Erich Maria Remarque

Biographie Thomas De Quincey
Thomas De Quincey
De l'Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts

Éditions de La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0195-4
Prix : 5 euros
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"Il est tombé en octobre 1918, un jour où tout était si tranquille et calme sur le front que le rapport de l'état-major tenait en une phrase, "à l'Ouest, rien de nouveau": ainsi s'achève le best-seller mondial d'Erich Maria Remarque. L'écrivain allemand le plus lu au monde, porte-drapeau de la littérature pacifiste, aurait 100 ans cette année. L'occasion pour sa ville natale, Osnabrueck (nord), de lui rendre hommage par une série de manifestations et pour les milieux littéraires allemands, qui le regardaient jusqu'ici de haut (ce n'est ni Thomas Mann, ni Stephan Zweig), de le réhabiliter avec la publication de ses Oeuvres complètes et de deux biographies. A sa parution, en 1929, A l'Ouest, rien de nouveau s'impose d'emblée comme un succès sans précédent dans l'histoire de la littérature allemande. Jamais un auteur n'aura été autant identifié à un seul livre. Certains jours, il s'en vend 20.000 exemplaires. Huit imprimeries tournent à plein régime pour remplir les rayons des librairies. "De très nombreux livres de témoignages sur la Première Guerre mondiale avaient déjà été publiés, mais celui-ci est apparu aux yeux des soldats comme le plus authentique, le plus fidèle à la réalité", relève le professeur Tilman Westphalen, du Centre Remarque d'Osnabrueck, pour expliquer le succès phénoménal du roman. Depuis, ce récit froid et nu de l'horreur des tranchées et du non-sens de la guerre a été traduit en 58 langues et le tirage s'élève à plusieurs dizaines de millions de volumes. Ni idéologue, ni théoricien - il s'est dit "apolitique" - ni grand styliste, Erich Maria Remarque entretient à la parution du livre le mythe d'un récit factuel et spontané, rédigé au fil de la plume, en six semaines à peine et en dehors des heures de bureau (il est journaliste). Il s'agit en fait de son quatrième roman, long mûrissement des sept semaines qu'il a passées au front en 1917 avant d'être blessé par des éclats d'obus. Devant le succès du livre, Erich Maria Remarque garde la tête froide : "J'avais été propulsé à des sommets jamais atteints et ne pouvais à vrai dire qu'en redescendre", dira-t-il. Il en tirera aussi les conclusions qui s'imposent: "Je me retirais, ne croyais pas les bonnes critiques mais les mauvaises et travaillais". Un travail bien vite contrarié par la montée du nazisme. Entre les mains d'Hollywood et devant la caméra de Lewis Milestone, A l'ouest, rien de nouveau passe en 1930 du statut de bestseller à celui de film-culte. La première allemande a lieu à Berlin. Un certain Josef Goebbels et ses hommes de main du parti nazi interrompent la projection en dispersant des souris blanches dans la salle. Dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir, le film est interdit. Mais Remarque a pris les devants. Il s'est exilé en Suisse où les revenus plus que confortables du livre lui permettent de s'acheter une villa sur le Lac Majeur. Un peu plus tard, il émigrera aux Etats-Unis. Le 10 Mai 1933, ses livres sont brûlés dans un autodafé, place de l'Opéra, à Berlin. Puis, en 1938, un tribunal le déchoit de sa nationalité allemande. Motif : il a "traîné dans la boue" les soldats de la Grande guerre et présenté "une vision anti-germanique" de leurs faits d'armes. L'écrivain ne l'apprendra qu'au lendemain des hostilités, dans son exil américain: mais, sa soeur Elfriede, simple couturière, qui avait confié à une cliente qu'elle logerait volontiers une balle dans la tête d'Hitler, est dénoncée, condamnée à mort en 1943 et décapitée. Au même moment, dans son exil doré aux Etats-Unis, Remarque fait de sa vie un mélo hollywoodien. Ses liaisons avec Marlène Dietrich et Greta Garbo alimentent la chronique. En 1948, il se retire en Suisse avec Paulette Godard, divorcée de Charlie Chaplin. Erich Maria Remarque s'éteint à 72 ans, le 25 septembre 1970 à Locarno, sans avoir pardonné à l'Allemagne de l'après-guerre sa mansuétude à l'égard des anciens nazis. "Autant que je sache, constatait-il amèrement en 1966 à l'occasion de l'une de ses rares visites dans son pays natal, aucun meurtrier du IIIème Reich n'a été déchu de sa nationalité allemande".

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 22 juin 1998. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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