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la movida du tango parisien

Quand le tango argentin renaît à Paris, il y a 20 ans, c'est sur une ruine de danse, sur un cadavre enterrré et oublié depuis 1950 par deux générations nourries de rock et de pop music. Ses deux mamelles sont le cabaret Les Trottoirs de Buenos-Aires et quelques premiers grands spectacles internationaux, bientôt relayés en ville par un petit groupe de de folkloristes, intellectuels, artistes, danseurs ou musiciens argentins et chiliens en exil. Puis vinrent les années '90, la création des milongas et des pratiques (Le Latina, La Maison verte, Les Quais de Seine), d'associations (Le Temps du Tango), de publications (La Salida), et de quelques petites recherches universitaires (les étudiants de Rémi Hess à Paris 8). La véritable "movida" du tango à Paris a lieu entre 1997 et 2000. Ces années-là voient l'éclosion d'une multitude de lieux, de cours, d'associations, à Paris mais également en province où s'élargissent aussi celles déjà existantes dans les grandes villes du sud de la France, de Marseille à Toulouse.
Un tournant s'amorce en 2001. Il semble bien en effet que, du moins sur Paris, le renouveau tangomaniaque de la décennie précédente commence à décliner à ce moment-là. Que constate-t-on en décembre 2002, après une rentrée en apparence effervescente et pleine d'initiatives ? Plus de 100 professeurs de tango dans la capitale certes, mais 90 d'entre eux n'ont pas ou très peu d'élèves. Une jeune génération de chorégraphes et de danseurs ? disons plutôt quelques simples intermittents du spectacle en mal de création, de statut et d'argent, les véritables professionels du tango se comptant sur les doigts d'une main et aucun ne semblant y gagner sa vie ou une véritable notoriété. Trois, quatre ou cinq milongas ouvertes chaque soir ? Là aussi peu de professionnalisme parmi les organisateurs et les DJ. Deux milongas seulement parviennent à réunir un nombre significatif de tangueros: celle d'Augusto une fois par semaine compte environ 250 entrées et le Bal des Métallos, une fois par mois, avec une moyenne de 500 entrées. Les autres lieux ne réunissent de façon soutenue au mieux que quelques dizaines de danseurs. Quelques organisateurs opportunistes à la petite semaine se content d'investir sans peine et sans risque de minuscules arrière-salles de café-restaurant où ne viennent que quelques amis fortement sollicités à qui on passe jusqu'à minuit de mauvaises compilations musicales, puis ferment en général discrètement quelques semaines ou mois après l'ouverture. Si l'on peut évaluer à au moins deux bons milliers le nombre de nouveaux adeptes ayant pris des cours de tango à Paris pendant la décennie '90, force est de reconnaître qu'ils sont seulement une centaine à danser régulièrement dans les milongas fin 2002. Il s'agit d'ailleurs essentiellement d'un cercle restreint de passionné(e)s, toujours les mêmes, qui se sont tous plus ou moins autoproclamés profs afin de continuer à vivre leur passion au quotidien. Des concerts? quelques soirées amicales dans des lofts. Des conférences et autres rencontres culturelles? Cela se résume à un rabâchage de la vieille histoire du tango par deux ou trois vieux routiers du genre devant un parterre de chaises vides. Tout cela dans une ambiance pas vraiment festive ni populaire et l'on ne voit pas bien d'où pourrait surgir une nouvelle dynamique. Constat: La movida du tango argentin à Paris est terminée. Les choses intéressantes vont peut-être commencer. Décembre 2002

 

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