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association le temps du tango

Fête de la musique (21 juin), Festival de Chaillot (du 13 au 29 Juin) et Quais de Seine (tout l'été) obligent: le tango redevient une mode saisonnière pour journalistes et touristes retraités, comme tous les étés depuis deux ou trois ans. Un animateur d'une grande radio lance qu'on n'est rien à Paris en 2003 si on ne sait pas danser le tango. Le Journal du Dimanche consacre une page entière à José Mosalini, Le Monde à Juan Cedron. Les journalistes des rubriques "Culture et Mode de vie" y vont tous en choeur de leur article annuel à clichés et les cameramen et photographes en tous genres recommencent à encombrer les pistes de danse. L'Express, Le Point, Le Monde, Libération, le Nouvel Observateur, Paris Metro, Le Figaro, les télévisions, etc. L'ensemble des médias se branche notamment sur le Festival Buenos Aires Tango au Théâtre de Chaillot, sympathique nouveau rendez-vous international et vraie locomotive pour la vulgarisation hors du cercle des initiés. La "pittoresque" milonga en plein air sur les Quais de Seine constitue le deuxième grand sujet bateau pour reporter en mal de papier. Même Patrick Poivre d'Arvor s'en mêle, lui qui prend des cours particuliers dans son hôtel particulier de Neuilly depuis un an. Son prof dit qu'il est bon danseur.
La Mairie de Paris, elle, après avoir couvert les panneaux d'affichage de la capitale d'une photo de tangueros piquée en douce sur les Quais de seine pour faire valoir la qualité de la vie sous l'ère Delanoë, semble avoir calmé les flics qui menaçaient régulièrement d'embarquer la sono les années précédentes. Elle promet aussi d'installer pour juillet et août 2004 une grande barge sur la rive droite de la Seine, spécialement dédiée à la salsa et au tango argentin, dans le cadre de la populaire opération Paris-Plage.
Toute cette petite agitation médiatique et cette reconnaissance institutionnelle sont-elles des bonnes choses pour le développement du tango argentin à Paris et en France ? peut-être, mais seulement si on veut bien oublier deux ou trois choses : D'une part la promotion du tango parisien ne bénéficie en grande partie qu'à une seule association, Le Temps du Tango. Forte de son ancienneté et omniprésente avec son air bonhomme de gentil club de papys tangueurs, cette représentante autoproclamée qui ne représente rien d'autre que la partie la plus ringarde du tango en France sait très bien y faire pour tirer doucement vers elle toute la couverture et se faire citer comme unique référence, captant ainsi dans ses filets pour son seul profit les nouveaux papillons de nuit débutants qui, dans l'enthousiasme de la première découverte, sont surtout de jolis moutons prêts à tondre entre adhésions, abonnements au bulletin, cours, stages dans le Périgord, bals avec fausses paillettes mais vrais dizaines d'euros d'entrée, et même réveillons de Noël "spécial tango" à Trifouillis les Oies. Seconde remarque, les médias, leur papier publié une fois l'an, ne tiennent aucune rubrique régulière sur les spectacles et les concerts et ne signalent que rarement les rendez-vous dans leurs pages de programmes. Enfin, en cours d'année, une majorité de milongas et de cours restent bien vides. Hormis les quelques dizaines d'accros permanents, ne restent une fois l'hiver venu que quelques retraités ou chômeurs ayant du temps libre, quelques comédiens ou artistes interessés sur le plan professionnel et quelques solitaires de la grande ville en mal d'amour et de relation de couple: divorcé(e)s, séparé(es)s, mères célibataires, etc, à la recherche de l'âme soeur, de nouveaux amis ou simplement d'une occupation qui permette quelques sorties originales le week-end. Beaucoup de jeunes adeptes enthousiastes au début, notamment les filles, laissent tomber rapidement le tango en constatant la réalité quotidienne: la moyenne d'âge qui dépasse la quarantaine, les jeunes fats dragueurs collants, les profs en retard d'un siècle qui ne savent ni inventer ni faire découvrir la beautée contemporaine du tango, les bals sans énergie et sans âme, le cirque des jeunes vaniteux et des vieux libidineux sur la piste de danse, la froideur insultante et le manque d'esprit à côté . . . Beaucoup décrochent bientôt lorsqu'ils trouvent un nouveau job ou un nouveau(elle) petit(e) ami(e) qui font oublier ce petit monde et on ne les voit plus qu'une ou deux fois par an dans les milongas.
Au delà donc du brassage permanent d'une population éphémère manquant l'essentiel du tango parce que mal initiée et rapidement déçue, il ne reste au total que quelques centaines de vrais amateurs réguliers, c'est-à-dire vraiment très peu de monde par rapport au public potentiel d'une ville comme Paris ou à celui qui se consacre par exemple à danser la Salsa ou même le bon vieux Rock'roll. Les masses mêlées de beaufs et de bobos en goguette s'écrasant consciencieusement les tongs en tournant à contresens du bal pour occuper leurs soirées d'été sur les Quais de Seine, ou les foules convergeant vers Chaillot ou le Palais royal (RDV Tango de la Fête de la musique cette année) aprés avoir vu le reportage à la télé ne signifient rien et PPDA a encore beaucoup de 20 heures à présenter avant que le tango se libère de ses vieux oripeaux pour devenir vraiment populaire. Juin 2003

 

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