Giorgio de Chirico

Giorgio de Chirico

La monographie très attendue de Giorgio De Chirico, (1888-1978) l'un des grands maîtres du XXe siècle et inventeur de la peinture métaphysique, paraît chez Flammarion, sous la plume de Paolo Baldacci. Cet ouvrage couvre la période allant de la naissance de l'artiste à février 1919, considérée comme la plus importante dans l'oeuvre de Chirico car c'est à cette époque qu'il élabore sa pensée philosophique. Il élimine bon nombre d'idées toutes faites et met notamment en lumiére le rôle capital qu'Alberto Savinio - le frère de De Chirico et auteur de pièces de théâtre -, a eu dans l'élaboration de la conception métaphysique du peintre. Né en Grèce de parents italiens, élevé au contact de la culture allemande du début du siècle, De Chirico s'intéresse à la philosophie de Nietzsche, de Schopenhauer et reste frappé par la peinture romantique d'Arnold Bocklin et de Max Klinger, où la mémoire du monde classique se retouve sous forme de reconstructions théâtrales. Installé à Paris à l'âge de 22 ans, il se lie d'amitié avec Paul Valéry et Guillaume Apollinaire, mais reste à l'écart du cubisme et des avant-gardes. Il élabore son propre langage pictural, alliant des éléments d'origines diverses et représentant ses visions oniriques comme des évasions du temps qui passe. De L'Enigme de l'oracle et La Grande tour (matinale, automnale) à L'Intérieur métaphysique (avec grande usine), en passant par Le Départ du poète, De Chirico définit l'espace par des éléments architecturaux qui apparaissent clairement comme des coulisses en perspective, vides et inhabitables. S'y ajoutent, au fil du temps, des mannequins - hommes sans visages, muses inquiétantes -, ou des objets ordinaires placés dans un contexte spatial et temporel qui leur est étranger, mais qui sont hautement symboliques. Selon Paolo Baldacci, "toute l'oeuvre de Chirico (...) n'est en réalité qu'une longue autobiographie, transposée, comme sur une scène de théâtre, en figures changeantes (...) et insaisissables en tant que réalité -- parce que la réalité n'existe pas --, mais plus vraies et durables que la réalité elle-même, par la force symbolique que leur art leur confère".

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, dimanche 01 novembre 1998. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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