Frédéric Chaussoy

Le 24 Septembre 2003 Marie Humbert accède aux volontés de son fils Vincent, 23 ans, tétraplégique aveugle et sourd à la suite d'un accident de la route en 2000, qui réclame sans cesse et publiquement -- jusqu'à l'écrire au Président de la République -- "le droit de mourir". Elle lui injecte une dose mortelle de barbituriques. Vincent Humbert ne meurt pas immédiatement mais se retrouve plongé dans un coma irréversible. Son médecin traitant, Frédéric Chaussoy, chef du service réanimation au centre héliomarin de Berck sur Mer (Pas-de-Calais), le délivre deux jours après de son état en débranchant la machine respiratoire qui le maintient en vie et en lui administrant une dose de solution létale, conformément à ses souhaits et à ceux de sa mère. L'affaire, très médiatisée, ouvre imédiatement un large débat de société sur l'euthanasie. Cette pratique médicale qui consiste à abréger l'agonie de certains patients en fin de vie est déjà effectuée officieusement dans certains centres hospitaliers, mais elle est interdite par la loi française, qui la considère comme un crime. Marie Humbert n'a pas été poursuivie par la justice en raison de son état de détresse mais le Dr Chaussoy, qui a assumé toute la responsabilité de son acte, se retrouve lui accusé d'empoisonnement avec préméditation, crime passible de la réclusion à perpétuité.

Assuré du soutien de l'opinion publique et de l'Ordre des médecins, et à quelques jours du débat à l'Assemblée nationale de la proposition de loi Léonetti sur la fin de vie, le médecin-réanimateur publie un livre plaidoyer, Je ne suis pas un assassin, où il explique qu'il ne regrette rien et qu'il était de son devoir d'aider Vincent Humbert à mourir. Il y justifie longuement son geste, raconte son expérience d'homme et de médecin confronté quotidiennement à la souffrance et à la mort, dénonce l'hypocrisie ambiante, et apporte ses réponses aux questions que tout le monde se pose : quelle est la définition de la mort, doit-on respecter la volonté des malades qui demandent à mourir, la famille ou un médecin on-t-ils le devoir, le droit de débrancher un respirateur, qui peut décider et dans quels cas de figures, etc... Préfacé par l'ancien ministre de la Santé Bernard Kouchner, Je ne suis pas un assassin du Dr Frédéric Chaussoy est une tentative de réponse qui ne manquera pas de servir de piste de réflexion à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la question désormais incontournable de l'euthanasie dans notre société.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 15 novembre 2004. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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