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La République des Lettres

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0207-4
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
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Jean-Marie Le Pen

Jean-Marie Le Pen

Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, commentateurs et hommes politiques de tous bords se félicitent du recul de l'électorat de Jean-Marie Le Pen.

Le président du Front National n'a obtenu le 22 avril que 10,44 % des suffrages, soit environ 3,8 millions de voix, alors qu'il en espérait au moins le double et se voyait déjà au second tour, porté par la vague d'un "tsunami" électoral. C'est son plus mauvais score à une élection présidentielle depuis 1974, où il avait obtenu 191.000 voix, soit 0,75 % des votes exprimés, et c'est sa première baisse depuis 1988. Cette année-là il avait obtenu au premier tour 14,4 % des suffrages exprimés, puis 15 % en 1995 et 16,8 % en 2002 (4,8 millions de voix). Il retombe aujourd'hui à son niveau des élections européennes de 1984 (10,44 %) qui marquèrent le début de son ascension politique.

Les éditorialistes de la presse française et internationale saluent cette "bonne surprise" -- la plupart des sondages créditaient Jean-Marie Le Pen de 12 à 16% d'intentions de vote -- et attribuent à "l'habile" Nicolas Sarkozy les honneurs d'une stratégie de confinement qui aurait ramené les brebis égarées du Front National au sein des valeurs républicaines. Un quotidien va même jusqu'à titrer que "Le Pen a enfin trouvé son maître".

Pour nombre d'analystes, l'âge avancé du capitaine (79 ans), l'assagissement du FN sous l'impulsion de Marine Le Pen et le réflexe du vote utile qui a joué aussi bien à l'extrême-droite qu'à l'extrême-gauche, expliquent cette "claque" électorale qui sonne le glas de la vie politique de Jean-Marie le Pen.

L'analyse reste toutefois un peu courte en faisant semblant d'ignorer que sur le terrain ce sont précisément les idées les plus extrêmistes et les plus nauséabondes instillées en France depuis trois décennies par Jean-Marie le Pen qui font aujourd'hui le succès de Nicolas Sarkozy. Si le candidat de la droite décomplexée atteint un score de plus de 31 % lors de ce premier tour, c'est en grande partie parce que les quelque 10 % de sympathisants frontistes qui manquent à Le Pen ont été séduits par ses propositions de campagne.

Tout ce qui constitue le fonds de commerce du Front National: Nationalisme, Néo-Racisme, Ordre sécuritaire et même les relents néo-nazis (voire par exemple la question de l'eugénisme), est aujourd'hui tout simplement intégré plus ou moins ouvertement dans le programme de Nicolas Sarkozy, porté au pouvoir par une alliance objective entre cet électorat de la droite extrême -- auquel il faut aussi ajouter les 2,2 % d'adeptes des thèses souverainistes et islamophobes de Philippe de Villiers -- et la droite dite démocratique et républicaine de l'UMP.

Jean-marie Le Pen a prévu d'annoncer sa position pour le second tour mardi 1er mai, devant la statue de Jeanne d'Arc, lors du traditionnel défilé du FN à Paris. Il est probable qu'il n'appellera pas à choisir "entre la peste et le choléra", selon les termes qu'il utilise habituellement, préférerant plus probablement appeler ses électeurs à l'abstention ou au vote blanc, mais le vieux chef a perdu son autorité en même temps que ses sympathisants. Il n'est plus propriétaire de leurs voix.

Même si quelques militants FN ne voteront pas pour Nicolas Sarkozy par manque de confiance en lui ou parce qu'ils sont opposés à sa politique étrangère (Israël, les Etats-Unis, l'Irak, l'Iran,..), la majorité a elle désormais choisi son nouveau chef, plus jeune, plus dynamique et surtout en position, lui, d'accèder à la magistrature suprême. Ces militants de la haine et du rejet de l'autre ne choisissent pas ce candidat présentable parce qu'ils rentrent dans le bercail d'une démocratie française apaisée mais bien parce qu'ils savent que ce peut-être futur chef de l'Etat partage leurs "idées". Ce pseudo-démocrate avide de pouvoir peut basculer d'un jour à l'autre du côté d'une politique plus ou moins fasciste où ils pourraient jouer enfin le premier rôle.

A l'évidence, sur le plan des valeurs -- et quelles valeurs ! -- le virage à droite toute de la société française est bien entamé. Horrifiée le 21 avril 2002 de voir Jean-Marie le Pen qualifié pour le second tour, la France vient d'y amener aujourd'hui, sans même s'en rendre compte, son clone rajeuni. Il y a peu on appelait encore celà la lepénisation des esprits. Force est de constater que celle-ci risque bien d'atteindre son apogée le 6 mai prochain en portant Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.

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Résultats définitifs du premier tour de l'élection présidentielle du 22 avril 2007:

Nicolas Sarkozy : 31,18 %; Ségolène Royal : 25,87 %; François Bayrou : 18,57 %; Jean-Marie Le Pen : 10,44 %; Olivier Besancenot : 4,08 %; Philippe de Villiers : 2,23 %; Marie-George Buffet : 1,93 %; Dominique Voynet : 1,57 %; Arlette Laguiller, 1,33 %; José Bové, 1,33 %; Frédéric Nihous : 1,15 %; Gérard Schivardi : 0,34 %.

Copyright © Hortense Paillard / , Paris, lundi 23 avril 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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