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Frédéric Dard

Frédéric Dard, auteur de San-Antonio

Inventeur d'une langue argotique grivoise composée de jeux de mots, de calembours, de néologismes, d'énumérations, de contrepets et d'hénaurmité sexuelle, Frédéric Dard était un écrivain atypique. Fils d'un petit entrepreneur de chauffagerie, il est né à Bourgoin-Jallieu (Isère) le 29 juin 1921. Il est élevé par sa grand mère adorée qui lui donne le goût de la littérature. Après la faillite de l'entreprise familiale et de petites études dans une école commerciale, il travaille quelque temps comme rédacteur au journal local Le Mois de Lyon. Il se marie au début des années '40, commence à publier des nouvelles dans divers magazines et décide après la guerre de monter à Paris pour se consacrer, malheureusement sans succès, à l'écriture de romans et de pièces de théâtre. Installé en banlieue parisienne il publie pour raison alimentaire en 1949, aux éditions Jacquier, un polar intitulé Réglez-lui son compte, suivi en 1950 de Laissez tomber la Fille, deux romans inspirés des polars anglo-saxons à la Peter Cheyney alors en vogue, où apparaîssent pour la première fois le commissaire play-boy San-Antonio. C'est le début d'un longue série à succès qui sera bientôt publiée dans la collection Police au Fleuve Noir (fondé et dirigé par son ami Armand de Caro dont il épousera la fille en 1969, après une tentative de suicide et un divorce), puis dans sa propre collection dédiée, toujours au Fleuve Noir, à partir de 1970. Avec deux à quatre nouveaux titres chaque année, tous plus salaces et verbalement exubérants les uns que les autres, la série ne s'arrêtera que le 06 juin 2000 lorsque Frédéric Dard meurt d'une hémoragie à Bonnefontaine, en Suisse, où il résidait depuis 1966. Outre les San-Antonio -- qui font ou ne font pas partie de la tradition littéraire populaire selon les avis divergents des nombreux académiciens et doctes universitaires qui lui consacrent thèses, colloques et essais, mais qui ont indéniablement marqué par leur popularité et leur esprit de dérision l'histoire de la littérature policière française du XXème siècle -- Frédéric Dard écrivait aussi en parallèle et sous son propre nom une oeuvre romanesque et théâtrale personnelle moins paillarde et moins connue mais beaucoup plus empreinte de tristesse et de pessimisme, révélant la vision quasi célinienne qu'il avait de la condition humaine et de ce qu'il appelait la "connerie universelle". Son autobiographie, signée San-Antonio, est parue en 1972 sous le titre Je le jure. Après son décès, c'est son fils Patrice Dard qui a terminé le 175ème volume (Céréales killer, publié en 2002) et continue l'écriture des San-Antonio.