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Guillermo Cabrera Infante

L'écrivain cubain dissident Guillermo Cabrera Infante, l'un des chef de file de la littérature latino-américaine contemporaine, est mort à Londres lundi 21 février, à l'âge de 75 ans, des suites d'une septicémie contractée lors d'une hospitalisation.

Romancier, nouvelliste et essayiste, Guillermo Cabrera Infante est né le 22 avril 1929 à Gibara (Cuba). Il exerce très jeune divers métiers et étudie le journalisme. En 1951 il fonde la Cinémathèque de Cuba et dirige la revue la revue de cinéma Carteles (1954-1960). Les articles de critique cinématographique très littéraires qu'il y publie seront réunis plus tard dans un recueil intitulé Un métier du XXème siècle (1963). En 1959, au moment de la révolution contre la dictature de Fulgencio Batista, il fonde Lunes de Revolution, un supplément littéraire au journal du jeune régime castriste, mais ses pages seront interdites peu après, en 1961, lorsqu'il prend position contre la politique de Fidel Castro. Après une mise au placard comme attaché culturel à Bruxelles de 1962 à 1965, il décide de rompre avec le régime cubain et s'exile définitivement, s'installant à Londres avec son épouse l'actrice Miriam Gomez. Il y passera tout le reste de sa vie et deviendra citoyen britannique.
Cabrera Infante a d'abord publié un recueil de nouvelles intitulé Dans la paix comme dans la guerre (La Havane, 1960) suivi en 1964 du célèbre roman Trois Tristes Tigres qui décrit la nuit cubaine avant la révolution. Paraîtront ensuite divers recueils et récits tels entre autres Vision de l'aube aux tropiques (1974) ou Coupable d'avoir dansé le cha-cha-cha, ainsi que plusieurs essais et pamphlets anti-castristes tels Mea Cuba (1992) entre autres. Son oeuvre la plus connue est le roman La Havane pour un infante défunt, publié en 1979, où il évoque avec humour et nostalgie une série d'aventures érotiques à La Havane. Parmi les dernières fictions éditées, citons aussi Holy smoke (1986), écrit directement en anglais.
Guillermo Cabrera Infante était également traducteur, notamment de James Joyce et Lewis Caroll en espagnol. Sa littérature, d'une prodigieuse érudition, riche en inventions verbales, pleine d'humour et de dérision, est fortement marquée par l'expérience de l'exil et par l'engagement anti-castriste. Il avait reçu en 1997 le Prix Cervantes, le plus prestigieux des prix littéraires espagnols.

N. B.

Publié le mardi 22 février 2005 à 17:09
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