Gilles Vigneault

Le chanteur et poète québécois Gilles Vigneault publie en France un livre d'entretiens, effectués à vingt années d'intervalle, dans lequel il raconte son village natal, son amour des mots, du grec ou du latin, et son besoin insatiable de "nommer les gens". L'artiste, âgé aujourd'hui de 70 ans, toujours coiffé d'une éternelle casquette de marin qui ne le quitte pas, était de passage à Paris où il assure la promotion de l'ouvrage au 19ème Salon du livre dont l'invité d'honneur est cette année le Québec. "C'est l'occasion de se rencontrer, ce salon, indique le chanteur. Le Québec a besoin de communiquer avec la France et inversement. C'est de bonne santé". Dans cette série d'entretiens réalisés en 1978 par le journaliste et producteur de radio français François-Régis Barbry -- décédé au cours de l'été dernier -- et actualisés en 1998 par l'écrivain québécois Jean Royer, Gilles Vigneault évoque le foisonnement de la littérature de la "Belle Province". Il y raconte ses débuts, son petit village de Natashquan, autrefois coupé du monde et depuis peu relié par une route, ainsi que les référendums perdus pour la souveraineté. Il brosse une série de portraits. Ceux qui ont inspiré ses chansons et ses poèmes, les "gens de son pays", les "humains de sa race" qu'il n'a de cesse de "nommer" dans ses oeuvres pour, dit-il, "aller vers l'autre". Ils sont ceux "de plus que moi que je m'efforce d'être", ajoute Vigneault. Après quarante années de carrière, il se fait toujours une haute idée de la chanson: "c'est important une chanson. Je déteste entendre dire: tout finit par des chansons. C'est très grave, une chanson. Des fois, cela peut faire naître un enfant, se rencontrer quelqu'un, se consoler un autre qui est malheureux, planter un arbre, un pommier. C'est la pomme qui remplace le médecin!" Il raconte dans son livre comment un enfant est sorti d'un long coma. Sur les conseils d'un médecin, la famille a chanté les premiers mots d'une composition, un succès de Gilles Vigneault que l'enfant aimait particulièrement: "Les amours, les travaux, même le chant d'un oiseau..." "L'enfant s'est réveillé pour dire la suite: ton coeur, mes mots, font tourner le monde", indique l'artiste en chantant ce vieux succès à capella.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, jeudi 25 mars 1999. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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