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La République des Lettres

Claude Simon

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Biographie : Qui est Claude Simon ?

Par Noël Blandin / La République des Lettres, dernière mise à jour le vendredi 02 mai 2008.

Claude Simon est né le 10 octobre 1913 à Tananarive (Madagascar), où son père, officier des troupes coloniales, décède un an plus tard. Il passe son enfance à Perpignan, élevé par sa mère qu'il perd à l'âge de 11 ans.
Claude Simon suit ses études secondaires comme pensionnaire au collège Stanislas, à Paris, puis prend des cours de peinture à l'Académie du peintre cubiste André Lhote. En 1936, lorsqu'éclate la guerre civile espagnole, il se rend à Barcelone pour s'engager aux côtés des Républicains et combat au front pendant trois semaines. Claude Simon voyage ensuite en Angleterre, en Allemagne et en Russie. En 1939, il est mobilisé au 31ème régiment de dragons, puis fait prisonnier par les allemands lors de la bataille de la Meuse en mai 1940. Il s'évade en octobre de la même année et regagne Perpignan, alors en zone libre. Il achète une propriété viticole dans la région, à Salses, et y termine la rédaction de son premier roman, Le tricheur, qui sera publié en 1945 aux éditions du Sagittaire. Suivront La Corde raide (1947), Gulliver (1952) et Le Sacre du printemps (1954), tous plus ou moins hantés par son expérience de la guerre et de la captivité et marqués par l'influence de William Faulkner.
C'est Le Vent, tentative de restitution d'un rétable baroque qui inaugure la véritable écriture simonienne. Ce roman est publié en 1957 aux éditions de Minuit dirigées par Jérôme Lindon qui compte déjà à son catalogue les livres de Samuel Beckett (Fin de partie), Alain Robbe-Grillet (Jalousie), Robert Pinget (Graal Flibuste), Nathalie Sarraute (L'Ere du soupçon) et Claude Ollier (La Mise en scène). Même si ces oeuvres n'ont que peu de choses en commun, la critique regroupera leurs auteurs dans un courant littéraire baptisé le "Nouveau Roman", dont Claude Simon deviendra l'une des principales figures. En 1958, il publie L'herbe, où s'affirment des thèmes et des techniques narratives très personnelles formant un "foisonnant et rigoureux désordre de la mémoire" entretenu avec éclat dans le sillage de James Joyce et de William Faulkner: phrases longues et denses, discontinuités, minutieuses et riches descriptions visuelles, images d'une force quasi cinématographique du monde qui habite la conscience de l'homme. Pour Claude Simon, un roman est "la tentative de la description de tout ce qui peut se passer en un instant, en fait de souvenirs, d'images et d'associations, dans un esprit".
En 1960, La Route des Flandres, sans doute le plus connu de ses livres, lui vaut le prix de la Nouvelle Vague. Il sera suivi de Le Palace (1962) et d'Histoire, prix Médicis 1967, ces trois romans formant ensemble une sorte de trilogie où Claude Simon recompose ses propres souvenirs en les faisant coïncider avec l'histoire universelle des hommes. La Bataille de Pharsale (1969) est plus formaliste, plus intertextuel, et plus ardu à lire. Il marque une nouvelle charnière dans l'oeuvre, où la théorie prend le pas sur la narration romanesque commune. Dans cette veine sortent successivement Orion aveugle (1970), Les Corps conducteurs (1971), Triptyque (1973) et Leçon de choses (1976), mais l'écrivain retourne à l'histoire et à la subjectivité en 1981 avec un imposant roman-épopée, Les Georgiques. Suivront La Chevelure de Bérénice (1985), L'Invitation (1988), L'Acacia (1989, le plus autobiographique de ses romans), Le Jardin des plantes (1997, assemblage de souvenirs imbriqués dans mise en pages dédiée pour la lecture) et enfin Le Tramway (2001, bouleversante évocation de ses années d'enfance). L'ensemble de son oeuvre a été couronnée en 1985 par le Prix Nobel de littérature.
Grand Croix de l'Ordre national du mérite, Claude Simon est décédé le 6 juillet 2005, à l'âge de 91 ans.