République des Lettres

Karl Krolow

Décès du poète Karl Krolow

Karl Krolow, l'un des plus grands poètes allemands de l'époque contemporaine, est mort lundi 21 juin à l'âge de 84 ans, des suites d'une longue maladie, dans un hôpital de Darmstadt (ouest), a annoncé la maison d'édition Suhrkamp. Né le 11 mars 1915 à Hanovre (nord-ouest), Krolow s'est véritablement consacré à l'écriture à partir de 1942 pour publier en 1943 un premier petit recueil de poésies. Au lendemain de la guerre déjà, il connaissait le succès pour finalement compter, au même rang qu'Ingeborg Bachmann et Paul Celan, au nombre des plus importants poètes de l'après-guerre. La production littéraire de Karl Krolow, qui paraissait inépuisable, est allée du naturalisme lyrique des débuts (Sur la terre en 1949, Les Signes du monde en 1952) à un lyrisme critique exprimé sous diverses formes dans ses dernières années, en passant par un classicisme moderne jusqu'au milieu des années 60 et ensuite une retraite dans le "laconisme poétique". L'oeuvre Corps étrangers marque à cet égard une césure en 1959 et le passage, sous l'influence des modernités française et espagnole, au "laconisme poétique" associé à son nom. Sa création n'en restait pas moins ouverte aux influences, au jargon des jeunes par exemple. Avec Sonnet d'automne avec Hegel et Entre le zéro et l'infini en 1981 et 1982, la rime et le sonnet revenaient dans sa création. Karl Krolow s'est aussi gagné la reconnaissance par ses traductions et adaptations de cinq siècles de poésie française, publiées de 1948 à 1950, mais aussi ses traductions d'Apollinaire et Verlaine. Il avait aussi contribué régulièrement aux meilleures pages littéraires des journaux de langue allemande. Il avait été distingué par les plus prestigieuses récompenses telles que les prix Georg Büchner et Rainer Maria Rilke.

La République des Lettres, mercredi 23 juin 1999

 

 

 

 

 

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