Helen Fielding

Helen Fielding

Plus de deux millions de femmes dans le monde se sont déjà identifiées à Bridget Jones. La trentaine, célibataire, jolie, cette anglaise fictive devenue phénomène de société publiera en mai le deuxième tome du Journal où elle consigne au gramme près les petits drames de sa vie.

"Lundi 4 décembre: 59 kilos (hum ! dois perdre du poids avant les agapes de Noël), 3 verres d'alcool (modeste), 7 cigarettes (une sainte !), 3876 calories (oh, mon Dieu !)". Sa lutte effrénée contre les kilos, les cigarettes, les verres d'alcool et une terrible attirance pour les jeux de cartes à gratter rythment les journées de Bridget. Sans oublier sa recherche éperdue de l'homme idéal, responsable d'une seconde terrible manie, les multiples appels à un numéro de téléphone spécial qui permet de savoir qui a tenté d'appeler chez elle.

Bridget Jones n'existe pas. Elle est née de l'imagination d'Helen Fielding, une Britannique d'une trentaine d'années, célibataire, jolie, qui se défend d'avoir écrit un récit autobiographique. Presque trois ans après la publication en Grande-Bretagne du Journal de Bridget Jones, 1,2 million d'exemplaires se sont vendus, un phénomène "totalement inattendu", confie l'auteur. Traduit en 25 langues, Le Journal de Bridget Jones a connu un succès tout aussi foudroyant aux Etats-Unis, où depuis sa parution l'été dernier, 250.000 copies ont disparu des librairies. Au Japon, en Espagne ou en France, plus de 100.000 exemplaires se sont déjà arrachés. En Grande-Bretagne, Bridget Jones est devenu un nom commun. On parle de soirées Bridget Jones entre filles, on refait le monde (des hommes en général) à coup de cocktails fracassants. La télévision propose des émissions "Bridget Jones", où un éventail de célébrités -- des femmes, célibataires de préférence -- un verre de vin à la main, une cigarette dans l'autre, échangent pendant des heures leurs recettes pour trouver l'homme idéal, le garder, voire s'en débarrasser. L'expression "c'est une Bridget Jones" est devenue synonyme de jeune femme célibataire, à qui a priori tout sourit, mais qui déprime, tiraillée entre sa volonté d'assumer parfaitement son indépendance et son envie irrésistible et inavouable de se blottir contre une large épaule masculine. "Je crois que les femmes se sont identifiées avec ce désir très fort d'essayer d'être parfaite, belle, mince, bien mariée, avec un bon boulot. Mais à la fin, comme Bridget dans le livre, elles se retrouvent en culotte, les cheveux mouillés et les casseroles renversées, alors que les amis qui viennent dîner sonnent à la porte", estime Helen Fielding entre deux tournées mondiales de promotion. Pour cette journaliste de formation, l'aventure "Bridget Jones" a démarré par une chronique hebdomadaire dans le quotidien The Independent. Les conséquences du succès immédiat et fulgurant du feuilleton hilarant des malheurs d'une Bridget souvent au bord de l'hystérie ont été logiques. Le livre a été publié et Helen Fielding est partie poursuivre sa chronique hebdomadaire du Journal de Bridget Jones dans les colonnes du Daily Telegraph, le quotidien de qualité le plus diffusé de Grande-Bretagne (environ 1 million d'exemplaires). Le second tome du Journal de Bridget Jones devrait répondre à la question essentielle de savoir si, oui ou non, Mark est l'homme de sa vie. Et Helen Fielding vient d'achever la seconde mouture du scénario de l'adaptation cinématographique de son best-seller. La société de production détentrice des droits, Working Title -- qui avait déjà produit le succès planétaire de Quatre mariages et un enterrement -- est à la recherche d'un metteur en scène. Le tournage pourrait démarrer à la fin de 1999. Sans oublier l'édition pour Noël par le Daily Telegraph d'un coffret comprenant le livre et un agenda avec des cases vides à remplir chaque jour: unités d'alcool bues, calories ingurgitées, cigarettes fumées.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mardi 15 décembre 1998. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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