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Salon du Livre

Salon du Livre

Bilan négatif pour le 28e Salon du Livre de Paris consacré à Israël.

Malgré un jour d'ouverture en plus, une intense campagne promotionnelle et une couverture médiatique exceptionnelle, l'édition 2008 du Salon du Livre de Paris consacrée à Israël a enregistré une baisse de fréquentation de 8% par rapport à 2007 (année où l'Inde était l'invité d'honneur). Le salon a reçu 165.000 visiteurs cette année contre 186.000 en 2007 et 175.000 en 2006, selon le Syndicat National de l'Édition (SNE), organisateur de la manifestation. Le nombre d'entrées payantes a enregistré une très forte baisse de -17%, avec seulement 35.000 visiteurs payants contre 42.100 en 2007. Les entrées gratuites réservées notamment aux -18 ans et aux étudiants ont également été boudées (-29%), ainsi que les entrées réservées aux professionnels du livre (-4%). Seules les entrées gratuites pour les scolaires ont augmenté de 14%, en raison principalement d'une opération de distribution de 10.000 Chèques-Lire offerts dans les écoles par le Centre National du Livre (CNL). Les éditeurs enregistrent eux aussi globalement des chutes de leur chiffre de vente de l'ordre de 20% par rapport aux années précédentes. Seuls quelques auteurs vedettes -- tels Anna Gavalda qui a dédicacé pendant huit heures d'affilée son dernier opus, La Consolante (éditions Le Dilettante) -- et les livres sur Israël mis en pile par la librairie Gibert Joseph dans le Pavillon d'honneur, se sont relativement bien vendus.
Le Salon du Livre paye sans doute en partie la politisation du rendez-vous, les organisateurs ayant décidé de célébrer le 60e anniversaire de création de l'Etat hébreu malgré sa politique d'apartheid menée à l'encontre des palestiniens. Du coup, la plupart des organisations d'écrivains et d'éditeurs des pays arabes ont boycotté l'évènement, laissant leurs stands vides. L'autre élèment négatif qui a entrainé le déclin des visites est sans doute aussi la sécurisation à outrance qui a transformé le Parc des expositions de la Porte de Versailles en quasi forteresse assiégée, chaque visiteur étant considéré comme un terroriste en puissance. La présence stressante de milliers d'agents de sécurité en tous genres (vigiles, gendarmes, policiers en civils, CRS, etc), ainsi que les fouilles, les contrôles et les longues files d'attente à l'entrée (souvent sous la pluie) dûes à ces mesures de sécurité ont découragé pas mal d'amateurs de livres. Cette paranoïa militaro-policière, style Israël en alerte rouge, n'a d'ailleurs pas évité les incidents puisque le président israélien Shimon Peres a failli recevoir un panneau sur la tête lors d'une inauguration mouvementée qui a fait plusieurs blessés et qu'une alerte à la bombe -- fausse alerte, mais néanmoins la première dans l'histoire du Salon du livre -- a entraîné l'évacuation du public dans la journée du dimanche.
La prochaine édition du Salon du Livre, qui se tiendra du 13 au 18 mars 2009, accueillera un pays plus consensuel, le Mexique.

Copyright © N. B. / La République des Lettres, mercredi 19 mars 2008

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