République des Lettres

Augusto Roa Bastos

Décès de l'écrivain paraguayen Augusto Roa Bastos, auteur de Moi, le suprême

Augusto Roa Bastos est mort mardi 26 avril d'un traumatisme crânien suite à une chute dans sa maison d'Asuncion (Paraguay). Il avait 88 ans.
Né à Asuncion le 13 juin 1917 il passe une partie de son enfance dans le monde rural indien d'Iturbe qui servit plus tard de cadre à la plupart de ses romans sous le nom d'Itapé. Renonçant à ses études, il s'enrôle dans l'armée à titre d'assistant infirmier dès l'âge de 15 ans et participe à la guerre pour les terres du Chaco opposant le Paraguay et la Bolivie entre 1932 et 1935. Il entre ensuite comme journaliste au quotidien El Païs et commence à publier quelques contes et poèmes. Il découvre les écrivains français (Valéry, Cocteau, Eluard, Breton, Aragon,...) et lit passionément Faulkner. Sa première nouvelle, Fulgencio Miranda, sort en 1941. Pendant la seconde guerre mondiale il est correspondant de guerre à Londres, ville où il donne aussi des cours de littérature, puis séjourne quelques mois en France avant de revenir diriger la rédaction d'El Païs. Il est contraint de s'exiler au début de la guerre civile de 1947 qui aboutit à la dictature du général Alfredo Stroessner. Il s'installe en Argentine, à Buenos Aires, où il vivra une trentaine d'année, travaillant au début pour une compagnie d'assurances et écrivant dans ce pays la majeure partie de son oeuvre littéraire. Il publie un recueil de nouvelles, Le Tonnerre entre les feuilles, en 1953. En 1960, sort sous le titre L'Orangeraie brûlante une sélection de textes écrits à la fin des années '40 ainsi que son premier roman, Fils d'homme, où il évoque les horreurs de la guerre du Chaco. Ce récit sera le début d'une oeuvre romanesque et poétique entièrement inspirée par la vie et l'histoire sociale et politique douloureuse de son pays natal. Elle sera écrite dans un style baroque et polyphonique jouant constamment avec l'univers mythologique et linguistique du Paraguay. Terre en friche sort en 1966, Morencia en 1969, Corps présent et autres contes en 1971, Le poulet de feu en 1974,... Son livre le plus célèbre, publié également en 1974, est Yo el supremo (Moi le suprême, traduction française d'Antoine Berman en 1977, Prix Cervantes espagnol 1989). C'est sans doute l'un des textes majeurs de la littérature latino-américaine, en tout cas l'un des plus lucide et ironique jamais écrits sur le pouvoir. Le roman est inspiré de la carrière de José Gaspar Rodriguez de Francia, militaire dirigeant autocrate du Paraguay de 1814 jusqu'à sa mort en 1840 et archétype du dictateur latino-américain. Il est né à la suite d'une idée de Carlos Fuentes et de Mario Vargas Llosa qui demandèrent à quelques écrivains latinos d'écrire chacun un texte sur un "caudillo" d'Amérique du Sud. Roa Bastos avait coutume d'indiquer aux lecteurs que ce roman, avec Fils d'homme et Le Procureur, constituait le coeur de son oeuvre consacrée au "monothéisme du pouvoir". En 1976, à la suite du putsch militaire, Augusto Roa Bastos doit quitter Buenos Aires. Il vient s'installer en France, à Toulouse, où il enseigne la littérature hispano-américaine à l'université. Il continue à publier, notamment Lutte jusqu'à l'aube (1979). Il ne retournera au Paraguay qu'en 1989, après 42 années d'exil et la chute du dictateur Alfredo Stroessner, retrouvant sa citoyenneté d'origine dont le despote l'avait destitué en raison de son opposition au régime. Parmi ses derniers livres citons Vigilia del Almirante (1992), Le Procureur (1993) et A Contre-Vie (1995).
L'actuel président paraguayen Nicanor Duarte a décrété trois jours de deuil national en hommage à l'écrivain.

La République des Lettres, jeudi 28 avril 2005

 

 

 

 

 

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