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La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

Dans un discours officiellement consacré à la culture tenu mardi 13 mars à Besançon (Doubs), Nicolas Sarkozy, candidat notoirement inculte à la présidentielle, s'est de nouveau répandu en propos nationalistes à forts accents lepénistes. Multipliant les références à plusieurs auteurs qu'il n'a sans doute jamais lu tant leur oeuvre est radicalement à l'opposé de ses discours démagogiques, le candidat masqué de la nouvelle droite extrême n'a pas hésité à détourner les oeuvres d'André Malraux, Jean Jaurès ou encore Victor Hugo pour défendre ce qui semble constituer le thème central de sa campagne électorale: le nationalisme réactionnaire et le rejet de l'étranger. Dans une ode à la France éternelle toute inspirée des discours tenus chaque année par le Front National devant la statue de Jeanne d'Arc, le ministre de l'intérieur, accompagné du fade ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, s'est surtout attaqué à "une petite intelligentsia [qui] considère qu'on n'a pas le droit de parler d'identité nationale". Venu "parler de la culture au sens le plus large du terme", il a ouvert son discours par la défense de sa proposition de création d'un très raciste "ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale" attaquée de tous bords, notamment par Ségolène Royal qui la juge "ignoble" et par François Bayrou qui estime qu'on ne doit pas tout mélanger, sans parler de Jacques Chirac lui-même qui vient de mettre en garde contre la tentation de composer avec l'extrémisme à des fins électoralistes.

"A l'origine de la crise de l'identité nationale, il y a le renoncement culturel", a affirmé Nicolas Sarkozy devant quelque 8.000 militants UMP qui se sont déchaînés lorsqu'il a invoqué "la France des croisades et des cathédrales", "la culture des artisans" ou la "force créatrice du capitalisme [qui] ne peut pas survivre sans un certain nombre de valeurs spirituelles". "Il nous faut retrouver cette foi dans l'avenir, cette foi dans les capacités humaines et dans le génie français", a-t-il martelé. Citant le contre-révolutionnaire Rivarol -- auteur en 1784 d'un Discours sur l'universalité de la langue française et accessoirement figure tutélaire des intellectuels d'extrême-droite -- le candidat UMP s'est posé en défenseur d'une "langue française" qui serait selon lui "la langue humaine". Il a toutefois omis de prononcer la partie de son discours où il indiquait s'opposer à la Charte des langues régionales. "Je ne veux pas que, demain, un juge européen décide qu'une langue régionale doit être considérée comme langue de la République au même titre que le français", avait-il prévu de dire, selon le texte original du discours distribué à la presse. Du haut de ses 1,58 m, le prétendant à la magistrature suprême a ensuite posé ses sabots cultureux dans le sillage d'André Malraux en proposant la création d'un réseau de "maisons des créateurs", à l'instar de celui des "maisons de la culture" initié par le ministre de la culture de Charles de Gaulle. Puis, revenant vite à son discours réactionnaire, il a terminé son ode à la "culture française" en dénonçant "l'héritage de mai 68" et en se faisant le chantre d'un retour, dès l'école, aux "valeurs d'effort, de travail, d'autorité et d'exigence culturelle". Les électeurs du Front National (FN) de Jean-Marie le Pen et du Mouvement Pour la France (MPF) de Philippe de Villiers n'en attendaient pas moins.

La veille, Ségolène Royal, qui s'exprimait à Paris devant une salle remplie de personnalités des milieux culturels et artistiques (Jeanne Moreau, Emmanuelle Béart, Charles Berling, Denis Podalydès, Jean-Michel Ribes, Patrice Chéreau, Jean-Pierre Azéma, Benjamin Stora, Dominique Besnehard, Marianne James,...), a assuré elle qu'elle voulait "rendre à la culture sa place éminente, centrale, dans la construction de l'identité nationale", citant pour sa part Jules Ferry. Ce que ce père fondateur de l'Instruction publique et laïque française "a réalisé pour le calcul et la lecture, nous avons le devoir de le faire aujourd'hui pour l'accès à la culture", a déclaré la candidate du Parti Socialiste.

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, mercredi 14 mars 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

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