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La République des Lettres

Arno Klarsfeld

Arno Klarsfeld, l'un des avocats des parties civiles lors du procès à Bordeaux de Maurice Papon, vient de publier un ouvrage de circonstance dans lequel il stigmatise tour à tour l'accusé, les magistrats mais aussi ses propres confrères, les uns et les autres ayant, selon lui, parasité ce procès par leurs "mensonges", "dissimulations" ou "hésitations".

La cour, c'est celle qui condamna Maurice Papon, "grand maître és mensonges", selon l'avocat franco-israélien, à dix ans de réclusion pour complicité de crimes contre l'humanité, une peine "graduée" pour laquelle avait milité le jeune avocat. Les nains, ce sont ses confrères des parties civiles (dont il dénonce "l'acrimonie et les divergences" tout au long du procès) et le bouffon, c'est, bien sûr, lui-même.

"Autrefois, à la cour, les nains flattaient le monarque, le rôle du bouffon était de dire la vérité", écrit-il avec humour. A propos de vérité, Arno Klarsfled revient longuement sur un des épisodes les plus inattendus du procès: la découverte du lien de parenté entre le président de la cour Jean-Louis Castagnède et une famille de déportés, que la propre cousine du président lui a révélé. "Pourquoi le président a-t-il dissimulé ce lien dont il sait qu'il peut faire capoter le procès? (...) Je décide de rendre public ce lien de parenté" pour "affaiblir le président au sein du jury au moment des délibérations", écrit l'auteur qui a perdu sa confiance envers Jean-Louis Castagnède au troisième jour du procès lorsque fut remis en liberté l'accusé.

L'avocat général, Marc Robert, téléphona alors à Arno Klarsfeld pour lui assurer, rapporte celui-ci, que "tel que je le connais, le président va se récuser et on va avoir (Jean-Pierre) Esperben (le premier assesseur) sur le dos. Ce ne sera pas du gâteau ! Au moins avec Castagnède, on devrait avoir une condamnation, une condamnation de principe mais une condamnation tout de même, tandis qu'Esperben se bat pour l'acquittement", a ajouté Marc Robert, toujours selon Me Klarsfeld.

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Arno Klarsfeld, La Cour, les Nains et les Bouffons (Éditions Robert Laffont).