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La République des Lettres

Biographie Octave Mirbeau

Octave Mirbeau
La mort de Balzac

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0061-2
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
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Octave Mirbeau

Octave Mirbeau

Journaliste, critique d'art, romancier et dramaturge français, Octave Mirbeau est né le 16 février 1848 à Trévières (Calvados).

Fils de médecin, il passe son enfance à Rémalard (Orne), dans un milieu compressif propice à la névrose, où il situera ses premiers romans. Après des études chez les jésuites de Vannes -- d'où il est chassé dans des conditions suspectes (cf. son roman Sébastien Roch) il travaille chez un notaire, puis participe, en 1870, comme mobile de l'Orne, à la débâcle des armées de la Loire (cf. Le Calvaire). Il possède déjà une plume remarquable et un humour dévastateur, tournant en dérision les "mystifications" politiques, religieuses et patriotiques (cf. ses ébouriffantes Lettres à Alfred Bansard, posthumes, 1989).

Pour s'évader du "cercueil notarial", ce fils de la Révolution accepte de suivre à Paris, comme secrétaire, le leader bonapartiste Dugué de la Fauconnerie, qui l'introduit à L'Ordre en 1872. Alors commence une longue période de prolétariat de la plume et de compromissions qu'il lui faudra expier. Il rédige les éditoriaux politiques de son patron, assume la "Revue dramatique", et fournit, sous pseudonyme, ses Premières chroniques esthétiques (1993), où il éreinte les académistes et glorifie Corot, Puvis de Chavannes et Manet.

De 1877 à 1879, dans l'Ariège, il sert le baron de Saint-Paul, comme chef du cabinet du préfet de l'Ordre moral, puis comme rédacteur en chef de L'Ariégeois. Il devient ensuite secrétaire d'Arthur Meyer, directeur du Gaulois, légitimiste et mondain. Tout en fournissant des articles politiques à Paris-Journal, il écrit pour Le Gaulois des chroniques d'ethnographie parisienne: Paris déshabillé (1991), Petits poèmes parisiens (1992) et La Journée parisienne.

Parallèlement Octave Mirbeau fait le "nègre", et publie, sous pseudonyme, de remarquables romans d'observation, d'un pessimisme radical (L'Écuyère, La Maréchale, La Belle Mme Le Vassart, Dans la vieille rue) et des recueils de nouvelles d'un humour étincelant (Noces parisiennes, Amours cocasses).

Chassé du Figaro, après un pamphlet sulfureux contre la cabotinocratie (1882), il dirige un biquotidien d'informations rapides, puis, pour le compte du financier Edmond Joubert, un hebdomadaire de combat antiopportuniste, à l'antisémitisme vite renié, Les Grimaces (1883). Après un séjour à Audierne, où il a fui une passion destructrice pour une certaine Judith (la Juliette du Calvaire), il entame sa "rédemption" tolstoïenne à l'automne 1884, en mettant dorénavant sa plume au service de la justice (il se rallie à l'anarchisme) et de la beauté (il se bat pour imposer Rodin, Monet et les impressionnistes, proclame le génie de Van Gogh, Camille Claudel et Maillol).

En 1885, il fait paraître dans la presse ses Notes sur l'art (1989), ses Chroniques du diable (1993), et d'étonnantes Lettres de l'Inde (1991). Il publie les Lettres de ma chaumière (recueillies dans Contes cruels, 1990). Ses trois premiers romans officiels, Le Calvaire (1886) -- où il exorcise sa passion pour Judith --, L'Abbé Jules (1888) et Sébastien Roch (1890), nourris de souvenirs personnels, se ressentent de la "révélation" de Tolstoï et de Dostoïevski, et tentent de sortir de l'ornière naturaliste, où il voit la "mort de l'art". Il y instruit le procès de la société bourgeoise, oppressive, hypocrite et inique.

En dépit d'une grave crise personnelle et conjugale -- qui lui inspire Dans le ciel -- Octave Mirbeau poursuit, dans Le Journal, ses Combats politiques (1990) en faveur d'un idéal libertaire, ses Combats esthétiques (1993) et ses Combats littéraires, en faveur d'un art vivant, ainsi que ses Combats pour l'enfant (1990). Il s'engage à fond dans la bataille dreyfusiste pour la justice et la vérité (L'Affaire Dreyfus, 1991).

Au tournant du siècle, il publie Le Jardin des supplices (1899), Le Journal d'une femme de chambre (1900) et Les 21 Jours d'un neurasthénique (1901), qui remportent un succès de vente ambigu. Il triomphe aussi au théâtre: Les Mauvais Bergers (1897), tragédie prolétarienne sur un sujet proche de Germinal; Les affaires sont les affaires (1903), qui marque un retour à la grande comédie classique de moeurs et de caractères (Isidore Lechat est un type qui est resté); six Farces et Moralités (1904); et Le Foyer, créé au Théâtre-Français en 1908, après une longue bataille qui soulève les passions.

En 1907 paraît La 628-E 8, récit d'un voyage en automobile, où Marinetti salue les prémices du futurisme. Le chapitre sur La Mort de Balzac suscite un scandale, et Mirbeau se résigne à le supprimer (il est réédité en 1939). Malade, usé, incapable d'écrire, il laisse en plan Un gentilhomme et recourt à Léon Werth pour terminer Dingo (1913), histoire de son chien, qui le console de la monstruosité des hommes.

La guerre de 1914 achève de le désespérer. Au lendemain de sa mort, survenue le 16 février 1917 à Paris, sa veuve, l'ex-théâtreuse Alice Regnault, fait paraître un pseudo-"testament politique", faux patriotique concocté par le renégat Gustave Hervé, qui brouillera pour longtemps l'image de ce don Quichotte assoiffé d'absolu, dont la cruauté apparente -- "c'est au vitriol qu'il débarbouille les salauds" (Elémir Bourges) -- n'est que l'envers d'une sensibilité d'écorché vif.

Polémiste redouté, critique d'art infaillible, écrivain engagé dans toutes les grandes batailles de son temps, et soucieux de dessiller les yeux de ses contemporains pour éveiller en eux l'étincelle de la conscience, Octave Mirbeau a participé à la révolution du regard des impressionnistes et a mis en oeuvre une esthétique de la révélation: totale subjectivité, dérision, démystification. Sensible à la crise du roman et du théâtre, et désireux d'éviter les impasses du symbolisme et du naturalisme, il a ouvert la voie à nombre de courants littéraires du vingtième siècle (expressionnisme, existentialisme, théâtre de l'absurde, théâtre didactique).

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