La justice a débouté le 8 décembre la fille de François Mitterrand de son action contre l'ancien patron des services secrets, Pierre Marion, auteur d'un livre sur l'ancien président de la République. Mazarine Pingeot demandait un million de FF (150.000 euros) de dommages et intérêts à Pierre Marion et à son éditeur, Flammarion, pour des passages jugés diffamatoires à l'encontre de son père, figurant dans les Mémoires de l'ombre, où M. Marion retrace son passage à la tête des services secrets, la DGSE. Pour le tribunal, "dès lors que François Mitterrand est un personnage entré dans l'histoire contemporaine", en publiant l'ouvrage, Pierre Marion et Flammarion "participent au débat public incontournable entourant la personnalité et l'action de l'ancien chef d'Etat". Selon le tribunal, "il n'est pas démontré que M. Marion ait transgressé les règles de prudence exigées en matière de presse et notamment qu'il ait faussé délibérément et de manière déloyale le débat public en dénaturant ou en falsifiant les faits". Dans ce livre de 300 pages, paru récemment, Pierre Marion dénonce la propension de l'ex-président "à l'immobilisme et ses difficultés à prendre une décision, son absence de culture et de compréhension des systèmes financiers, et l'accuse d'un "gigantesque égocentrisme qui n'est tempéré par aucun sens moral". Il reproche également à l'ancien président socialiste (1981 à 1995) son erreur dans la réorganisation de la lutte antiterroriste après l'attentat antisémite dans le quartier juif de Paris, en août 1982. Agé de 78 ans, Pierre Marion a démissionné en novembre 1982, "convaincu des risques personnels que comporte la direction d'un service aussi délicat que la DGSE, face à un homme déterminé (François Mitterrand, ndlr) à ne pas tenir ses engagements".