Avec Charades, l'australienne Janet Turner Hospital a construit une vaste marelle romanesque qui n'hésite pas à tenter de concilier le roman encyclopédique avec les techniques post-structuralistes. Projet maximaliste où le lecteur peut espérer embrasser de vastes perspectives. Entre le maladroit physicien Koening et la jeune Charade qui le charme de son corps et de ses récits, s'établit une relation contrapuntique, comme entre un Stephen Hawking et une Schéhérazade.
Le roman alterne ainsi recherches sur l'origine de l'univers et sur l'origine du moi de l'héroïne et de maints personnages adjacents. On assiste à un bouquet biographique et énigmatique auquel le principe d'incertitude d'Heisenberg va comme un gant, sans parler d'une théorie possible du chaos. Une femme assez insaisisable s'appelle "Verity", le temps et l'espace ont des flottements d'indéterminisme, entre Boston et l'Australie la narration a des sauts quantiques et métaphoriques. Verity est-elle juive ? Un Zundel peut-il traiter l'holocauste de "plaisanterie"? Koening peut-il se contenter d'"un désir pour la compagnie pure et sans tache d'un problème mathématique insoluble et par conséquent à jamais séduisant" ?
Charades est un livre infiniment riche, même si quelques parties tournent à vide avant de trouver vraiment son rythme, son écheveau d'histoires, son bouillonnement de métaphores dans la seconde moitié.