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La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

L'alliance contre nature entre Simone Veil et Nicolas Sarkozy n'aura pas fait long feu. La semaine même où la présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah annonçait son ralliement au candidat UMP, ce dernier n'hésitait pas à draguer les électeurs d'extrême-droite en leur proposant de créer un "ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale" s'il est élu. Pressée de dire -- notamment par François Bayrou -- si elle était prête à apporter sa caution à un tel projet, Simone Veil vient de répondre dans un entretien accordée à l'hebdomadaire Marianne. Elle n'a "pas du tout aimé cette formule très ambigüe. J'aurais préféré parler d'un ministère de l'immigration et de l'intégration", dit-elle, ajoutant qu'elle n'a pas encore eu l'occasion de faire part de son désaccord à Nicolas Sarkozy, celui-ci étant "très difficile à joindre en ce moment". Elle explique en outre qu'elle ne fera pas une "campagne suractive" en faveur du ministre de l'intérieur car elle n'en a "pas le temps", même si elle continue pour l'instant de le considérer comme "le plus qualifié" pour l'Elysée malgré des désaccords "avec certaines de ses positions ou de ses attitudes". Elle avait en effet déjà jugé très maladroit qu'il emploie les mots de "racaille" et de "Karcher" pour stigmatiser les jeunes des banlieues.

Concernant le candidat UDF, Simone Veil estime qu'il n'a pas "la carrure d'un président" et que "le centre, ce n'est pas François Bayrou, c'est Pierre Méhaignerie et tous les centristes qui ont rejoint l'UMP". Quant à Ségolène Royal, l'ancienne ministre de Valéry Giscard d'Estaing dit admirer "sa force et son courage de s'être engagée dans ce combat".

Interrogé par la presse sur cette critique ouverte de Simone Veil à son égard, Nicolas Sarkozy a hypocritement botté en touche, estimant que "chacun a le droit d'avoir sa propre opinion" et que "les deux tiers des Français pensent que j'ai eu raison de parler de l'identité nationale", oubliant simplement de constater que ce qui alimente la controverse sur son projet de ministère spécial, ce n'est pas de parler d'identité nationale mais de lier ce terme à celui d'immigration, opposant ainsi dans le plus pur style lepéniste, voire pétainiste, les français de souche aux immigrés.

A ce sujet, une centaine d'universitaires -- historiens, politologues, sociologues, etc... -- viennent de lancer une pétition pour tenter de "mettre un frein à la dérive" que constitue ce genre de débats. Ils estiment qu'une "campagne présidentielle ne doit pas se jouer sur de prétendues oppositions entre immigration et identité nationale". Pour eux, "Plus que toute autre société, la société française s'est construite à travers les immigrations, comme un creuset intégrant la pluralité, s'enrichissant d'elle. Son histoire est indissociable également de cinq siècles de colonisation, des conflits mais aussi des liens noués entre Nord et Sud. L'affaire Dreyfus, Vichy montrent que chaque fois que l'on a prétendu poser les problèmes sociaux en fonction de l'obsession de la pureté des origines, cela a abouti à de graves crises, à un recul de la démocratie." Parmi les premiers signataires figurent entre autres Evelyne Pisier, Esther Benbassa, Michelle Perrot, Jean-Pierre Chrétien, Claude Liauzu, Henry Rousso, Françoise Gaspard, Daniel Roche, Serge Wolikow, Hervé Lebras, Olivier Duhamel ou encore Emmanuel Terray.

Autre personnalité à s'opposer au projet néo-raciste de Nicolas Sarkozy, Azouz Begag, ministre délégué de la Promotion à l'Egalité des chances dans l'actuel gouvernement de Dominique de Villepin. Il a officiellement annoncé vendredi 16 mars qu'il se ralliait à la candidature de François Bayrou et a vivement critiqué "l'amalgame indécent" que représente pour lui un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. "On ne compose pas avec les extrémistes quand on est républicain, on reste dans le cadre des valeurs chères à notre pays, la fraternité et l'unité française", dit-il, ajoutant qu'il en a "marre qu'on prenne depuis 25 ans les immigrés pour des boucs émissaires à chaque fois qu'il y a des élections". Pour la petite histoire, il explique aussi que cela fait 18 mois qu'il "subit les foudres du ministre de l'intérieur". Celui-ci ne lui parle plus car il a osé dire en novembre 2005 qu'il n'était pas d'accord avec l'emploi de mots tels que racaille et Kärcher.

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, samedi 17 mars 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

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