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La République des Lettres

Front National

L'électeur-type du Front national est une homme jeune, qui se recrute dans toutes les classes de la société, de faible niveau d'études et de plus en plus rarement chrétien, selon le politologue de doite Pascal Perrineau.

S'appuyant sur des recherches et des dossiers accumulés depuis plus de quinze ans, l'auteur, directeur du CEVIPOF (Centre d'étude de la vie politique française), estime que le succès du FN aux élections législatives de 1997 "montre comment, dans les sociétés occidentales de la fin de ce siècle, est en train de se mettre en place un nouveau clivage politique, social et culturel opposant les partisans d'une "société ouverte" à ceux d'une "société fermée".

L'étonnante dynamique électorale du Front national est, en France, l'expression politique directe de la vigueur de ce clivage et l'affirmation la plus évidente du pôle de la "société fermée", conclut-il. L'analyse de multiples sondages permet notamment à l'auteur d'affirmer que "politiquement et idéologiquement, les électeurs de Jean-Marie Le Pen se situent davantage entre la droite et la gauche qu'à l'extrême de la droite".

En ce qui concerne leurs choix économiques et sociaux, ils évoluent, la plupart du temps, dans un entre-deux idéologique, sur des positions intermédiaires entre la gauche et la droite classique. "Atypique du point de vue de son profil sociologique et politique, l'électorat du FN l'est également quant à son enracinement territorial", ajoute encore Pascal Perrineau. En définitive, il tente de définir cinq "constellations" d'électeurs: deux bien arrimés au FN (les nationaux-populistes (21 %) et les droito-frontistes (20 %), une en processus de fixation, les gaucho-frontistes (25 %), et deux plus hésitantes, les frontistes mous (18 %) et les apprentis frontistes (16 %).

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Pascal Perrineau, Le symptome Le Pen (Éditions Fayard).