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Bande de Gaza

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Proche-Orient : Pendant le processus de paix, la guerre continue.

Il n'est plus à démontrer qu'Israël n'a aucunement l'intention de créer les conditions de la paix au Proche-Orient. Après avoir décrété la Bande de Gaza "entité hostile" à la suite du coup de force du Hamas contre l'Autorité palestinienne, l'Etat juif vient de prendre en otage les quelque 1,4 million de palestiniens vivant sur le territoire.
Dans ce que l'on peut qualifier, en termes de Droit international, de Crime contre l'humanité, Israël impose un blocus total, transformant la Bande de Gaza en camp de concentration à ciel ouvert. Déjà soumise depuis plusieurs mois à de terribles restrictions, la population palestinienne enfermée sur ses 360 km2 ne reçoit désormais plus aucun produit de première nécessité. Les médicaments, les carburants, les aliments, plus rien ne passe. Les stations de pompage d'eau ou de production d'électricité, les hopitaux, les maternités, les écoles, et d'une façon générale tous les services les plus indispensables à la vie quotidienne sont bloqués par Israël. Plusieurs bâtiments administratifs officiels du pouvoir islamique, comme entre autres le ministère de l'intérieur et un poste de police maritime, ont été détruits par des missiles israéliens. La ville de Gaza, où vivent plus de 400.000 personnes, est quasiment plongée dans le noir suite à l'arrêt de la centrale électrique.
Devant la crise humanitaire majeure qui se profile, plusieurs représentants d'organisations internationales comme l'UNRWA (l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens) ont réclamé vainement la fin du blocus et l'arrêt des opérations militaires. John Dugard, un expert indépendant nommé rapporteur des Nations Unies pour les droits de l'Homme dans les territoires occupés, a dénoncé les crimes de guerre d'Israël qui opère selui lui une "punition collective" et ne distingue aucunement les cibles militaires des civiles. "Les responsables d'actes aussi lâches se rendent coupables de graves crimes de guerre" et les Etats-Unis ont "une obligation à la fois légale et morale" de forcer Israël à mettre fin à son intervention, a-t-il exhorté dans un communiqué. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, s'est lui contenté de demander timidement à Israël de "faire preuve de retenue" tout en exigeant des Palestiniens qu'ils "mettent fin à leurs attaques". Washington a comme à son habitude appelé Israël à éviter "autant que possible" les victimes civiles tout en qualifiant de "légitime défense" les raids de l'aviation israélienne. De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé le gouvernement israélien "à lever immédiatement le bouclage (...) pour faciliter la vie des innocents" et demandé une réunion urgente du Conseil des ministres de la Ligue arabe. Évoquant le processus de paix israélo-palestinien relancé en novembre dernier par la Conférence d'Annapolis -- George W. Bush veut obtenir un accord de paix avant la fin de son mandat en janvier 2009 -- il a qualifié les opérations israéliennes de "gifle" infligée au président américain. La plupart des grands dirigeants de la planète impliqués dans le processus de paix -- à commencer précisément par George W. Bush mais aussi Nicolas Sarkozy, habituellement plus rapide à condamner la moindre violation de la Démocratie, du Droit international ou des Droits de l'Homme lorsqu'il s'agit de pays arabo-musulmans -- se signalent quant à eux par un silence assourdissant.
Les atrocités ainsi commises avec la complicité de la communauté internationale dans la Bande de Gaza sont justifiées par l'Etat hébreu comme une riposte à quelque 150 roquettes artisanales tirées la semaine dernière sans faire de victimes en direction du Sud d'Israël par les activistes des factions palestiniennes armées. "Une guerre est en cours, chaque jour, chaque nuit. Nous poursuivrons nos opérations avec sérénité et détermination", a déclaré le premier ministre israélien Ehoud Olmert qui rend le Hamas responsable de la crise actuelle. "Nous rendons plus difficile la vie quotidienne à Gaza, nous visons des éléments terroristes et nous essayons de montrer à la communauté internationale que nous épuisons toutes les options avant de décider d'une vaste opération", a affirmé pour sa part Ehud Barak, ministre israélien de la défense. Les deux dirigeants oublient toutefois de préciser que les tirs de roquettes palestiniens faisaient eux-même suite à un bain de sang commis par Tsahal à Jénine et à Gaza les jours précédents, juste après le départ de George W. Bush venu verser une larme à Jérusalem. En réalité, ce blocus total de la Bande de Gaza appuyé par les exactions de l'armée -- au cours de la semaine écoulée une quarantaine de palestiniens ont été tués et des centaines d'autres blessés, pas seulement les résistants islamiques mais aussi les simples habitants, y compris femmes et enfants -- fait à l'évidence partie d'une stratégie plus globale de prise en otage de l'ensemble de la population palestinienne afin de saper l'autorité des islamistes du Hamas, quitte à commettre un véritable génocide.
Depuis le second soulèvement palestinien, en 2000 (l'Intifada Al-Aqsa), plus de 6.000 palestiniens ont été tués lors de raids militaires israéliens dans les territoires, dont près d'un millier dans la seule Bande de Gaza depuis juin 2007. Depuis la Conférence d'Annapolis en novembre 2007, près de 150 Palestiniens ont été tués et 300 blessés lors des opérations de l'armée israélienne. Par ailleurs 830 autres ont été arrêtés et emprisonnés sans aucun procès, plusieurs centaines de maisons ont été arbitrairement démolies, la population des colonies juives illégales a encore augmenté de 4,5% et plus de 500 barrages empêchent la libre circulation sur les territoires. Les tirs de roquettes palestiniennes contre l'État hébreu ont eux causé la mort de 10 Israéliens depuis 2001.

Copyright © N. B. / La République des Lettres, lundi 21 janvier 2008

 

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Paris, mercredi 19 novembre 2008