Peter Berling

Existe-t-il une correspondance entre la corpulence d'une oeuvre et celui de son créateur? A voir l'écrivain allemand Peter Berling, colosse de 135 kg et sa saga des Enfants du Graal, quatre tomes de 800 pages chacun, on pourrait le croire... L'an passé, Peter Berling avait publié le premier tome de cette saga qui commencait en 1244 par la fuite de deux enfants royaux rescapés du massacre des Cathares. A leurs basques, l'empereur Frédéric II, le pape Innocent IV, sarrasins et Templiers. Son ouvrage, qui avait été un immense best-seller en Allemagne et en Espagne, avait remporté un joli succès d'été en France. Cette année, il publie en langue française le deuxième tome, Le Sang des Rois, qui débute à Chypre, en l'an 1249. On retrouve Yeza, la fille et Roé le garçon. La croisade de Saint Louis se prépare. Les enfants entament une course-poursuite à travers le Moyen-Orient, course qui les mènent à Masyaf, en Syrie, forteresse des Assassins, secte chiite et ismaélite, chez l'émir de Homs... Deux autres tomes sont prévus, La Couronne du monde et Le Calice noir.

A l'image de son oeuvre, sa vie est une saga. Peter Berling -- poisson ascendant lion -- est né en 1934, dans une famille d'émigrés russes, dans la partie d'Allemagne de l'Est aujourd'hui polonaise. Il a été le producteur de plusieurs grands réalisateurs, notamment de Rainer Werner Fassbinder. Fassbinder a été son ami, et il lui a consacré une biographie que sa veuve n'a "pas du tout appréciée". Peter Berling a joué également dans plus de 70 longs métrages, au point d'être qualifié par un journaliste de "plus important des seconds rôles". Possédant incontestablement une "gueule", il incarne l'empereur fantoche Guzman dans Aguirre ou la colère de Dieu de Werner Herzog, un cardinal dans Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud, l'Archevêque d'Assise dans Francesco de Liliana Cavani. On le retrouve récemment dans le film d'Enki Bilal Tykho Moon. Il a été également journaliste pendant quatre ans pour Der Spiegel, Lui, Playboy et Cinéma en 1984, avant d'écrire en 1988 La Vie de Saint-François, son premier livre. Vivant à Rome, il travaille la nuit, après avoir copieusement dîné. Peter Berling a amassé une documentation phénoménale sur la période des Croisades. Il est incollable sur celles-ci, sur l'empereur Frédéric, les papes, les Sarrasins, les Assassins et les Templiers. Récemment, il s'est déplacé en Syrie pour voir le fameux Krak des Chevaliers, qu'il évoque dans Le sang des Rois. Dans sa musette, un album consacré à ces châteaux forts de légende, dont il connaissait avant même de les avoir vues, les moindres meurtrières. Peter Berling trouve des accents passionnés pour s'insurger contre les idées fausses sur le Moyen-Age qui "n'était pas sinistre". Cet écrivain aime "raconter des histoires", des histoires mêlant bruit et fureur. Il est venu tard à l'écriture, mais sa passion du Moyen-Age remonte à l'enfance, lorsqu'il avait lu dans la bibliothèque familiale un écrit sur cette période.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mardi 15 avril 1997. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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