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La République des Lettres

Biographie André Malraux

Mélanie Wolfe
Malraux, Vie et oeuvre d'André Malraux

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0046-9
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

André Malraux

André Malraux

Écrivain et homme politique, André Malraux est né le 3 novembre 1901 à Paris. Après le divorce de ses parents, il est élevé par sa mère et sa grand-mère à Bondy. Il y fréquente le collège, suit des cours à partir de 1919 au Musée Guimet et à l'École du Louvre et apprend le sanscrit. Gagnant sa vie dans le commerce du livre d'occasion, il est introduit auprès des milieux intellectuels et rencontre André Gide, Max Jacob, Pierre Reverdy

En 1920, il publie son premier article dans la revue La Connaissance: "Des origines de la poésie cubiste". L'année suivante, paraît chez Kahnweiler un récit fantastique que Malraux qualifie de "farfelu": Lunes en papier (1921), illustré par Léger. Maurice de Vlaminck, André Derain et Pablo Picasso deviennent ses amis. La revue Dés publie, en 1922, "Des lapins pneumatiques dans un jardin français", texte inspiré par le principe d'une liberté formelle de l'imaginaire, cher à ses amis peintres. Il continue à Paris ses recherches sur l'art, fait paraître des études sur André Gide, Gobineau, Max Jacob et préface Mademoiselle Monk de Charles Maurras (1923).

Poussé par le goût de l'aventure et des intérêts artistiques, il part en 1923 avec Clara Goldschmidt, sa jeune épouse, et son ami d'enfance Louis Chevasson pour l'Indochine, chargé d'une mission archéologique. Lors d'une expédition à travers la jungle, il enlève quelques statues khmères dans un temple à Banteaï-Srey. Revenu à Pnom-Penh, il est inculpé le 24 décembre 1923 et condamné en juillet 1924 à trois ans de prison ferme. René-Louis Doyon, directeur de La Connaissance, entreprend alors à Paris une action en sa faveur à laquelle s'associent Marcel Arland, François Mauriac et Jean Paulhan. Grâce à la pétition des intellectuels, le jugement de Pnom-Penh est cassé en appel. L'absurdité d'un procès au cours duquel Malraux ressentit la dureté de l'administration coloniale renforce en lui le sentiment d'humiliation éprouvé au cours de sa jeunesse et le pousse vers une attitude de révolte sociale qui s'exprime lors de sa deuxième période indochinoise en 1925, plus engagée; il participe au mouvement nationaliste Jeune Annam et lutte avec Paul Monin contre la politique d'asservissement du régime colonial dans le journal L'Indochine, qui deviendra après une interdiction L'Indochine enchaînée. Outre ses articles de lutte anticolonialiste, il y publie sous un pseudonyme "L'expédition d'Ispahan", qui clôture avec Le Royaume farfelu, paru en 1928 chez Gallimard, le cycle "farfelu".

Parti en Asie comme aventurier et amateur d'art, Malraux quitte Saïgon en décembre 1925, malade, mais enrichi par l'expérience de la solidarité de l'action politique. Cette expérience asiatique trouve alors une première expression dans l'essai La Tentation de l'Occident (1926). Face à l'idéologie de l'Occident défendue par l'Action française et Henri Massis, il y évoque la crise de l'Europe et de ses valeurs, annonçant le nihilisme comme dernière phase de l'ère moderne. Mais il parle aussi de la crise de la culture chinoise, la lucidité au sens nietzschéen restant la seule valeur. Malraux constate en 1926, l'un des premiers, que l'Histoire a cessé de se jouer exclusivement en Europe: "En ce début de siècle, c'est le monde qui envahit l'Europe". Dans un autre essai, D'une jeunesse européenne (1927), il fait observer que les Européens interprètent le monde à travers les catégories inadéquates du passé. Quant à lui, il cherche à traduire l'expérience du présent par un "mythe cohérent", dont il donnera la première expression dans une série romanesque: Les Conquérants (1928), La Voie royale (1930) et La Condition humaine (1933, prix Goncourt).

Dans La Voie royale, conçue et ébauchée avant Les Conquérants, il transpose son aventure en pays khmer. Conscient de leur contingence et de la pesanteur du destin, les héros y cherchent la liberté par le moyen de l'aventure. Dans Les Conquérants et La Condition humaine, il ébauche les attitudes possibles face à la révolution. Si sa conception de la révolution est influencée par le marxisme, elle ne l'est pas en tant qu'illustration d'une doctrine: elle médiatise les points de vue variés des personnages, qui ne se confondent pas avec celui de l'auteur. Ainsi le marxisme apparaît surtout comme une pratique révolutionnaire. Proche de la tradition anarchiste française, Malraux accentue la dimension volontariste face à une vision fataliste de la révolution. Si Les Conquérants commence par une grève générale, c'est justement que l'auteur attribue à l'action, non plus aventurière mais révolutionnaire, une importance primordiale. La signification que celle-ci revêt pour l'individu est davantage mise en relief que la finalité politique, qui reste provisoire dans Les Conquérants, où les masses organisées sont à peine évoquées: aux yeux de Malraux, l'héroïsme, moteur de l'Histoire, est le fait d'une élite, conception qui sera critiquée par Trotski. La lutte des classes n'est donc pas un concept clé, et les révolutionnaires cherchent moins à transformer les conditions économiques qu'à rendre la dignité aux opprimés. Le thème central de ces romans est la recherche de valeurs humaines qui se distinguent aussi bien de l'individualisme bourgeois que de la négation de l'homme par la société totalitaire.

Cette recherche de l'humain et de son plein épanouissement sont incarnés par Garine dans Les Conquérants, et par le groupe des révolutionnaires de Shangaï dans La Condition humaine, qui illustre des valeurs authentiquement humaines actualisant par le combat une fraternité qui nie l'individualisme égoïste. Les figures humaines de l'univers romanesque de Malraux se différencient nettement des représentants de l'individualisme (d'obédience libertaire comme Hong et Tchen ou de la tendance libérale comme Tcheng-Daï ou Gisors) mais aussi des personnages totalitaires chez qui domine l'esprit de parti, comme Borodine dans Les Conquérants, ou le groupe de Hankéou dans La Condition humaine, qui sacrifie les révolutionnaires au nom d'un pragmatisme assez cynique. Malraux se distingue par son humanisme social, par son sens de l'Histoire, mais aussi par son obsession de la transcendance. Derrière l'injustice sociale se profilent chez lui la servitude métaphysique, la contingence de l'homme et l'absurdité de l'existence qui se manifeste dans la mort. Malraux reconnaît que la suppression des servitudes sociales et économiques ne saurait libérer l'homme de sa misère métaphysique.

Mais son engagement politique n'est pas moins authentique et réel: il entre en contact avec les organisations réunissant des écrivains engagés; il adhère en décembre 1932 à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires. La prise de pouvoir de Hitler renforce cet engagement. Il prend la parole au meeting de l'AEAR en mars 1933 et plaide pour une alliance avec Moscou sous le signe de l'antifascisme. En janvier 1934, il se rend avec Gide à Berlin pour remettre à Goebbels la pétition des intellectuels demandant la libération de Dimitrov innocent de l'incendie du Reichstag. En août de la même année, il est invité comme seul membre non communiste de la délégation française au congrès des écrivains soviétiques à Moscou, où il oppose l'idée de la liberté créatrice, indispensable à l'artiste, au dogme du réalisme socialiste. Il est alors compagnon de route: sans abandonner ses propres idées, il croit devoir être aux côtés des communistes pour une action et un temps déterminés. Il se réclame de la dimension humaniste du communisme, qui concorde avec la certitude que les hommes unis par un but commun accèdent à des valeurs auxquelles ils n'accéderaient pas seuls. Il illustrera le thème de la fraternité virile dans un roman, Le Temps du mépris (1935), où il aborde la persécution nazie et montre, à travers l'exemple du communiste allemand Kassner, la force de la fraternité. Un camarade se sacrifie pour celui qui a des responsabilités politiques plus importantes. Malraux défend l'idée de la solidarité face au nationalisme fasciste lors du Congrès pour la défense de la culture, en juin 1935, à Paris.

Lorsque la guerre civile éclate le 18 juillet 1936 en Espagne, Malraux s'envole quelques jours plus tard en tant que coprésident du Comité mondial contre la guerre et le fascisme à Madrid. Il revient ensuite à Paris informer l'opinion publique que la cause des républicains espagnols n'est pas perdue. Il définit alors très lucidement le caractère particulier de la Révolution espagnole: dans ce mouvement de résurrection nationale, on voit, explique-t-il, pour la première fois, un peuple prendre les armes pour défendre son gouvernement contre l'armée. Malraux ne se contente pas du rôle de témoin engagé. Il intervient par l'action. Ayant compris que l'avantage des franquistes au sol est tel que seule une force aérienne peut les empêcher de prendre Madrid, il forme l'escadrille "Espana", composée d'une vingtaine d'appareils, qui d'août à décembre 1936 prend part au combat. Sans formation adéquate, Malraux participe aux vols avec un grand courage et dirige le groupe de son autorité naturelle. Quand l'escadrille est dissoute en février 1937, il passe six semaines aux États-Unis et au Canada pour informer l'opinion publique américaine et recueillir des fonds au profit de l'Aide médicale espagnole.

Le témoignage le plus durable de l'expérience espagnole reste son roman, L'Espoir (1937), composé très rapidement, de février à mai 1937. Il y dresse un tableau du combat républicain du début de la guerre civile jusqu'à la bataille de Guadalajara (mars 1937). L'Espoir semble à première vue l'envers de La Condition humaine. Si dans le roman de 1933 l'éthique marxiste était opposée à la discipline de parti, dans L'Espoir l'idéologie perd son importance face aux problèmes liés à l'organisation, ce qui implique une valorisation des communistes qui avaient mis au point, contrairement aux socialistes et aux anarchistes, des formes d'organisation efficaces. Les anarchistes sont critiqués par Garcia parce qu'ils préfèrent l'action en soi à la finalité politique. Lucien Goldman a ainsi pu considérer L'Espoir comme un livre écrit dans une perspective stalinienne, se plaçant uniquement sur le plan de la discipline et de l'organisation et sacrifiant toutes les autres valeurs. Cette interprétation réduit à une seule position, celle qui est défendue par les communistes orthodoxes, la complexité d'un roman qui exprime le conflit entre l'ordre et la passion, entre l'éthique et la politique, conflit fécond par son caractère insoluble et qui frémit à travers les pages de L'Espoir, comme l'observe Emmanuel Mounier. La réduction du communisme à une forme d'organisation est critiquée dans le roman par les socialistes et les anarchistes comme étant un appauvrissement de sa dimension humaniste. L'organisation de l'action ne se justifie pas par elle-même, mais par des valeurs éthiques: "Il y a des guerres justes [...], la nôtre en ce moment." Les motifs qui informent le combat sont les mêmes que ceux de la communauté révolutionnaire dans La Condition humaine. Il s'agit d'arracher les hommes à leur situation absurde d'humiliés et d'opprimés en leur donnant confiance en eux. La fraternité, mot clé du roman, est opposée à l'humiliation. Elle implique l'espoir, et l'espoir, c'est la volonté de vaincre. Discipline et organisation ne sont que les moyens de parvenir à ce but. L'organisation disciplinée telle que la pratique Manuel repose sur la confiance, alors que la discipline fasciste agit par la contrainte et la hiérarchie. Si le protagoniste se soumet au parti, c'est qu'ici organisation et éthique se confondent, ce qui n'était pas le cas pour le héros des Conquérants et de La Condition humaine. Si Manuel est convaincu que le parti défend les intérêts des opprimés, le conflit entre sa conscience et les directives du parti lui est épargné. En contrepoint de son engagement politico-militaire aux côtés du parti, la musique qui résonne dans les dernières pages du roman peut être interprétée, en partant de Nietzsche, comme l'expression de la richesse dionysiaque de la vie, l'engagement communiste n'étant pour le héros qu'une, et non pas la seule, manifestation possible de la vie. Mais la fin du roman n'incite pas à la résignation. Afin de toucher un public plus large, Malraux en tire un film intitulé Sierra de Teruel, qu'il tourne entre juillet 1938 et mai 1939, dans des conditions extrêmement difficiles. Pendant la guerre, l'unique copie du film ne tombe pas entre les mains des Allemands et, à sa sortie en 1945, sous le titre L 'Espoir, le film reçoit le prix Louis Delluc.

Si Malraux a commencé, dès 1937-1938, à se détacher du communisme, c'est surtout le choc du Pacte germano-soviétique qui l'en a éloigné. En mars 1940, il s'engage dans un régiment de blindés à Provins, participe aux batailles de mai 1940, est fait prisonnier en juin près de Sens, s'évade, gagne la zone libre et s'installe près de Nice sans encore s'engager dans la Résistance. Il se consacre à un ouvrage sur Lawrence d'Arabie dont ne paraîtra qu'un chapitre: N'était-ce donc que cela ? (1948), poursuit ses travaux sur l'art (La Psychologie de l'art, à laquelle il pense depuis 1935) et imagine un nouveau roman, La Lutte avec l'ange, qui n'est plus un récit de combat mais une méditation sur l'Histoire, l'art, la métamorphose des civilisations, la nature de la servitude. Le premier tome paraît en 1943 en Suisse sous le titre Les Noyers de l'Altenburg. Si ce livre souligne davantage les virtualités tragiques de l'action, on y trouve l'esquisse d'une autre réponse face au destin: le héros évoque Nietzsche en proie à la folie, chantant son dernier poème et découvrant que certains chefs-d'oeuvre résistent au néant. L'art se révèle ainsi anti-destin au même titre que l'action: par l'art l'homme prend conscience de sa condition et échappe à la fatalité, pensée qui inspirera les ouvrages de l'après-guerre relevant d'une métaphysique de l'art. Ainsi, dans Les Noyers de L'Altenburg, Malraux fait implicitement l'autocritique de son engagement en Indochine et en Espagne. Le héros du roman, Vincent Berger, Alsacien allemand, éminence grise d'Enver Pacha, se bat pour la cause de la Turquie et échoue: "On ne fait pas la nation des autres", telle est la leçon que Malraux en tire, passant de l'engagement révolutionnaire au combat national.

Les deux frères de Malraux étaient entrés dans la Résistance dès les premières heures. Lui-même, installé en Corrèze depuis 1942. rejoint le combat en 1944 sous le nom de colonel Berger: il commande les FFI du Lot, de la Dordogne et de la Corrèze. Blessé et fait prisonnier, il est l'objet d'un simulacre d'exécution à Gramat. Incarcéré à Saint-Michel de Toulouse, il s'évade et prend le commandement de la brigade autonome Alsace-Lorraine, qui, en novembre 1944, prend Dannemarie et en janvier 1945, avec la première DFL, sauve Strasbourg de l'offensive von Runstadt. Pour une fois, Malraux est du côté des vainqueurs. "Dans la Résistance, j'ai épousé la France", écrira-t-il dans les Antimémoires. En 1945, il constate: "Dans le domaine de l'Histoire, le premier fait capital des dernières années est le primat de la nation. Dans ce domaine, ce n'est pas Marx qui a été prophète, c'est Nietzsche". Mais l'idée de nation comporte essentiellement, en France, comme il le souligne dans Les Chênes qu 'on abat (1971), une dimension universelle: "La France n'était grande que lorsqu'elle l'était pour le monde."

Le 10 août 1945, Malraux, fasciné, rencontre de Gaulle et, en novembre, il entre comme ministre de L'Information dans le cabinet que forme le Général. Il devient ensuite délégué à la propagande du RPF, le parti fondé par de Gaulle, pendant sa "traversée du désert". À cette époque commencent à paraître les grands livres de Malraux sur l'art, où il cherche, par l'histoire des formes, ce qui, malgré l'Histoire, les rend éternelles. Chez Skira, à Genève, sont publiés successivement Le Musée imaginaire (1947), La Création artistique (1948), La Monnaie dans l'absolu (1949), regroupés dans La Psychologie de l'art, puis repris, remaniés, dans Les Voix du silence (1951). En 1950, Gallimard publie Saturne, essai sur Goya. La nécessité de donner une suite aux Voix du silence s'impose à Malraux à Lucerne. Il se consacre alors à un nouvel ouvrage, qui paraît en 1957 sous le titre La Métamorphose des dieux I. Un deuxième tome, en 1974. s'intitulera L'Irréel et le troisième, en 1976, L'Intemporel. Dans le sillage du Musée imaginaire, où il retraçait l'avènement de la notion moderne de l'art à la suite de l'apparition des musées et de la vulgarisation de la reproduction photographique, La Métamorphose des dieux développe, à travers une histoire des styles, la théorie de l'artiste-démiurge dont l'acte créateur fait surgir un monde autonome transcendant celui des apparences.

L'Histoire reprend Malraux au moment de la guerre d'Algérie. Lors de la saisie du livre La Question, d'Henri Alleg, qui, engagé aux côtés du FLN, a dénoncé la torture, Malraux signe en avril 1958, avec Roger Martin du Gard, François Mauriac et Jean-Paul Sartre, une Adresse solennelle au président de la République. De Gaulle, revenu au pouvoir, appelle Malraux, qui restera auprès du fondateur de la Ve République jusqu'à son départ en 1969. Le 1er juin 1958, il est nommé ministre délégué à la présidence du Conseil, puis il devient ministre de l'Information, comme à la Libération. En 1959, il est nommé ministre chargé des Affaires culturelles. Il crée le service des fouilles, ordonne l'inventaire des monuments et richesses artistiques de France, fait restaurer des chefs d'oeuvre en péril et ouvre des maisons de la culture. Sous son impulsion, l'art retrouve, à travers les grandes expositions, une audience nouvelle. En 1963, il accompagne la Joconde à Washington. En 1964, il plaide, au Québec, pour une civilisation des héritiers de Rome et d'Athènes face à ceux de la Russie et de l'Amérique. En août 1965 enfin, en Chine, il remet un message de De Gaulle à Mao.

En 1967, il fait paraître ses Antimémoires, saluées comme un événement littéraire. L'ouvrage ne relève ni de la tradition des mémoires politiques ni de l'autobiographie. "L'homme qu'on trouvera ici, c'est celui qui s'accorde aux questions que la mort pose à la signification du monde". La narration suit, d'une part, un voyage en Orient dont les escales sont celles d'un voyage antérieur; elle s'adapte, d'autre part, aux titres des chapitres de l'ouvrage. En 1971, Malraux publie des Oraisons funèbres où sont rassemblés ses discours commémoratifs (la Libération de Paris, hommage à la Grèce, funérailles de Braque, de Le Corbusier, de Jean Moulin). L'un des seuls à être admis à Colombey-les-Deux-Eglises après la retraite de De Gaulle, il publiera un hommage au général sous forme d'entretiens, sous le titre emprunté à Victor Hugo, Les Chênes qu'on abat (1971).

Charles De Gaulle a été pour lui une de ces grandes incarnations du mythe où combattants et citoyens se reconnaissent. Pour Malraux, il y a une analogie entre l'homme d'action et l'artiste, tous deux créateurs, l'un créant l'Histoire, l'autre l'oeuvre d'art. Une admiration analogue s'exprime dans l'ouvrage qu'il consacre en 1974 à Pablo Picasso: La Tête d'obsidienne. La même année paraît Lazare (1974), confrontation poignante avec la mort au moment d'un séjour à l'hôpital de la Salpêtrière. Après Hôtes de passage (1975), retraçant des entretiens avec Léopold Sédar Senghor, Georges Salles, et avec Maurice Torrès au sujet de mai 1968, il rend dans L'Homme précaire et la littérature (1977), son dernier ouvrage, un vibrant hommage à l'art, auquel il est toujours resté fidèle.

André Malraux est mort le 23 novembre 1976, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. Ses cendres ont été transférées au Panthéon vingt ans plus tard, le 22 novembre 1996.

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