République des Lettres

Mehdi Ben Barka

Jacques Derogy, Frédéric Ploquin, Renée Derogy-Weitzmann Ils ont tué Ben Barka (éditions Fayard)

Un ouvrage d'investigation apporte de nouveaux éléments sur l'affaire de l'enlèvement et de la disparition à Paris, le 29 octobre 1965, du dirigeant tiers-mondiste marocain Mehdi Ben Barka, dont le dossier est toujours ouvert. Le livre, intitulé Ils ont tué Ben Barka, révélations sur un crime d'Etat, a été écrit à deux mains. La première partie est composée d'un manuscrit inédit de Jacques Derogy, journaliste d'investigation, qui, à l'époque, a fait éclater l'affaire dans les colonnes de l'Express. Derogy, décédé en 1997, faisait remonter les responsabilités jusqu'aux sommets de l'Etat français. Il avait également mis en lumière l'implication du ministre de l'Intérieur marocain, le général MohammedOufkir, et du chef de la Sûreté marocaine, le commandant Ahmed Dlimi. Cette enquête a été menée grâce à des rapports de police confidentiels et au dossier d'instruction du juge Zollinger,qui a inculpé les principaux protagonistes de ce meurtre sans cadavres. Le travail de Jacques Derogy foisonne de détails sur le rôle direct ou indirect de policiers français et marocains, de truands, de membres des réseaux parallèles gaullistes, et de hauts responsables des Etats français et marocain. La deuxième partie de l'ouvrage, réalisée par le journaliste Frédéric Ploquin souligne que "l'affaire Ben Barka n'est pas close. Trente quatre ans après les faits, le dossier est toujours ouvert chez un juge d'instruction parisien". Le journaliste a recueilli les témoignages des membres de la famille Ben Barka et des derniers témoins survivants français et marocains,comme le Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, élève puis disciple et ami de Ben Barka, AntoineLopez, "honorable correspondant" des services secrets et un des rares acteurs de premier plan dans l'enlèvement encore en vie,le patron de la Sûreté Nationale de l'époque, Maurice Grimaud, le Préfet de Police, MauricePapon, Fatima Oufkir, femme du ministre marocain de l'Intérieur de l'époque, Mohammed Oufkir, etc... L'ouvrage publie en annexes plusieurs documents, notamment l'enquête interne de la DGSE (services de renseignements français) et la Commission rogatoire internationale du juge parisien, Hubert Pinsseau, délivrée le 28 mars 1977 "à toutes autorités judiciaires compétentes du royaume du Maroc". Il se conclut sur une demande d'audience au roi Hassan II, le 28 décembre 1998, restée sans réponse à ce jour.

La République des Lettres, samedi 15 mai 1999

 

Mehdi Ben Barka
Mehdi Ben Barka

 

 

 

 

 

 

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