Georges Quémar, qui fut pendant 25 ans (de 1964 à 1990), un des plus hauts fonctionnaires de la mairie de Paris, avant d'être condamné pour une affaire de droit commun, dénonce dans un livre ce qu'il qualifie de "configuration mafieuse" à l'Hôtel de Ville.
Dans ce livre intitulé Paris Mafia, cet énarque de 58 ans, ancien directeur général chargé de l'Administration générale de la Ville, détaille ce qu'il qualifie de "témoignage sur un monde caché" pendant les années où Jacques Chirac était maire, plus précisément entre 1977 et 1988. La mairie a rappelé qu'elle avait déjà attaqué en diffamation M. Quémar. Dans le prolongement de cette première plainte, elle étudie "tous moyens judiciaires". En mai, Georges Quémar dénonçait dans une interview au Parisien l'existence de quelque 200 emplois fictifs à la mairie. M. Tiberi avait riposté: "M. Quémar a été condamné à la prison. Voilà un curieux témoin de moralité". Dans son livre, M. Quémar distingue cinq catégories de bénéficiaires de contrats payés par les contribuables parisiens (pour un coût de 80 millions de Francs par an, soit un point de fiscalité, estime-t-il): "népotisme, recalés du suffrage universel, fait du prince, militantisme, Corrèze". En vrac, sont ainsi évoqués une nièce d'un futur Premier ministre, l'épouse d'un maire bourguignon, celle d'un chanteur, un compositeur, un éditeur de poésies, la fille d'un ancien ministre... Mais la plupart des noms sont tus. M. Quémar relate aussi des anecdotes qui auraient émaillé la vie municipale, comme une expédition de commando par les égouts pour infilter l'imprimerie municipale, bastion CGT, et en microfilmer les archives. Ceci afin de faire plier le Syndicat du Livre. Georges Quémar, entendu en mai par la brigade financière de Nanterre, attend d'être convoqué par le juge Patrick Desmure qui instruit l'affaire des emplois présumés fictifs au RPR. Lors de la condamnation de M. Quémar en 1993, le jugement avait indiqué qu'était "venu se greffer sur cette affaire un véritable réglement de comptes interne au RPR".