République des Lettres

Iris Murdoch

Décès d'Iris Murdoch

La romancière irlandaise Iris Murdoch, saluée comme "une des romancières préférées" des Britanniques, est morte le 8 février à l'âge de 79 ans dans une maison de soins d'Oxford, non loin de Londres, où elle avait été admise il y a trois semaines, a annoncé sa famille. Iris Murdoch était atteinte depuis cinq ans de la maladie d'Alzheimer. "C'est une des romancières préférées de la Grande-Bretagne", où elle vivait depuis de nombreuses années, a commenté la chaîne de télévision Channel 4 peu après l'annonce de son décès. Née le 15 juillet 1919 à Dublin, diplômée d'Oxford et Cambridge, l'écrivain à succès était aussi docteur en philosophie. Elève de Wittgenstein, elle a notamment consacré un essai à Jean-Paul Sartre en 1954, et c'est encore de philosophie que traite son dernier ouvrage, Existentialists and Mystics, publié en 1997. Mais ses 27 romans (La cloche, La mer, la mer, Le message à la planète, Les soldats et les nonnes, L'Apprenti du bien, etc), où transparaît d'ailleurs à travers les interrogations torturées de ses personnages son amour de la philosophie, ont davantage fait sa notoriété. La mer, la mer lui a valu le Booker Prize en 1978. Mais Iris Murdoch se défendait de mélanger les genres, romans et ouvrages philosophiques. "La vie est terrible... et très drôle", déclarait-elle dans une de ses dernières interviews. Ecrivain prolixe, Dame Iris Murdoch qui avait été annoblie en 1987, était aussi l'auteur de pièces de théâtre et de poésies. Son mari John Bayley qui était à ses côtés quand elle est morte, lui avait récemment rendu hommage dans un ouvrage de mémoires intitulé Iris. "C'est le seul grand amour de ma vie", disait-elle de lui. "Elle fait partie des quatre ou cinq plus grands écrivains de la seconde moitié de ce siècle publiés en Grande-Bretagne, aux côtés de William Golding ou Anthony Burgess", a commenté l'écrivain Malcolm Bradbury, jugeant "incroyable" l'abondance et la richesse de son oeuvre. "C'était une philosophe, elle croyait vraiment à l'art de la façon la plus intense qui soit. Une magie merveilleuse ressort de tout ce qu'elle a écrit", a-t-il ajouté. Depuis plusieurs années Iris Murdoch vivait en recluse avec son mari, dans une petite maison de briques rouges d'un village proche d'Oxford. Accordant très rarement des interviews, elle avait étonné en avouant dans l'un de ses derniers entretiens son penchant pour l'émission pour enfants Teletubbies. Ce n'est qu'en février 1997 que l'annonce de sa maladie d'Alzheimer - provoquant peu à peu une dégénérescence du cerveau - n'était intervenue, un état qu'elle avait elle-même décrit à ses débuts comme "un endroit méchamment, très méchamment calme". Elle ne pouvait plus écrire du tout depuis un an, selon ses proches. Ses derniers romans, dont l'humour n'était jamais absent, s'étaient focalisés sur les relations souvent tourmentées de personnages issus des classes moyennes. "Mon problème, c'est que je ne suis pas vraiment un grand écrivain", avait-elle regretté lors d'une interview en 1988. "Je suis en seconde division, pas parmi les dieux comme Jane Austen, Henry James et Tolstoï".

La République des Lettres, mardi 9 février 1999

 

 

 

 

 

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