Google | Twitter | Facebook | RSS | Lettre d'information | Fnac | Kobo | Immatériel | iTunes | Amazon

La République des Lettres

Biographie Joris-Karl Huysmans

Joris-Karl Huysmans
Gilles de Rais

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0095-7
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Joris-Karl Huysmans

Joris-Karl Huysmans

Écrivain français, Joris-Karl Huysmans -- de son vrai nom, Georges Charles Marie Huysmans -- est né à Paris le 5 février 1848.

Né à Paris, mais héritier par son père d'une lignée d'artistes flamands, son enfance est assombrie par le remariage de sa mère. Élève assez terne au lycée Saint-Louis, il suit pendant quelque temps des cours de droit, puis devient, en 1868, petit fonctionnaire au ministère de l'Intérieur. Incorporé en 1870 dans les mobiles de la Seine, réformé, réintégré dans son ministère, il fait quelque temps après la guerre un voyage en Hollande, à la suite duquel il prend les prénoms de Joris-Karl

En 1874, il publie à ses frais Le Drageoir aux épices, recueil de poèmes en prose, suivi d'un premier roman, Marthe, histoire d'une fille. Ces débuts le font remarquer d'Émile Zola et, en compagnie de Henry Céard, Guy de Maupassant, Paul Alexis et Léon Hennique, Huysmans, avec sa nouvelle Sac au dos, collabore aux Soirées de Médan, recueil-manifeste de la jeune école naturaliste.

En 1879, c'est à Zola qu'il dédie Les Soeurs Vatard. Dès cette époque, cependant, son originalité s'affirme en marge du groupe: son style d'abord, de visuel, de peintre, avec une précision et un coloris d'enluminure, le distingue des autres naturalistes. Le naturalisme, d'autre part, déborde d'une santé robuste, il manifeste une confiance presque mystique dans les forces élémentaires de la vie, tandis que Huysmans est un petit bourgeois hépatique et pessimiste, exhalant son écoeurement devant le monde moderne qu'il considère composé en majorité "de sacripants et d'imbéciles".

Dans En ménage (1881), À vau-l'eau (1882), c'est lui-même qu'il met en scène dans des personnages de petits célibataires lamentables aux prises avec des filles ou, comme M. Folantin, avec la mauvaise cuisine des restaurants à bon marché. Ces misères dérisoires prennent chez Huysmans une importance démesurée, obsédante, car elles symbolisent l'absurdité d'existences ternes, inconnues, sans issue. Avec une sorte de parti pris et un impitoyable soin du détail, le romancier s'établit dans ce désespoir d'autant plus accablant qu'il ne tient pas à des circonstances exceptionnelles mais à l'essence même de la vie quotidienne. Tout en publiant ses livres, J.-K. Huysmans poursuit posément, exactement, sa carrière de fonctionnaire, suivant la filière administrative, voyageant peu, sans autres aventures que celles de son imagination.

A rebours (1884) marque une rupture déjà plus nette avec l'esthétique naturaliste: Des Esseintes, le personnage de ce livre, est le type du "décadent" maniaque impuissant à renouveler sa sensation sinon par un détraquement systématique du système nerveux, par une recherche effrénée d'imaginations bizarres et d'excentricités morbides. C'est l'époque où le jeune Maurice Barrès s'écrie: "Réfugions-nous dans l'artificiel" et A rebours illustre le changement profond que va connaître la littérature avec le symbolisme. Des Esseintes reste pourtant de la même famille spirituelle que M. Folantin: si leurs moyens d'évasion sont différents, c'est bien un même dégoût du siècle qui les anime. Huysmans arrive à une sorte de nihilisme qui justifie le dilemme où l'accule Barbey d'Aurevilly: "La bouche d'un pistolet ou les pieds de la Croix".

Avant de se convertir, il passe toutefois par l'étape satanique avec Là-bas (1891), où s'exprime son intense curiosité des phénomènes surnaturels, suscitée par ses relations avec des occultistes, des magnétiseurs, et surtout avec le prêtre défroqué Joseph-Antoine Boullan. Huysmans vit alors pendant quelque temps entouré de pressentiments, de menaces mystérieuses; il se croit victime des vengeances diaboliques des Rose-Croix, mais Boullan meurt en 1893 et le romancier se trouve désormais sous la seule influence de l'abbé Mugnier, qu'il a rencontré en 1891. C'est sur le conseil de celui-ci que, l'année suivante, il fait à la trappe d'Igny une retraite suivie, de 1894 à 1896, par plusieurs séjours à Solesmes et à Saint-Wandrille.

À Igny, Huysmans se confesse et communie: conversion soudaine, racontée dans En route, qui suscite une vive agitation dans les milieux littéraires parisiens. Centré sur le personnage de Durtal, le roman de sa conversion va se poursuivre par La Cathédrale (1898) et L'Oblat (1903). En 1898, il avait en effet décidé de prendre sa retraite et d'aller mener la vie des oblats à côté de l'abbaye de Ligugé. C'est là qu'il écrit sa biographie de Sainte Lydwine de Schiedam. Les moines ayant été expulsés par la loi sur les congrégations, Huysmans rentre à Paris, se retire chez les bénédictines de la rue Monsieur, fait paraître en 1906 Les Foules de Lourdes, réplique au livre d'Émile Zola.

Il meurt à Paris 12 mai 1907, après de terribles souffrances supportées avec une foi ardente. Car le christianisme de Huysmans est absolument sincère même si l'écrivain n'a rien renié de son esthétique passée. Converti, il garde le "style artiste" et renouvelle avec un réalisme imagé et savoureux la littérature catholique. Il a le droit de rester fidèle à l'art, puisque c'est l'art d'abord qui l'a attiré vers l'Église et attaché à elle: le critique qui, en 1883, exaltait dans L'Art moderne des méconnus comme Paul Cézanne, Edgar Degas, Georges Seurat, Camille Pissarro et Odilon Redon, ne se lasse plus d'être émerveillé par le symbolisme de la cathédrale de Chartres, par les lumières colorées de ses vitraux, par les in-folios enluminés des vieux moines.

J.-K. Huysmans est un merveilleux érudit -- trop érudit pour être un véritable romancier: il s'occupe moins de construire une intrigue que de faire entrer dans son roman d'abondantes et passionnantes digressions sur l'art, l'histoire, la science, la bibliophilie, la religion. Peut-être est-il aussi trop réellement tourmenté par le problème de sa propre vie pour inventer des personnages. Il n'a pas eu de son vivant les triomphes de librairie d'un Zola ou d'un Maupassant, mais son succès est durable, entretenu par un cercle de fidèles fervents qui aiment en lui l'homme autant que l'écrivain.

Copyright © Michel Mourre / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

Abonnement à la Lettre d'info

Google | Twitter | Facebook | RSS | | Fnac | Immatériel | Kobo | iTunes | Amazon
Copyright © Noël Blandin / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013
Siren: 330595539 - Cppap: 74768 - Issn: 1952-4307 - Inpi: 93483830
Catalogue des éditions de la République des Lettres
Brève histoire de la République des Lettres
A propos de la République des Lettres