décide de se présenter à l'élection présidentielle de 2002 alors que François Bayrou est officiellement désigné candidat du parti. Elle fonde et prend la présidence du Forum des Républicains Sociaux (FRS, La Droite Humaine.), un mouvement politique autonome qui s'associera l'année suivante à l'UMP. Très floue sur un programme dont la mesure principale est "le respect de la personne humaine", elle n'obtient au premier tour que 1,19% de suffrages exprimés (339.112 voix) et soutient Jacques Chirac au second tour. Lors de sa création en 2002, elle intègre l'Union pour la Majorité Présidentielle (renommé Union pour un Mouvement Populaire, UMP), dont elle devient aussitôt membre du Conseil exécutif. En 2005, lors du Référendum sur le projet de Constitution européenne, elle fait campagne pour le Non, reprochant au Traité de ne pas faire référence aux racines chrétiennes de l'Europe.
En 2006, Christine Boutin renonce à se présenter à l'élection présidentielle de 2007 et se rallie à Nicolas Sarkozy, alors président de l'UMP, dont elle devient l'une des conseillères politiques pendant la campagne pour l'élection présidentielle. Dès l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, elle est récompensée par un poste de Ministre du Logement et de la Ville dans le gouvernement de François Fillon. Elle forme alors un cabinet marqué par la présence de nombreux "cathos", dont un prêtre, le Père Jean-Marie Petitclerc. Son directeur de cabinet, Jean-Paul Bolufer, doit démissionner quelques mois plus tard, après le scandale sur l'appartement de standing de 190 m2 qu'il louait dans les beaux quartiers de Paris au prix d'un simple logement HLM.
Dans le cadre de son principal chantier ministériel -- un projet de loi intitulé "Plan d'actions pour l'accès au logement" débattu au Parlement en octobre 2008 -- Christine Boutin envisage de créer 500.000 logements par an dont 120.000 logements sociaux. Son objectif est également d'amener 70% des ménages français à devenir propriétaires de leur habitation, en particulier grâce au projet de "maison à 15 euros par jour". L'initiative se révèle un échec.
En juin 2009, le Forum des Républicains Sociaux de Christine Boutin se rebaptise "Parti Chrétien-Démocrate". La formation, qui compte quelque 7.000 adhérents et récuse toute approche confessionnelle, se donne pour principale ambition de défendre la sensibilité chrétienne. Elle quitte son fauteuil de ministre lors du 3e remaniement du gouvernement Fillon, le 23 juin 2009.
Christine Boutin est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont notamment: Une éthique sans citoyen (1992), L'enfant et la télévision (Rapport de l'Assemblée nationale, 1994), Pour la défense de la vie (1994), Oser la famille (40 propositions du groupe parlementaire du même nom, 1997), Le "mariage" des homosexuels ? Cucs, Pic, Pacs et autres projets législatifs (1998), Les larmes de la République (1999), Le mythe bioéthique (ouvrage collectif, 1999), L'Embryon citoyen (2001), Pour sortir de l'isolement, un nouveau projet de société (Rapport au Premier ministre, 2003), Je ne suis pas celle que vous croyez (2006) et Chrétiens, de l'audace pour la politique (2009).