"Que Solal et moi baisions ma mère tous les deux ne fut jamais un sujet de discorde: dès la première nuit, j'ai partagé leur couche. Comme elle croyait bon de s'en offusquer, il lui objecta qu'elle s'éviterait ainsi d'inutiles va-et-vient entre nos chambres. Ma mère dormait au milieu, et nous usions d'elle, à tour de rôle ou simultanément, pour notre plus grande satisfaction. En revanche, je ne digérais pas qu'elle eût d'autres amants. Rien n'exaspérait Magda comme les scènes que je lui faisais à ce sujet: "Si Solal me tirait la gueule, je le comprendrais. C'est mon amant. Toi, tu n'es que mon fils !". C'était par pure gentillesse qu'elle m'avait dépucelé: elle m'élevait, me nourrissait, m'habillait, et mettait en supplément gratis son corps à ma disposition: peu de mères, à l'écouter, poussaient aussi loin le dévouement. "Mets-toi dans la tête une fois pour toutes que je ne couche avec toi que pour t'éviter de mauvaises habitudes. Pas pour ton charme slave ! Nous-ne-sommes-pas-amants. Tu es mon fils.Rien d'autre".
Dans Le pornographe et ses modèles, Esparbec présente en quelque sorte au grand public son "premier roman". Pornographe le plus vendu de France, auteur d'une centaine de livres, il est connu depuis 20 ans pour des textes coquins, voire plus, ceux que l'on achète pour pas cher dans les gares et qu'on lit en cachette. Des livres sans vraies ambitions littéraires. Cette fois, il tente de "franchir l'invisible ligne de démarcation qui sépare un écrit pornographique d'un texte littéraire". "Un pornographe ne peut-il échapper à l'enfer du second rayon ou au cellophane des sex-shops pour entrer de plain-pied dans la bibliothèque de l'honnête homme qu'à la condition d'écrire des livres asexués?", se demande-t-il. Il s'agit de mémoires d'un "obsédé", de réglements de compte avec son passé de fils incestueux, son présent de pornographe à succès et, assure-t-il, d'amant "à problèmes". "C'est une pornobiographie", dit-il.