République des Lettres

Saul Bellow

L'écrivain américain Saul Bellow, prix Nobel de littérature 1976, est mort mardi 5 avril à l'âge de 89 ans

Né le 10 juin 1915 à Lachine (Québec) de parents juifs orthodoxes récemment émigrés de Russie, Saul Bellow, de son vrai nom Solomon Bellows, s'est installé avec sa famille en 1924 à Chicago, qui deviendra sa ville d'élection. Il a suivi des études de sociologie et d'anthropologie, abandonnées à l'âge de 22 ans pour devenir professeur de littérature. Son premier roman, L'Homme de Buridan -- ou L'Homme en suspens selon les traductions -- (The Dangling man, 1944), écrit pendant la guerre et prolongé l'année suivante par La Victime (The Victim, 1945), doit une bonne part d'inspiration à Kafka et à son propre parcours biographique. Les deux romans se penchent sur les relations entre Juifs et Gentils et tracent le portrait d'un jeune intellectuel torturé par sa conscience et écrasé par la fatalité de la guerre, les problèmes familiaux et les préjugés sociaux. L'auteur rencontre le succès en 1953 avec la publication d'un roman picaresque racontant l'enfance à Chicago d'un juif pauvre, Les aventures d'Augie March. Suivront une trentaine de romans dont entre autres Au jour le jour (1956), Le Faiseur de pluies (1959), Herzog (1964), La Planète de M. Sammler (1970), Le Don de Humboldt (Prix Pulitzer, 1975), L'Hiver du Doyen (1982), Ravelstein (2000), etc... , où il forge l'archétype de ses héros, intellectuels juifs immatures, introspectifs et tourmentés qui tous vivent les aventures tragi-comiques d'un quotidien dérisoire. Il s'impose avec un style brillant, ironique, caustique, versatile et riche d'une étonnante invention verbale tirée d'un mélange des littératures et des langues qu'il pratiquait: le yiddish, l'hébreu, l'anglais et le français. Herzog, autobiographie d'un Juif Américain névrosé des années 60 aux prises avec les femmes, le sexe et le monde contemporain est devenu un best-seller. Son dernier roman, Ravelstein (2000) est un autre récit d'inspiration biographique qui raconte les dernières années de la vie d'un homme par l'un de ses amis juif. Ce livre lui a toutefois valu quelques critiques acerbes car il trace, certes avec humour, mais sans élégance le portrait de son ami philosophe Allan Bloom. Bellow a également publié des recueils de nouvelles comme La journée s'est-elle-bien passée (1984) ou Le Coeur à bout de souffle (1987) et des pièces de théâtre qui ne connûrent aucun succès comme La Dernière Analyse (1964) ou Trente-sixième Dessous (1966). Il est aussi l'auteur de nombreux textes et critiques littéraires publiés régulièrement dans le New York Times Book Review, Esquire, Playboy, Harper's Bazaar, The New Yorker ou The New Republic.
Cumulant les prix littéraires, l'écrivain a été trois fois lauréat du National Book Award et a reçu le prix Pulitzer ainsi que le prix Nobel de Littérature, en 1976, par un jury qui récompensa sa maîtrise exemplaire des sujets et de la forme, estimant notamment que son roman Au jour le jour (1956) était déjà un "classique" du XXème siècle. En 1968 il a également été récompensé coup sur coup par la France avec la médaille des Arts et Lettres et par Israël avec le B'nai B'rith Jewish Heritage Award.
Saul Bellow était sans conteste l'un des plus grands maîtres de la littérature juive-américaine avec Philip Roth, Isaac Bashevis Singer et Bernard Malamud. Cinq fois marié, il était père de quatre enfants, dont une fille qu'il a eue récemment, à l'âge de 84 ans.

La République des Lettres, jeudi 7 avril 2005

 

 

 

 

 

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