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La République des Lettres

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0207-4
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
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Jean-Pierre François

Après avoir découragé par des procès systématiques toute tentative d'écrire sa biographie, l'ancien banquier genevois Jean-Pierre François accepte à 76 ans de participer à L'ami banquier de Bernard Violet, au moment-même où l'affaire Elf menace son plus vieil ami, Roland Dumas.

En septembre 1997 en effet, raconte Bernard Violet, Jean-Pierre François accepte enfin une rencontre avec lui, à condition qu'elle soit enregistrée et que Roland Dumas y assiste. M. François dont seule existait alors une biographie sommaire en allemand, accepte ensuite une soixantaine d'heures d'entretien avec Violet.

Né Joachim Felberbaum en 1922 à Vienne, il arrive à Limoges en 1939, où il fait la connaissance de Roland Dumas. Les deux garçons poursuivent leurs études à Lyon. Joachim participe alors à une vingtaine d'exfiltrations de Juifs vers la Suisse. Le jeune homme, qui n'est en fait pas le fils de Simon Felberbaum, mais d'un banquier autrichien, le baron Hamilkar Nikolai von Wassilko, cherche parallèlement à changer d'identité et devient Jean-Pierre François grâce à des faux papiers. Une identité et une nationalité françaises qui ne seront officiellement reconnues qu'en 1958.

Jean-Pierre François s'installe en Suisse en 1945. Son intelligence des affaires, liée aux mutations de l'époque, lui permet une prospérité rapide, dans l'import-export, notamment avec le Pakistan et l'Iran -- il est marié depuis 1952 avec une Iranienne -- puis dans la banque. Dans la Suisse d'après-guerre, où il côtoie d'anciens collaborateurs, Jean-Pierre François se fait aussi des ennemis qui lancent sur lui toutes sortes de rumeurs, jamais prouvées. "Je fais des rencontres mais je n'ai pas un penchant à la familiarité. Je suis un homme de rigueur. Je n'ai jamais trempé dans des trucs discutables, que ce soit sur le plan des affaires ou des finances", assure-t-il. M. François se vante ainsi d'être l'un des seuls consuls honoraires du Panama à ne pas avoir cherché à en tirer un profit lucratif.

Après la banque, il se fait homme d'influence. Ses conseils seront plus ou moins écoutés par François Mitterrand, et très suivis par Pierre Bérégovoy, auquel il recommande la politique du franc fort. On a dit que cet homme discret au visage de musaraigne était le banquier privé de François Mitterrand en Suisse. Jean-Pierre François l'a toujours nié, avec des explications "cohérentes et vérifiables", constate Bernard Violet qui se dit "incapable d'apporter la preuve" du contraire.

Enfin, même si Roland Dumas n'est pas un personnage central de la biographie de cet homme de l'ombre, elle arrive à point nommé dans la contre-attaque judiciaire menée par le président du conseil constitutionnel. Ainsi, M. François affirme avoir été approché en 1992 par le PDG de Thomson Alain Gomez, mécontent qu'on lui réclame, dans l'affaire des frégates de Taïwan, une commission qu'il estimait imméritée, notamment pour "une fille de Limoges", amie de Roland Dumas, en fait Christine Deviers-Joncour. Jean-Pierre François est formel: consulté, Roland Dumas aurait dit que "la jeune femme" ignorait tout de l'affaire, et que Thomson n'avait rien à payer: "Roland Dumas a d'autres qualités et d'autres défauts. Ma conviction est qu'il n'a jamais été mêlé à ces affaires".

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Bernard Violet L'ami banquier (Éditions Albin Michel).

Copyright © Hortense Paillard / , Paris, jeudi 05 novembre 1998. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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