Alfred Fierro

Biographie Thomas De Quincey
Thomas De Quincey
De l'Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts

Éditions de La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0195-4
Prix : 5 euros
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Les Parisiens fêtent en ce mois de septembre leur exceptionnel patrimoine sans se souvenir sans doute que Paris est rempli de fantômes: des milliers de ponts, fontaines, bâtiments évanouis, que recense un important Dictionnaire du Paris disparu. Son auteur, l'historien Alfred Fierro, a déjà signé le Dictionnaire de Paris, devenu une référence. De A comme abattoir (Fierro en compte 14 "défunts") à Z comme Hôtel Zone (une maison seigneuriale), le spécialiste décrit en creux une ville qui n'est plus et qui était riche de folies, de vastes couvents (celui des Célestins était grand comme l'Ile de la Cité). En remontant jusqu'aux mégalithes (comme le Gros-Caillou) qui ornèrent Paris. Alors que jusqu'au XVIIIe siècle, on bâtissait sur terrain nu, il distingue quatre vagues de destructions massives de la capitale. De 1750 à la Révolution, une fièvre de construction condamne de nombreux bâtiments du moyen-âge. La vente des biens du clergé pendant la Révolution ravive l'énergie spéculatrice des bourgeois: plus de 10% de l'espace ceint par la barrière des fermiers généraux (les onze premiers arrondissements) est confisqué. C'est alors que disparaissent nombre de couvents et leurs parcs, privant Paris d'espaces verts qui abondent à Londres. Haussmann remodèle totalement la ville, mettant à bas 4.349 maisons, un sixième des bâtiments existants. "Une guerre n'aurait pas fait autant de destructions". La deuxième guerre mondiale fait porter la fièvre de construction d'abord vers la banlieue. "Paris n'a commencé à subir l'assaut furieux des bétonneurs qu'à partir des années 1960". 30% des immeubles disparaîtront entre 1950 et 1980. Mais "alors qu'Haussmann donnait à la capitale un style et une unité, les bâtisseurs d'aujourd'hui ont édifié ce qu'il y a de plus inexpressif, voire de plus médiocre dans la construction contemporaine. Ce qui subsistait de la cité pré-haussmannienne a subi des coups irréparables". L'historien a des regrets: "j'aurais été curieux de voir à quoi ressemblait le Temple ou le magnifique Hôtel de la Reine, qui s'élevait à la place de la Bourse du Commerce". Mais il ne rejette pas tout le "moderne": il aime ainsi beaucoup la pyramide du Louvre, la place de Catalogne ou le Parc omnisports de Bercy, tout en se réjouissant du fort attachement au patrimoine qui a émergé chez les Parisiens.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mercredi 08 septembre 1999. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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