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La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré veulent vite faire oublier la polémique sur la croisière de luxe offerte par l'homme d'affaires au nouveau président de la République Française. Les deux amis que l'on ne saurait soupçonner ni de mensonge ni de corruption, tous deux managers new look d'une entreprise France enfin décomplexée devant l'argent, ont chacun de leur côté justifié ce petit cadeau méditerranéen avec des arguments imparables.

"Je n'ai pas l'intention de me cacher, je n'ai pas l'intention de mentir, je n'ai pas l'intention de m'excuser", a déclaré à Malte un Nicolas Sarkozy en tee-shirt aux initiales de la police new-yorkaise (NYPD), plus bronzé et berlusconien que jamais. Il a rappelé qu'il connaissait le milliardaire breton depuis vingt ans et a évacué les rares questions gênantes sur un éventuel conflit d'intérêt entre sa nouvelle fonction et les largesses à son égard de Vincent Bolloré en répliquant que ce dernier était "un grand industriel français qui n'a jamais travaillé avec l'Etat et fait honneur à l'économie française". Simple petite erreur de jeune Chef d'Etat. En réalité de nombreux et juteux contrats commerciaux portant sur plusieurs dizaines de millions d'euros ont déjà été conclus entre le groupe Bolloré -- ou ses filiales comme SDV logistique internationale -- et l'Etat français. Au cours des années 2005 et 2006, Bolloré a notamment remporté plusieurs marchés publics du ministère de l'Intérieur (où officiait Nicolas Sarkozy), du ministère des Affaires étrangères ou encore du ministère de la Défense, comme l'atteste les annonces publiées dans le Bulletin Officiel des Annonces des Marchés Publics (BOAMP) du 06.11.2006, du 13.03.2006 et du 26.09.2005. Par ailleurs, une filiale de Bolloré contrôle la Société Française de Production (SFP), ex-entreprise publique privatisée en 2001 et rachetée par l'homme d'affaires "au quinzième de sa valeur" selon la CGT de France 3. L'entreprise bénéficie régulièrement de commandes de l'Etat pour l'audiovisuel public. C'est par exemple dans un studio de la SFP qu'a été enregistré le débat de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.

Dans une déclaration publiée par Le Monde du 10 mai, Vincent Bolloré s'est dit pour sa part "honoré d'avoir reçu M. Sarkozy et sa famille après sa campagne et avant qu'il ne soit président", ajoutant qu'il s'agissait d'ailleurs "d'une tradition dans la famille Bolloré qui a eu l'occasion de recevoir Léon Blum plusieurs semaines dans son manoir à son retour de captivité, ou Mohammed V de retour de Madagascar avant qu'il ne devienne roi du Maroc". Seul petit problème, Léon Blum -- l'un des pères fondateurs de la gauche socialiste dont l'élu avec les voix de l'extrême-droite vichyste a revendiqué de façon indécente l'héritage tout au long de sa campagne -- n'a jamais été reçu par la famille Bolloré à son retour de Buchenwald. La famille de Léon Blum oppose un démenti formel à cette allégation. Dans un communiqué, Christine Blum indique que son oncle "n'a jamais eu aucun lien avec la famille Bolloré, ni avec la moindre famille du milieu des affaires". Elle précise que "À son retour de déportation, en mai 1945, Léon Blum a trouvé refuge auprès de Felix Gouin, président de l'Assemblée Consultative, qui siège au Palais du Luxembourg, en attendant de pouvoir habiter la maison de son épouse à Jouy-en-Josas où il finira ses jours, et qui est aujourd'hui le musée Léon Blum".

Deux simples petits mensonges sans importance pour justifier cette modeste escapade tellement méritée qui, selon les calculs de L'Association de Défense des Chômeurs et Précaires (APEIS), a coûté à l'ami désintéressé de Nicolas Sarkozy environ 200.000 euros, soit 17 années de salaires pour un smicard et 36 années de revenus pour un Rmiste.

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, jeudi 10 mai 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

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