Quelque 1.100 pages, 45 chapitres, 42 auteurs, en comptant Charles Darwin lui-même, dont deux textes rares: Pour Darwin est un véritable pavé d'érudition illustrant la vitalité de la théorie de l'évolution face à un retour en force des anti-darwinistes. Les adversaires du naturaliste britannique sont en effet de plus en plus virulents,surtout outre-Atlantique et en Australie, où le père de l'évolution est diabolisé. Sa théorie de la sélection naturelle est censurée dans des écoles américaines et jugée "hérétique" par les créationnistes.
Publié sous la direction de Patrick Tort, darwiniste engagé, cet ouvrage savant dresse un bilan critique des connaissances actuelles et des perspectives en matière d'évolution, la théorie de Darwin étant bien plus complexe que l'image classique d'une distribution des êtres vivants le long des ramifications d'un arbre généalogique géant. Le livre est principalement composé des actes du congrès international Pour Darwin, tenu du 2 au 5 septembre à Romainville (Seine-Saint-Denis).
"Nous avons été ravis de constater qu'à côté de scientifiques ou d'étudiants, le public du congrès, plus nombreux de jour en jour, était composé de gens qui n'avaient probablement qu'une trés vague idée, auparavant, de l'évolution et du darwinisme", indique M. Tort. L'ouvrage,lui, s'adresse moins au grand public qu'aux historiens des sciences ou aux biologistes, ces derniers n'ayant, dans leur écrasante majorité, et de leur propre aveu, jamais lu Darwin dans le texte. Pourtant, "les bases du darwinisme doivent être cherchées là où elles se trouvent et où, précisément, on les ignore: dans son oeuvre", estime Patrick Tort qui offre justement au lecteur deux textes émouvants et peu connus de Charles Darwin, dans une nouvelle traduction.
Dans le premier, Esquisse biographique d'un petit enfant, paru dans la revue anglaise Mind en juillet 1877,le savant rapporte, avec près de quarante ans de distance, son observation attentive -- et admirative -- des gestes et comportements de son premier bébé. Il y consigne les premiers réflexes de son fils, les progrès de sa vision, ses premières manifestations de colère, de plaisir, de peur, de sens moral, d'affection ou encore étudie ses moyens de communication avant l'acquisition du langage. Le deuxième, Essai posthume sur l'instinct, texte complet d'une partie du chapitre sur l'instinct écrit par Charles Darwin pour L'Origine des espèces, mais supprimée ensuite, a été publié en 1883, un an après la mort du naturaliste, dans Mental Evolution in Animals de son fidèle disciple George Romanes. Darwin y parle de la migration, de la peur, de la nidification et de l'habitat de toutes sortes d'animaux.