Cercle rouge sur fond blanc, le drapeau du Japon s'agite... Mais ce pourrait être aussi le symbole de la première nouvelle, intitulée La chasse dans les collines, une mare de sang sur un parterre enneigé pour un crime potentiel.
Dans un paysage bicolore, Yasushi Inoué nous entraîne sur les pas d'un chasseur philosophe. "L'état d'esprit du chasseur qui pointe le canon de son fusil vers une créature vivante est de l'ordre du désir de vengeance". Le coup prêt à partir, la machination se met en route. C'est justement en allant chasser le coq des montagnes que le héros trouve, caché dans un fourré, le mouchoir de sa femme Chikako dont "la bordure était brodée au fil de soie d'un motif de feuilles de trèfle bleues tel qu'en composent les étudiantes". Le fusil va alors changer de cible pour choisir l'épouse taciturne et distante accompagnée de son amant maladroit. Sous les pieds, la neige crisse tout comme le style de l'écrivain minimaliste. Il nous balade, nous tient en haleine froide, nous fait croire au pire pour nous servir, finalement, un dénouement inattendu et... désarmant.
La lenteur fait partie de l'intérêt de ces nouvelles. Chaque élément est décrit sans esprit catastrophiste ou effets de kimono. Les choses sont là. En relief. On les contemple sans les toucher. Finalement, l'histoire importe moins que la description appliquée de toute chose. Le silence du chasseur assis, qui attend. Ce mouchoir qui pourrait être un carré destructeur mais qui reste un mouchoir. Nous voilà ramenés à l'essentiel.
La veillée funèbre et Sannomiya en feu viennent compléter la trilogie ou Yasushi Inoué taille des costumes de chair avec une patience de dentelière. L'amour est là. La mort jamais bien loin. Cercle blanc sur fond rouge.